Sirault: l'ancienne chapelle deviendra-t-elle une salle des fêtes?

Le propriétaire d'une ancienne chapelle souhaite convertir le bâtiment en salle des fêtes, pour y célébrer tout type d'événement. Les riverains s'y opposent: ils se souviennent du calvaire que leur faisaient subir les discothèques successives installées dans ce lieu.

Ugo Petropoulos
Sirault: l'ancienne chapelle deviendra-t-elle une salle des fêtes?
Chapelle Sirault ©Ugo PETROPOULOS

Fêter un mariage, une communion...dans une chapelle reconvertie en salle de banquet, ça peut être une idée sympa. Surtout si elle se situe dans un endroit vert, au calme, pas trop loin d'un axe routier accessible aux invités. C'est ce qu'a dû se direle promoteur tertrois Gallée, propriétaire d'une chapelle désacralisée dans les années 60, et qu'il compte reconvertir en salle des fêtes. Un permis a été introduit en ce sens à la commune de Saint-Ghislain.

Chouette idée? Ce n'est certainement pas l'avis des riverains de la rue du Longfaulx à Sirault, où se situe le bâtiment. Ils sont vent debout contre ce projet. Car pour ce qui est des fêtes, ces derniers ont déjà donné. Après sa désacralisation, la chapelle a été utilisée comme collège, puis exploitée comme discothèque sous divers noms: Church, Holy Ghost, Majestic, Kryptic...L'activité a duré jusqu'à la fin des années nonante où la discothèque ferme boutique, sans aucun regret pour les riverains qui en subissaient les nuisances:bruit, bagarres, voitures garées n'importe où, drogue...

Depuis, "divers projet comme un lotissement de 60 habitations, un karting ont été évoqués mais n'ont jamais abouti. En 2005, un nouveau projet de discothèque revient sur la table, cependant l'absence de demande de permis et l'opposition des riverains (...) ont permis de faire capoter le projet", se souvient Jean-Christophe Lecomte, riverain.

Le retour d'un dancing derrière la salle des fêtes?

Mais 12 ans plus tard, le projet de refaire la fête à la chapelle revient sous cette forme de salle des fêteset une demande de permis unique est déposée. Durant une première enquête publique, les riverains se sont manifestés via une opération appelée "Quartier à vendre":des affichettes dénonçant le projet ont fleurisur les façades des quelques riverains.Au vu des horaires d’activité (tous les jours de 19h à 6h) et de la capacité du projet de parking (106 voitures),les habitants ont vu revenir le spectre de la discothèque...

La Région wallonne avait également rendu un avis négatif concernant cette demande de permis. Elle épinglait notamment la proximité d'habitations,l’absence de zone tampon entre ces habitations et le parking projeté, les horaires d'activitéqui semblent plus viser une activité de type dancing que de salle des fêtes...

A cela se rajoutent des problèmes de mobilité: la rue du Longfaulx, qui permet d'accéder au lieu, est une voie de trois mètres de large en cul-de-sac, bordée d'un fossé et d'un talus. "Par le passé cette voirie qui était utilisée comme accès à la discothèque a été à plusieurs reprises bloquée par des voitures garées en bordure empêchant l'intervention des service de secours, on ne comptait plus les voitures tombées dans le fossé", poursuit Jean-Christophe Lecomte.

Une deuxième enquête

Sur base des différents avis, le Collège communal de Saint-Ghislain a estimé qu’il n’était pas en mesure de décider. Une seconde enquête publique a été diligentée, suite à des demandes de modifications et de compléments de la part du Collège. "Nous avons demandé une modification de la plage horaire d’ouverture du lieu, une étude sur le bruit et une portant sur la mobilité", indique Séverine Demarez, échevine en charge de l’aménagement du territoire.

Sirault: l'ancienne chapelle deviendra-t-elle une salle des fêtes?

Ladeuxième enquête publiques’est terminée la semaine dernière. Mais les riverains ne désarment pas: la seule modification visible de la part du promoteur était les horaires d'ouverture de la salle: 10h à 4h du matin le week-end et de 10h à 1h en semaine.

Ca ne change pas grand-chose pour eux et ils ne se sont pas privés de s’exprimer. 28 requêtes on été enregistrées.Les enfants ont aussi été envoyés au front: ils sont une dizaine à avoir répondu à l’enquête publique. Des citoyens actifs précoces. De quoi attendrir ou agacer le Collège?

"Je peux comprendre l’inquiétude"

Du côté de la commune de Saint-Ghislain, il n’est pas encore l’heure de trancher. A la suite de cette deuxième enquête publique, le dossier contenant l’ensemble des remarques vis-à-vis du projet sera envoyé à la Région wallonne qui devra émettre un avis. Quand? On n'en sait rien, ce dernier peut se faire attendre.

Une fois l’avis rendu, le Collège aura alors 20 jours pour se prononcer sur base de celui-ci et des différents avis sollicités au cours de la procédure, et suivant les potentielles solutions proposées par le demandeur pour résoudre les problèmes soulevés.

En attendant, les riverains vivront une période d’incertitude. Voisins qui semblent quelque peu marqués par la période discothèque de l’ancienne chapelle. "Je peux tout à fait comprendre l’inquiétude des riverains étant donné l’historique de la discothèque", indique Séverine Demarez, qui a vécu pas si loin du lieu durant ses "glorieuses"années. Mais pour la commune, pas question de s’avancer sur l’octroi ou non d’un permis avant la fin de la procédure.

Quant au promoteur, il entend valoriser son bâtiment: à l'état de presque ruine il y a 5 ans, l'enveloppe extérieure de l'ancienne chapelle a été entièrement rénovée.

Sirault: l'ancienne chapelle deviendra-t-elle une salle des fêtes?

Pas contre tout projet

Si les riverains de la rue Longfaulx s’opposent à la salle des fêtes, ils disent comprendre néanmoins que le propriétaire de la chapelle veuille rentabiliser cette zone et ne s'opposent pas par principe à tout projet. "Cependant, il est nécessaire de réaliser un projet compatible avec son environnement. Pour y arriver, il faut faire pression sur la commune pour que celle-ci tienne ces engagements de 2006, à savoir la réalisation d'un Plan communal d'aménagement qui rencontrera à la fois les objectifs du propriétaire, des riverains et de la commune", note Jean-Christophe Lecomte.

Dans cette optique, l'avocat des riverainsinterpellera la commune par rapport à ce plan communal d'aménagement. "Il y a eu un malentendu à l’époque", admet Séverine Demarez. "La commune avait suggéré de modifier l’aménagement de la parcelle. Mais elle appartient à un privé qui a la mainmise sur cette parcelle. Si le propriétaire n’est pas demandeur d’une réaffectation, on peut difficilement le forcer à initier la révision de cette parcelle."

"Ce que le propriétaire demande est en conformité avec le plan de secteur (NDLR: qui classe la zone comme étant de loisir)" rappelle l'échevine. Ce que reconnaissent les riverains, mais ils déplorentque l'on ne tienne pas suffisamment compte de l'environnement existant. Une zone Natura 2000 est toute proche de l'ancienne chapelle, les activités environnantes(un centre de méditation, un manège et un golf)sont des activités"qui visent la quiétude et l'épanouissement en milieu naturel" rappellent-ils.

Mais pour mettre hors-la-loi le projet de salle des fêtes, il faudrait modifier le plan de secteur. Une longue et lourde procédure.

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