L’Étoile de Bonté, à Quaregnon, toujours saturée : les abandons sont de plus en plus nombreux

À peine libérées, les cages sont occupées.

Emeline Berlier
ETOILE DE BONTE A QUAREGNON
À peine libérées, les cages sont réoccupées. ©AVPRESS

Cette mauvaise période n'est désormais plus qu'un mauvais souvenir pour les équipes de L'Ètoile de Bonté : il y a quelques jours encore, celles-ci travaillaient d'arrache-pied pour permettre un retour à la normale alors qu'une épidémie de giardiose - une maladie parasitaire très contagieuse, localisée au niveau des intestins - touchait une bonne partie des animaux.

"Tout cela est effectivement derrière nous", confirme Philippe Lengellé, responsable du refuge. Au-delà de la maladie, les équipes ont dû composer avec des adoptions temporairement suspendues, et donc des cages qui ne se vident pas. Une réalité à laquelle elles sont cependant habituées. "Elles sont en effet restées pleines. Mais épidémie ou non, la différence est mince. Dès qu'une cage est libérée, elle est aussitôt occupée."

Les abandons, notamment se multiplient. “On accueille énormément d’american staff. Ils n’ont pas la cote auprès des adoptants, qui ne connaissent pas la race et estiment qu’il s’agit de chiens méchants. La réalité, c’est ce que ce sont souvent des amours. Tout est question d’éducation. Il ne faut pas laisser le chien prendre la position du dominant. Toujours est-il que ce sont des chiens qui, une fois chez nous, sont condamnés à y rester un long moment.”

De même, le refuge accueille en ce moment une portée de jeunes bergers malinois. “Eux aussi ont la réputation d’être des chiens agressifs. Ils sont jeunes et adorables mais tout reste à faire. S’ils reçoivent une bonne éducation, tout ira bien ! Le problème, c’est lorsqu’ils tombent entre les mains de propriétaires qui font n’importe quoi.” Avec autant de chiens de grand gabarit hébergés, le refuge ne désemplit pas.

”Au-delà des abandons purs et simples, il y a les chiens trouvés. C’est difficile car on ne peut pas laisser ces animaux livrés à eux-mêmes mais dans le même temps, nous ne sommes pas dupes. Certains chiens sont réellement trouvés. D’autres sont simplement abandonnés. Et comme ils ne sont pas pucés (malgré une obligation légale, NdlR), il est compliqué de prouver quoi que ce soit.”

Le responsable du refuge plaide d’ailleurs pour des contrôles renforcés, avec une déclaration d’adoption et de propriété à la commune et une vérification du respect de la législation par les agents de quartier. “Les maîtres seraient retrouvés plus aisément et mis devant leurs responsabilités. Les refuges seraient un peu moins saturés !” De là à dire que la solution est toute trouvée et que la législation évoluera encore prochainement, il n’y a qu’un pas… Que nous ne franchirons pas.


Le cas d’Oscar reste en suspens.

Berger malinois dressé par son propriétaire pour défendre des caches de stupéfiants, Oscar est toujours au refuge. Âgé de quatre ans, il aura passé la moitié de sa vie à Quaregnon, derrière les grilles de l’Étoile de Bonté. Et sa situation ne semble pas près d’être débloquée. “Je me battrai pour lui, coûte que coûte”, promet Philippe Lengellé. “C’est tout simplement scandaleux. Personne ne prend de décision. J’ai tout tenté pour savoir quoi faire mais le monde judiciaire ne se prononce pas.”

Oscar a pourtant fait l’objet d’une saisie judiciaire. “Que l’on ne vienne certainement pas me dire qu’il sera euthanasié. Ce sera un refus catégorique. Lorsqu’il est arrivé, je n’aurais pas osé passer un centimètre de mon doigt dans sa cage. Il avait été éduqué pour défendre quelque chose et attaquer au besoin. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le même chien ! Nous sommes conscients qu’il ne pourra être replacé en famille mais le laisser chez nous, cela s’apparente à de la maltraitance animale.”

Le responsable du refuge ne désespère pas, malgré tout. “Il a bien évolué, il recommence à devenir sociable. J’espère qu’à un moment, quelqu’un prendra le dossier à bras-le-corps et tranchera. Oscar ne peut pas rester dans cette situation. Ou il finira par mourir chez nous, dans une cage. On ne peut pas accepter cela !”

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