Quaregnon : une stèle pour rendre hommage aux victimes de féminicide
Une liste de 100 noms y figure.
- Publié le 17-02-2023 à 15h04
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C’est une stèle que personne ne souhaiterait avoir à installer. Et pourtant. Le 9 mars prochain à 18 heures, une stèle à la mémoire des femmes victimes de féminicides sera inaugurée à Quaregnon, sur la place Nicolas Jenart. Le projet s’inscrit dans le cadre du festival “Guerrières” qui se poursuivra jusqu’au 19 mars et qui met en lumière 10 femmes ou personnes qui se revendiquent comme telles qui prennent à bras-le-corps des questions essentielles comme l’équité, la transition de genre, l’estime de soi, la représentativité, la diversité et les privilèges.
“Cette stèle, qui marque à présent de manière indélébile notre territoire communal, symbolise incontestablement la matérialisation du travail de terrain mené depuis de nombreuses années par nos services sociaux, et singulièrement par les professionnels du plan stratégique de sécurité et de prévention, en matière de lutte contre les violences intrafamiliales”, souligne Damien Jenart (PS), bourgmestre de Quaregnon.
“Elle s’érige avant tout, telle une lueur d’espoir, non seulement à la mémoire des femmes victimes de féminicide, mais également comme un rappel inconditionnel à ne pas baisser les armes face aux violences dont elles sont les premières victimes.” Derrière cette œuvre – la deuxième du genre en Belgique, la première ayant été inaugurée à Tournai en septembre 2021 – se cache la Compagnie de la Bête Noire.
L’idée de ces constructions a germé en pleine crise de Covid-19, alors que le gouvernement avait contraint théâtres et centres culturels à fermer leurs portes et que la tournée du spectacle Cinglée (pièce de théâtre questionnant le féminicide en Belgique), avait, comme tant d’autres, été annulée. “Nous apprenions par ailleurs que le confinement favorisait et augmentait les violences conjugales et intrafamiliales. Nous nous sommes alors demandé comment continuer à nous emparer de l’espace public pour nommer ces violences et les sortir du silence ? ”, explique la compagnie.
Une deuxième stèle... Et d'autres en projet
“C’est ainsi que s’est forgée l’idée de construire une vraie stèle, en écho à celle qui apparaissait dans la scénographie du spectacle Cinglée, sur laquelle figureraient cent noms de femmes victimes de féminicide en Belgique. Une idée un peu folle, que nous avons partagée avec celles et ceux qui pouvaient œuvrer avec nous à la rendre possible, et qui l’est devenue, grâce à de nombreux partenaires qui ont emboîté le pas, dont la Ville de Tournai, la Maison de la Culture de Tournai et la Commission des Cimetières.”
À Quaregnon, l’administration a emboîté le pas avec le soutien de la Maison Culturelle et le réseau VIF Borain. “Nous espérons qu’un jour, il n’y ait plus de stèle à construire. En attendant que cette espérance devienne réalité, nous continuons notre travail de mémoire et pensons qu’une troisième stèle pourrait être construite dans l’une des 19 communes bruxelloises, et une quatrième en Flandres. Nous cherchons les partenaires de ces communes qui s’engageront avec nous à poursuivre cette œuvre de mémoire comme de visibilité rendue à ce crime trop ordinaire.”
Une liste infinie de noms
100 noms ont été inscrits sur la stèle. “Cette liste est forcément incomplète puisqu’il n’existe pas de recensement officiel des victimes : toutes les victimes n’ont pas “droit” à un article dans la presse et parmi les articles rédigés, il arrive régulièrement que les noms des victimes ne soient pas mentionnés, ou pas totalement.” La stèle se compose de deux parties : une partie présente et une partie manquante, reflet de l’incomplétude de la liste. “Nous avons fait ce choix pour mettre en évidence qu’il s’agit d’une liste incomplète et, pour le moment, sans fin." En 2022, autorités et associations dressaient le constat des violences faites aux femmes en Belgique et dévoilaient des chiffres effrayants… Partie visible de l’iceberg compte tenu du manque de données.
Selon l’association Stop Féminicide, au moins 20 féminicides ont été répertoriés en Belgique en 2022. En 2021, ce chiffre était de 22, un résultat en baisse en comparaison avec les années précédentes (43 féminicides en 2017).