Holcim veut devenir la première cimenterie d’Europe neutre en carbone à l’horizon 2030 grâce à son projet Go4Zero

Une volonté qui ne pourra être rendue possible qu’avec l’aide de partenaires aussi bien publics que privés.

Florian Ducobu
La cimenterie d'Obourg pourrait devenir un précurseur en termes de neutralité carbone.
La cimenterie d'Obourg pourrait devenir un précurseur en termes de neutralité carbone. ©Holcim

C’est un projet ambitieux que vient de présenter Holcim. L’une des plus grandes et vieilles cimenteries d’Europe veut en effet prendre un virage plus écologique à travers son plan Go4Zero. C’est une véritable révolution industrielle que prévoit ce plan qui tend vers la décarbonisation de la cimenterie à l’horizon 2030. Pour pouvoir mettre en œuvre son projet, Holcim compte sur ses partenaires, aussi bien gouvernementaux qu’industriels, pour financer son projet. Ce dernier sera divisé en deux phases. La première consistera en la création de la nouvelle usine pour 2026. La seconde prévoit la mise en place d’un procédé innovant d’oxycombustion dans lequel l’oxygène remplace l’air. Il permettra à Holcim d’envisager la neutralité carbone dès 2029.

C’est donc une réelle révolution du monde de l’industrie cimentière que prévoit Holcim. “Deux possibilités s’offraient à nous : soit ne pas agir en faveur de la décarbonisation de l’usine et, peut-être, devoir quitter le marché belge soit contribuer à la décarbonisation de l’industrie en investissant dans le projet Go4Zero qui nous permettra d’être pionniers en la matière”, indique Morgan Malecotte, CEO d’Holcim. “Notre projet a maturé pendant de longues années et est désormais prêt à être mis en œuvre. Pour ce faire, nous misons sur une collaboration entre le public et le privé pour financer le projet notamment.

Concrètement, l’industrie est responsable de 60 % des émissions de CO2. Viser la neutralité carbone d'ici 2030 permettrait donc au monde de l’industrie de tendre vers un système plus écologique. En devenant pionnier en la matière, Holcim deviendrait une référence européenne voire mondiale. Un objectif essentiel pour la cimenterie qui utilise encore d’anciens procédés, devenus de moins en moins rentables et écologiques. “Notre principal problème à résoudre est de parvenir à réduire notre production de CO2 et changer nos procédés, vieux de 100 ans. La combinaison des coûts de l’énergie et du CO2 n’est désormais plus viable dans le temps d’où notre volonté de nous réinventer”, poursuit Morgan Malecotte.

Une volonté de se réinventer primordiale dans le secteur de l’industrie cimentier. “Le bâtiment est le premier émetteur de CO2 en Belgique. De gros investissements sont donc en cours afin de rendre les bâtiments plus neutres en carbone. Nous souhaitons apporter cette solution au marché à travers notre plan Go4Zero. Pour changer le monde au niveau climatique, il faut mettre en place des infrastructures. Holcim se réinventerait donc pour permettre de mettre en place des dispositifs permettant le transport d’Hydrogène ainsi que pour le transport, la transformation et l’utilisation du CO2. Nous absorbons également un million de tonnes de déchets d’autres industries que nous ne pouvons éliminer qu’à l’aide d’un four chauffé à 2 000 degrés. Sans notre projet Go4Zero, aucune alternative ne nous permet le traitement de ces déchets”, explique Morgan Malecotte.

Des partenariats public-privé primordiaux

Une technologie alternative donc qui permettrait à Holcim d’utiliser, à terme, 40 % de matières premières recyclées. Quand on sait que le ciment est la deuxième matière la plus utilisée après l’eau, ce changement semble primordial. Ces objectifs ne peuvent évidemment pas être réalisés sans l’intervention des gouvernements. Ils permettront d’une part de dégager une aide financière mais également de mettre en place un cadre législatif pour ces nouvelles méthodes de traitement du CO2. “Nous avons besoin d’un cadre législatif pour permettre le transport du CO2 dans les différents pays partenaires. Nous avons notamment besoin d’accord entre la Belgique et des pays tiers tels que le Danemark ou la Norvège. Nous sommes cependant extrêmement confiants et pensons que ce projet est la première étape vers la décarbonisation”.

Une première étape a déjà été franchie par Holcim dans le projet. La cimenterie a en effet obtenu le permis pour la construction de sa nouvelle usine, le tout sans qu’aucune remarque ne soit envoyée. À terme, la future tour neutre en carbone d’Holcim devrait mesurer 140 mètres de haut, soit l’équivalent du premier étage de la tour Eiffel. Si c’est Obourg qui a été choisi pour l’élaboration de ce projet, c’est évidemment pour des raisons géographiques. Situé en plein cœur de l’Europe avec de nombreux moyens de transport jusqu’aux points clés tels que la Rurh en Allemagne, Paris en France ou encore les Pays-Bas, la cimenterie d’Obourg offre de nombreux avantages, nécessaires pour le développement d’un tel projet.

Un projet en deux phases

Deux phases distinctes seront mises en œuvre pour permettre à Holcim de devenir neutre en carbone d'ici 2030. “Au cours de la première phase, le four actuel sera remplacé par un tout nouveau four “voie sèche” basé sur les technologies les plus avancées, offrant des performances opérationnelles et environnementales sans précédent. Il utilise une matière beaucoup moins chargée en eau – le calcaire – disponible en quantité dans nos carrières du Tournaisis. Les besoins en énergie thermique du “processus sec” seront immédiatement réduits de 40 %, ce qui entraînera une réduction immédiate de 30 % des émissions spécifiques de CO2. Planifiée pour le dernier trimestre 2026, la nouvelle usine sera aussi caractérisée par une autoproduction sans précédent et une efficacité énergétique au plus haut niveau”, relate Vincent Michel, responsable du projet Go4Zero avant de poursuivre.

La seconde phase comprend l’installation d’un procédé innovant d’oxycombustion dans lequel l’oxygène remplace l’air. Ce procédé innovant permettra la concentration du CO2 dans les effluents gazeux à plus de 80 % (contre 30 % en phase 1). Cette modification ira nécessairement de pair avec l’activation de la chaîne de valeur du carbone : purification sur site à plus de 99 %, transport par pipeline, liquéfaction au terminal et chargement de bateaux, transport maritime et séquestration en mer du Nord. Cette chaîne devrait être opérationnelle d’ici mi 2028, permettant d’envisager la neutralité carbone dès 2029.

Un investissement de tous les partenaires

Des budgets colossaux seront nécessaires à la mise en place du projet. Des investissements qui seront consentis aussi bien par Holcim que leurs partenaires Fluxys, TotalEnergies et AirLiquide. “Le gouvernement fédéral est engagé aux côtés de la région et des entreprises déterminées à réussir leur transition climatique à ouvrir la voie d’une nouvelle économie totalement décarbonée. Face à ce gigantesque défi, c’est le rôle des pouvoirs publics d’organiser un cadre régulateur porteur, d’investir dans les infrastructures de transport pertinentes et de favoriser l’interconnexion des projets. Nous soutenons activement aussi que des moyens européens importants soient dédiés aux projets les plus volontaristes et les plus efficients en matière de réduction de l’empreinte carbone”, conclut Thomas Dermine, Secrétaire d’État fédéral.

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