PMR, Franck Dupont a attendu trois heures pour pouvoir embarquer dans un bus TEC : toutes les rampes d’accès étaient défectueuses
Ce n’est pas la première fois que pareille mésaventure se produit. Mais il entend faire respecter son droit à emprunter les transports en commun.
Publié le 05-05-2023 à 17h09
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C’est la mésaventure de trop, celle qui pourrait donner envie à Franck Dupont de baisser les bras. Ce jeudi, la colère, la déception, le dépit animaient le Montois. Handicapé moteur, ce dernier se déplace quotidiennement en fauteuil roulant mais met un point d’honneur à pouvoir malgré tout utiliser les transports en commun. Il aura cependant dû patienter près de trois heures pour pouvoir embarquer dans un bus dont la rampe d’accès était fonctionnelle.
”Dites-vous que si pour un automobiliste, l’état des routes est désagréable et risque d’abîmer le véhicule, les trous et nids-de-poule sont dangereux pour moi et provoquent des douleurs corporelles. Le bus est donc plus rapide, plus confortable qu’un déplacement en chaise roulante”, explique-t-il. Mais encore faut-il être autorisé à embarquer dans ledit bus. Car trop souvent, selon Franck Dupont, les rampes d’accès pour PMR sont hors d’usage.
Un retour long de trois heures
Ce jeudi, c’est du côté de Maisières, à proximité de son domicile, que ce dernier a souhaité embarquer dans un premier bus. “Je sais que le quai n’y est pas adapté, le chauffeur a donc le droit de refuser mon embarquement. La rampe d’accès était manuelle et ne fonctionnait pas. J’ai demandé au chauffeur de signaler le problème à son retour au dépôt, sans trop y croire, et il a repris sa route.”
De son côté, Franck Dupont prenait finalement le chemin de la gare de Mons en fauteuil roulant. 3O à 40 minutes plus tard, il empruntait le service transport PMR de la SNCB, se rendait à un rendez-vous du côté de Tournai et revenait de la même façon en gare de Mons. Pour le retour à domicile, en revanche, les mésaventures continuent : la rampe d’accès, électrique cette fois, ne fonctionne pas.
”J’entendais une personne âgée, installée dans le bus, m’invectiver parce qu’à cause de moi, le bus prenait du retard. Je tiens à rappeler que j’ai payé mon abonnement, qu’il s’agit d’un service public et que je suis le premier à déplorer ces situations qui se répètent, encore et encore.” Le chauffeur finit par repartir, laissant le passager sur le quai d’embarquement. Une heure plus tard, période scolaire oblige, un autre bus arrive.
”J’envisage d’aller en justice de paix”
Mais là encore, la rampe est en panne. “Le chauffeur s’est énervé, a quitté son siège en claquant sa petite portière, pour finalement contacter le dispatche, reprendre le volant et me dire d’attendre un autre bus. Mon fauteuil pèse 150 kg, auxquels il faut ajouter mon poids. Le soulever est pratiquement impossible. Sans cette rampe d’accès, il est impossible pour moi de monter à bord.” 30 minutes plus tard, un troisième bus fait son apparition, “spécialement” pour Franck Dupont.
”La conductrice, très sympathique, m’a précisé qu’elle venait me chercher. La rampe, cette fois, fonctionnait. Je suis finalement resté trois heures sur le quai d’embarquement, à réclamer le droit d’emprunter les transports en commun. La SNCB, les TEC connaissent mon nom parce que je refuse d’abandonner, d’utiliser les transports adaptés qui coûtent une fortune contre quelques euros pour un ticket de train ou de bus.”
S’estimant victime de discrimination, Franck Dupont a déjà déposé plainte contre les TEC et contre un chauffeur qui avait été insultant. Aujourd’hui, il est en discussion avec son avocat pour lancer une procédure en justice de paix. “Les personnes handicapées, qu’elles soient PMR ou non, sont discriminées du fait de leur handicap. Rien n’est prévu pour les aider, pour leur permettre de vivre une vie aussi normale que possible. Et à entendre certains chauffeurs, c’est de notre faute s’ils prennent du retard. Si les rampes fonctionnaient, ce serait plié en quelques minutes !”
Une problématique bien connue des TEC… Mais aucune solution concrète
Le Montois souhaite par ailleurs que le ministre de la mobilité, Georges Gilkinet (Ecolo), soit interpellé sur la situation et qu’enfin, des solutions soient proposées. Du côté des TEC, on dit être conscient des difficultés rencontrées. “Nous ne les nions pas. Les rampes sont censées être fonctionnelles. Le dispositif est sensible, rencontre des problèmes techniques. Nous y travaillons avec nos services techniques”, insiste Audrey Lepape, responsable de la communication.
”Nous comptons beaucoup sur les nouvelles générations de bus et travaillons à une meilleure accessibilité de nos arrêts, au nombre de 6000 juste pour la province de Hainaut. Nous ne fermons pas les yeux sur la problématique et comprenons que ce ne soit optimal pour personne. Malheureusement, aujourd’hui, nous n’avons aucune solution concrète à offrir, si ce n’est conseiller aux personnes en ayant besoin de faire appel à un service en porte-à-porte, par exemple Handicap-Car à Dour.”
Les voyages, s’ils sont assurés au prix du montant du ticket TEC, doivent cependant être réservés une semaine auparavant. Dans les faits et au quotidien, il paraît difficile d’y recourir pour le moindre déplacement. En matière d’inclusivité et d’accessibilité, le chemin à parcourir reste donc long, y compris au sein des services publics, pourtant censés porter une attention particulière à ces thématiques.