L’Étoile de Bonté à nouveau saturée : “quand un chien est adopté, sa cage est aussi vite occupée”
Le refuge quaregnonnais fait face à des abandons bien plus nombreux que les adoptions.
- Publié le 10-02-2023 à 15h08
- Mis à jour le 10-02-2023 à 17h49
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La situation de L’Étoile de Bonté n’est pas isolée. Mais elle tend à être de plus en plus fréquente, ce qui n’est pas pour rassurer les bénévoles qui se dévouent pour prendre en charge les chats et chiens de la région de Mons-Borinage. Le refuge quaregnonnais est en effet à saturation. Encore. Car les annonces du genre se multiplient ces derniers mois. Aujourd’hui, plus aucune cage n’est libre, malgré plusieurs adoptions conclues ces derniers jours.
“Un chien est adopté et aussi vite, sa cage est à nouveau occupée”, explique Philippe Lengellé, responsable du refuge. “Nous disposons de 51 places, de quatre cages “police” et de quatre cages “quarantaine” et toutes sont remplies. Nous faisons face à des abandons en masse du fait que la vie soit de plus en plus difficile, de plus en plus chère. Les propriétaires n’ont plus les moyens de faire face aux frais de nourriture, aux frais vétérinaires. Les animaux trinquent et sont abandonnés. ”
Pour le responsable, certains compagnons souffrent également de “l’effet covid” : adoptés pendant les confinements successifs, ils sont devenus “trop encombrants ou trop exigeants” au retour de la vie “normale” de leur maître. “La majorité des animaux trouvés par la police ne sont pas pucés. Un appel est lancé aux propriétaires via les réseaux sociaux. Si au bout de dix jours, ils ne sont pas manifestés, ils sont proposés à l’adoption.”
À ces chiens et chats trouvés errants s’ajoutent encore les animaux abandonnés par des maitres trop lâches que pour s’assurer de leur bonne prise en charge. “Nos clôtures sont hautes de 2,2 mètres et pourtant, il arrive que les animaux soient littéralement balancés par-dessus, avec les blessures que cela peut occasionner. Nous prenons aussi en charge les animaux issus de saisie judiciaire. Ce qui représente une très lourde charge pour nous.”
En effet, ces animaux victimes de maltraitance, de négligence ou d’élevages clandestins ne peuvent pas être placés à l’adoption avant la levée de saisie par la justice. “On a le cas d’un chien, Oscar, qui est chez nous depuis près de 500 jours ! Le parquet ne semble pas s’être préoccupé de son dossier. Il est donc coincé en cage depuis plus d’une année. C’est inimaginable, ce qu’il est en train de vivre. Pour nous, c’est aussi une lourde charge puisque sa prise en charge représente environ de 5000 euros.”
5 000 euros qu’il faut débourser pour un seul animal, dans un contexte de crise. “On ne survit que grâce aux dons. On a deux cuves à mazout de 10 000 litres et on ne parvient pas à les remplir pleinement. Les factures énergétiques, chez nous comme ailleurs, ont fortement augmenté. ” Par dévouement pour la cause animale, les bénévoles tiennent le coup. Mais la bêtise de certains pourrait bien avoir raison de leur patience.
“On pourrait écrire un livre avec toutes les excuses qui nous sont données lors d’un abandon. La plupart sont totalement futiles”, regrette encore Philippe Lengellé. “Si je n’avais qu’un seul message à faire passer, c’est d’adopter de manière réfléchie, en prenant conscience qu’un animal n’est ni un jouet, ni une peluche, et qu’il ne doit en aucun cas être adopté pour quelqu’un d’autre ! Il faut également faire preuve de patience. Si on a des adoptions tout à fait réussies, on en a aussi d‘autres qui se passent moins bien car on ne connaît rien du passé de l’animal. Il faut donc se montrer compréhensifs et prendre le temps pour que celui-ci trouve sa place au sein de la famille.”
Le responsable du refuge plaide encore pour un meilleur respect de l’obligation de puce électronique, ce qui limiterait les possibilités d’abandon par des maîtres peu scrupuleux.