Interdiction de piquets de grève devant les Delhaize hainuyers : le tribunal de première instance de Mons confirme l’ordonnance

Coup dur pour les syndicats, qui estiment que c’est l’ensemble du droit de grève qui est remis en cause.

Emeline Berlier
Travailleurs et syndicats se disent "déçus" et "choqués" par le décision du tribunal de première instance de Mons dans le conflit les opposant à Delhaize.
Travailleurs et syndicats se disent "déçus" et "choqués" par le décision du tribunal de première instance de Mons dans le conflit les opposant à Delhaize. ©E.B.

Ce mercredi, le dossier Delhaize, et plus précisément l’interdiction pour les syndicats et travailleurs de tenir des piquets de grève devant les magasins du Hainaut – au risque de se voir imposer de lourdes astreintes financières à l’encontre de grévistes qui empêcheraient les clients d’entrer – était une nouvelle fois abordé au tribunal de première instance de Mons. Ce dernier a décidé de confirmer cette ordonnance…

Dans une relative discrétion, puisque son président a ordonné à la presse de quitter la salle d’audience, sans donner le moindre mot d’explication quant à cette décision peu éthique en matière de transparence. “La décision rendue ce matin est synonyme de victoire du système capitaliste sur les travailleurs. Le droit économique de Delhaize est supérieur au droit de grève, supérieur à la possibilité pour les travailleurs à se défendre quand ils sont attaqués par leur employeur”, estime Me Marianne Pétré.

Un sentiment partagé par les syndicats, pour qui cette décision du tribunal a eu l’effet d’une gifle. “Nous étions réservés quant au verdict du tribunal mais nous avions espoir malgré tout. Après trois heures de plaidoiries et notamment sur la définition du droit de grève et donc du droit à tenir des piquets, nous avions l’impression d’avoir été entendus”, regrette Élisabeth Lovecchio, permanente CNE qui avait été embarquée par la police sur le piquet de grève du Delhaize de la Chaussée du Roeulx, à Mons.

”L’ordonnance est confirmée en tout point à l’exception d’une phrase et d’un mot. Le président a estimé que le point faisant état du fait que l’on ne pouvait rentrer dans un Delhaize seul ou en groupe allait trop loin. Il a également retiré le terme “intimidation.” Pour le reste, rien ne change. C’est une énorme déception mais surtout, une totale incompréhension.”

Et de poursuivre : “Sur la question du droit de grève, le tribunal s’est limité à prendre la définition du dictionnaire Le Robert. Il y a une multitude de définitions qui peuvent être valorisées, notamment celle de la Cour de cassation ou de textes internationaux, mais non, la justice appuie sa décision sur la définition d’un dictionnaire. Où va-t-on ?” Concrètement, la décision du tribunal de première instance donne donc raison au groupe Delhaize.

Les piquets devant les magasins resteront interdits, l’accès des clients ne pourra donc pas être entravé et l’activité économique et commerciale du groupe ne pourra pas être mise à mal. “De là à dire que nous ne tiendrons pas de piquets,… Non. Ils seront simplement différents”, ajoute Elisabeth Lovecchio, qui précise que dans le chef des travailleurs, la protestation et la mobilisation restent intactes.

D’ici quelques jours, c’est le tribunal de Bruxelles qui sera amené à trancher sur la même problématique. Rien ne dit cependant que la décision montoise fera tache d’huile.

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