Un bond de quarante ans dans le temps

Vincent Logeot a vécu son enfance à Hautrage, un petit village du Borinage. Dans son spectacle, il raconte sa jeunesse à partir de ses souvenirs.

Avant de nous parler du spectacle, pouvez-vous décrire en quelques mots votre parcours ?

J’ai suivi une formation de comédien/metteur en scène au Conservatoire de Mons. J’ai travaillé longtemps dans le milieu du handicap, notamment neuf ans à la tête du « Théâtre Plantin » à Neufvilles.

Grâce à ce rôle, vous avez pu participer à la belle aventure du film le « Huitième jour »…

Exactement, la moitié des acteurs du film venaient du Plantin. C’était une extraordinaire expérience sur le tournage. On a prouvé que les personnes handicapées pouvaient assurer dans un film. Ensuite, ils ont vécu un souvenir impérissable: monter les marches du Festival de Cannes.

Vous arrivez ensuite à la tête du Foyer culturel de Saint-Ghislain. Un rôle totalement différent ?

Après près de 15 ans dans ce milieu, j’ai eu envie de me recentrer sur un travail culturel plus général. Ce qui m’a plu dans le travail de directeur est l’idée de pouvoir mener des projets de bout en bout, de dynamiser un centre culturel par ses idées. J’avais côtoyé les foyers dans ma carrière et j’étais convaincu de l’importance d’y travailler.

Malgré tout, l’envie de retrouver la scène vous a rattrapé.

Au départ, je m’étais fixé deux ans avant de revenir sur les planches. Finalement, il m’en a fallu cinq parce que j’ai préféré privilégier l’aspect familial.

Comment en êtes-vous arrivé au projet de monter un spectacle sur votre enfance ?

Les différents centres culturels locaux avaient décidé de lancer un projet sur le patrimoine local et le travail de la mémoire régional. Comme j’avais plein de souvenirs de ma jeunesse à Hautrage, un petit village borain, je me suis lancé dans l’écriture d’une pièce.

Qu’allez-vous concrètement raconter ?

Des bouts de mémoire du gamin de huit ans que j’étais, les anecdotes qui m’ont marqué. Vous savez ma rue était un lieu spécial. Comme c’était un cul-de-sac, on vivait dans une sorte de huis-clos où chacun se connaissait. Je vais faire vivre des personnages qui ont marqué ma jeunesse.

Est-ce que tous ont existé ?

Tous sauf un “ invité surprise ”. Je voulais vraiment en parler car il fait partie de la tradition. Maintenant, chaque personnage n’est pas totalement réel car il est le fruit d’un souvenir et de la vision d’un gamin. À huit ans, on ne voit pas les événements comme à cinquante. Des détails qui me paraissaient normaux à l’époque me choquent maintenant. Par exemple, au bout de ma rue, deux réfugiés politiques vivaient dans une sorte de taudis dans un petit sentier. À l’époque, je n’étais pas surpris, cela faisait partie du quotidien. Maintenant, je me demande comment il était possible de vivre dans des conditions aussi pitoyables…

On ressent une certaine forme de nostalgie dans vos propos…

Bien sûr ! En me remémorant ma jeunesse, j’ai remarqué qu’on avait une certaine forme d’insouciance. Mes parents me laissaient partir en vélo et j’allais où je voulais. Aujourd’hui, je ne laisserai plus à l’un de mes quatre enfants autant de liberté. Maintenant, tout le spectacle ne sera pas sur fond triste, je traite les sujets avec beaucoup d’humour. En fait, les gens passeront un peu par tous les sentiments, comme moi je l’ai vécu tout au long de l’écriture.

Dans ce type d’ouvrage, est-ce possible de ne pas évoquer les charbonnages ?

Non, car j’ai passé toute ma jeunesse sur les traces de cette industrie. Elle représente une grosse partie du patrimoine. Alors que dans ma jeunesse, les mines étaient quasi toutes fermées, j’ai connu un ancien mineur italien qui souffrait de la silicose. Il est important d’en parler car ceux qui ont vraiment vécu la belle époque du charbon ne seront bientôt plus là pour témoigner.¦

Infos: « Chroniques de ma rue », de et par Vincent Logeot – Mise en scène par Eddy Mathieu. 23février à 20 h – Durée: 60 min – Prix: Étudiants – 6€ Adultes – 8€ – Article 27 – 1,25€ Réservations au 056 80 35 15 Foyer culturel de Saint-Ghislain, Grand place 37

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