La culture "sacrifiée pour des illuminations de Noël" à Saint-Ghislain: le coup de gueule d'une citoyenne face aux choix de la ville

Une partie de la bibliothèque La Rollandine a été réquisitionnée pour l'installation du projecteur.

Emeline Berlier
L'une des salles de la bibliothèque a été condamnée pour permettre l'installation d'un projecteur.
L'une des salles de la bibliothèque a été condamnée pour permettre l'installation d'un projecteur. ©D.R.

“Ma commune a cadenassé nos histoires du soir, ma commune privilégie les illuminations de Noël à la culture. ” Voici le message relayé par Camille Debève. Cette Saint-Ghislainoise s’est en effet étonnée de se retrouver face à une porte fermée alors qu’elle souhaitait emprunter des livres pour enfants au sein de la bibliothèque La Rollandine. La salle d’animation de cette dernière a en fait été réquisitionnée pour l’installation du matériel de projection permettant des animations de mapping sur la façade de trois bâtiments communaux.

“La commune a choisi d’en mettre plein la vue plutôt que d’instruire ses citoyens. En plus des jeunes qui fréquentent le lieu, ce sont 19 classes d’enfants qui ont vu leur activité lecture annulée.” Installée dans la Cité de l’Ourse depuis cinq ans, la jeune maman fréquente la bibliothèque depuis autant d’années. “J’y vais tous les mois pour faire un important réassort de livres. Ils sont essentiels au bien-être, à l’éducation, à l’épanouissement de mon fils de cinq ans. Nous lisons plusieurs livres chaque jour.”

En cette période de fin d’année cependant, la pièce abritant les ouvrages pour les jeunes enfants était inaccessible. “J’ai demandé des informations au personnel. On m’a expliqué qu’un beau matin, la pièce avait été réquisitionnée sans qu’il ne soit prévenu, sans qu’il n’y ait eu de concertation. Au-delà des questions que cela pose en matière énergétique, à l’heure où l’on se demande comment continuer à chauffer nos maisons, il y a un manque de respect du personnel de cette bibliothèque, visiblement mis devant le fait accompli.”

Camille Debève a malgré tout pu emprunter plusieurs livres lors de sa dernière visite à la bibliothèque. “Le personnel est parvenu à sortir quelques ouvrages et à les mettre temporairement en stockage dans une salle principalement utilisée par les étudiants en recherche de calme. Mais ce n’est pas une solution acceptable. Tout le monde y perd. Je peux entendre que les illuminations de Noël ont vocation à apporter un peu de joie mais fallait-il faire les choses de cette façon ? Fallait-il sacrifier la culture ?"

Une position qui surprend, du côté du Syndicat d’Initiative, à la manœuvre pour ce mapping de fin d’année. “Je pense qu’il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau”, estime François Roosens, président. “D’une part, parce que nous sommes en période de fin d’année et que de nombreux enfants sont en préparation des examens. Il s’agit d’une période creuse, les temps de lecture pour le divertissement étant réduits.”

Et de poursuivre : “D’autre part, parce que nous estimons qu’en cette période de fin d’année, la magie de Noël doit être bien présente, que notre mission est aussi d’apporter un peu de joie et de réconfort à nos citoyens. La culture, ce n’est pas que la lecture. C’est aussi le partage, la rencontre, l’ouverture aux autres,… La ville propose de la culture, sous toutes ses formes, 365 jours par an. Elle prend simplement différentes formes.”

Le président rappelle encore qu’un conte de Noël sera proposé en mapping à deux reprises le dimanche soir. “Grâce à une collaboration avec le foyer culturel, des expositions et animations culturelles sont aussi proposées en parallèle du marché. Les livres à proprement dit peuvent quant à eux, heureusement, toujours être empruntés et lus ailleurs : en classe, chez soi,…” On rappellera encore que la salle de la bibliothèque était, stratégiquement, la seule à offrir une vue sur les trois bâtiments éclairés et concernés par le mapping, selon le syndicat d’initiative.

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