La Loterie Nationale et l’UMons s’associent pour lancer la première chaire “Jeu sûr et responsable” de Belgique
Près d’un demi-million d’euros permettra à l’Université de comprendre dans quelle mesure un jeu donné peut entraîner une forme d’assuétude afin de permettre sa prévention.
Publié le 02-05-2023 à 13h21
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C’est une nouvelle collaboration unique en Belgique que vient de signer l’Université de Mons qui s’associe avec la Loterie Nationale pour la création d’une nouvelle chaire “Jeu sûr et Responsable”. Ce projet d’envergure bénéficiera d’un financement conséquent de près d’un demi-million d’euros en quatre ans. Le but des recherches menées à L’UMons sera non seulement de comprendre dans quelle mesure un jeu donné peut entraîner une forme d’assuétude mais également de comprendre le profil de joueurs et les mécanismes qui les amènent à adopter des comportements à risque. Pour pouvoir objectiver ses recherches, l’UMons bénéficiera des profils anonymisés d’1,7 million de joueurs de la Loterie Nationale.
Depuis le début des années 2010, les jeux de hasard se tournent vers les jeux en ligne, augmentant ainsi fortement le nombre de joueurs. Qui dit augmentation d’utilisateurs dit également augmentation du nombre de comportements à risque en la matière. En mars 2021, la Loterie Nationale a donc souhaité accroître son application dans la protection des joueurs. Estimant qu’une approche académique s’imposait, elle souhaitait donc mettre en place une chaire de recherche multidisciplinaire pour mieux comprendre et prévenir la problématique. L’UMons s’est alors portée candidate et a été retenue par la Loterie Nationale. La collaboration s’est matérialisée ce mardi lors d’une conférence de presse.
Une première en Belgique
”Je suis enchanté que cette collaboration ait pu voir le jour à l’UMons. Nous sommes en effet très fiers de pouvoir ajouter une nouvelle chaire à celles déjà existantes et une nouvelle thématique de recherche”, indique Philippe Dubois, recteur de l’UMons. “C’est pour nous une formidable occasion de mettre nos compétences au service de la société et d’une problématique que nous soumet un partenaire privé, la Loterie Nationale. Après, entre autres, l’intelligence artificielle dans la médecine, la malvoyance, la capture de CO2 dans le secteur cimentier, etc, cette nouvelle collaboration va pouvoir permettre d’éclairer un sujet de société qui est le risque de dépendance aux jeux de hasard et ses conséquences sur les individus. Ce qui me réjouit particulièrement, en tant que recteur, c’est l’approche scientifique qui sera déployée au travers de cette nouvelle chaire qui sera basée sur la transdisciplinarité.”
Les spécialistes de trois facultés, celles Polytechnique, des Sciences et de Psychologie et des Sciences de l’Éducation, vont en effet associer leurs compétences dans les domaines de l’intelligence artificielle, des sciences mathématiques et des sciences psychologiques au bénéfice de cette problématique. Cette chaire de recherche multidisciplinaire s’articulera autour de deux axes. Elle comprendra d’une part l’étude des différents types de jeux et l’évaluation de leurs risques théoriques. D’autre part, elle cherchera à comprendre les caractéristiques des comportements de jeu afin d’aider pour la mise en œuvre de campagne de prévention.
L’objectivation des débats visée
Pour la Loterie Nationale, les intérêts sont donc multiples. Elle pourra en effet mieux agir pour prévenir et éviter les comportements à risque mais également objectiver les débats entre personnalités politiques. “Pour mener une politique efficace de protection de nos concitoyens face aux assuétudes liées aux jeux de hasard, les pouvoirs publics doivent pouvoir se baser sur des données scientifiques objectives”, explique Jannie Haek, CEO de la Loterie Nationale. “Cette chaire va donc permettre d’amener de la sérénité dans ce débat ô combien important pour la société dans son ensemble.”
Pour mener à bien leurs recherches, les experts des trois facultés de l’UMons concernées par le projet pourront s’appuyer sur les chiffres de la Loterie Nationale. Ils révèlent notamment qu’un peu plus d’1,7 millions de comptes en ligne ont été créés. Parmi cela, près de la moitié de ces comptes n’a pas été active en 2022. La moyenne de jours d’activité par an se situe quant à elle aux alentours de 16 jours. Dans le cadre de sa politique de jeu responsable, la Loterie Nationale révèle qu’elle a mis en place des opérateurs qui visent à limiter les comportements à risque. Ils permettent notamment de limiter les dépôts d’argent mais également de limiter les pertes, le nombre de jeux instantanés par jour ou encore d’avertir les joueurs lorsqu’ils dépassent une heure de jeu consécutive. Sur les 982 463 clients de la loterie nationale en 2022, seuls 2,25 % ont atteint au moins une fois l’une des limites.
La Loterie Nationale tend également la main aux sociétés privées de jeux de hasard afin qu’elle communique également leurs chiffres afin de pouvoir aller encore plus loin dans la recherche.