Conflit social chez Delhaize : syndicats et direction devant le tribunal de première instance du Hainaut
Les premiers dénoncent l’intimidation et la violence dont ils sont victimes, les seconds le non-respect de plusieurs de leurs droits.
Publié le 15-05-2023 à 18h10
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Après de longues semaines de mobilisation devant les magasins du groupe Delhaize, c’est devant le tribunal de première instance du Hainaut que le dossier a été évoqué ce lundi. D’un côté, des permanents syndicaux et travailleurs qui ont été notifiés par voie d’huissier alors qu’ils avaient pris ou prenaient part à des piquets de grève afin de contester la décision de Delhaize de franchiser 128 magasins et de licencier 280 personnes.
Pour ceux-ci, la démarche du groupe s’apparente à de l’intimidation et n’a que pour objectif de protéger ses intérêts en bafouant le droit de grève. De l’autre, le groupe qui estime que ses droits n’ont pas été respectés et qui réaffirment que les ordonnances prises à l’égard des grévistes étaient justifiées du fait de possibles débordements. Des arguments que réfutent formellement les avocats des travailleurs.
”Quand Delhaize est-il parvenu à démontrer le moindre acte de violence ? Les travailleurs défendent leurs droits, protègent leur outil de travail ; ils ne le détruisent pas. Faute de négociations, de discussions possibles, ils usent du seul outil encore à leur disposition pour exprimer leur mécontentement : la grève, en vue de porter atteinte à l’économie de l’entreprise.”
Certains permanents syndicaux et travailleurs ont été notifiés directement via un courrier dans leur boîte aux lettres, d’autres alors qu’ils se présentaient au travail pour prendre leur service. “Delhaize fait usage d’intimidation en envoyant des huissiers qui parlent de risques, d’astreintes financières,… Tout est fait pour impressionner le travailleur. Les ordonnances sont généralisées et tellement larges qu’elles vont jusqu’à interdire la présence des personnes sur le site.”
Si les avocats des travailleurs ont rappelé qu’aucun acte de violence n’avait jamais été posé, le président du tribunal de première instance s’est questionné sur ce qu’il y avait lieu de considérer ou non comme actes de violence. “Les magasins sont restés ouverts. Si les clients ont été sensibilisés et invités à se montrer solidaires, ils n’étaient pas empêchés de rentrer dans le magasin”, rappellent les travailleurs.
Du côté du groupe Delhaize, on estime que ces ordonnances étaient justifiées du fait. “La question n’est pas de débattre ici du droit de grève, ce que Delhaize n’a jamais remis en question, mais de rappeler que grève ou non, conflit social ou non, tout n’est pas permis et qu’en cas de voie de fait, la justice peut être saisie. Ces mouvements ont porté atteinte au droit de propriété de Delhaize, étaient contraires à sa liberté de commerce et d’industrie et contraire au droit du travail.”
La décision du tribunal sera rendue le 24 mai.