Suspicion de faits de harcèlement chez Toit&Moi : “Mon client conteste formellement les faits qui lui sont reprochés”

Souffrant, le directeur de la structure ne s’est pas présenté au conseil d’administration convoqué d’urgence ce vendredi.

Emeline Berlier
Le CA de l'institution s'est réuni ce vendredi mais le directeur était absent et n'a donc pas pu être entendu.
Le CA de l'institution s'est réuni ce vendredi mais le directeur était absent et n'a donc pas pu être entendu. ©Photo News

Convoqué en urgence ce vendredi, le conseil d’administration de l’immobilière sociale Toit&Moi aurait dû se pencher sur des accusations de harcèlement moral et sexuel en la personne de Pierre Claerbout, directeur de la structure. Ce dernier ne s’est cependant pas présenté devant les administrateurs. Aucune décision n’a donc pu être prise à son encontre, même si le dossier a bien été évoqué dans les grandes lignes. “Une autre date pourrait être fixée mais nous n’en avons pas encore connaissance”, nous glisse une source.

”Je ne souhaite faire aucun commentaire. Le dossier concerne des individus et non l’institution en tant que telle”, a de son côté souligné Marc Darville, président de Toit&Moi. De même, du côté des syndicats, aucune déclaration n’est formulée. “Nous n’avons pas encore pu prendre connaissance du dossier. On entend des choses mais on ne sait pas, à ce stade, démêler l’éventuel vrai du faux”, précise Patrick Salvi, secrétaire régional pour le SETca Mons-Borinage.

Concrètement, qu’est-il reproché à Pierre Claerbout ? On évoque des propos déplacés, des SMS envoyés tard dans la nuit et n’ayant aucun lien avec le travail ou encore des gestes inappropriés à l’égard du personnel féminin. À ce stade cependant, le directeur bénéficie toujours de la présomption d’innocence et c’est à la justice qu’il reviendra de faire la lumière sur ces allégations.

Pierre Claerbout nie les faits qui lui sont reprochés

”Nous n’avons pas pour habitude de commenter des procédures en cours. Mon client s’expliquera en interne et, s’il le faut, devant les instances judiciaires compétentes”, insiste Me Olivier Rejckaert. “Ce que l’on peut dire aujourd’hui, c’est qu’il conteste et nie fermement les accusations dont il fait l’objet. Il n’a commis aucun fait de harcèlement ou de harcèlement sexuel.”

Les informations parues dans la presse étonnent par ailleurs le président et son conseil. “Nous ne pouvons que nous interroger sur le mobile et les intentions des personnes qui font fuiter des informations dans les médias alors même que mon client n’a pas encore été entendu au sein de la structure. Sur le fonds, les accusations dont il est question seraient – sans admettre quoi que ce soit – de vieilles histoires pour lesquelles il n’a jamais été entendu, inquiété ou mis en cause. Aucune procédure en interne n’a jamais été initiée.”

Et de conclure : “Pour nous, c’est du vent, le dossier est totalement vide. Pierre Claerbout se défendra face à ces accusations et à ce qui a été étalé dans la presse.” Souffrant, ce dernier avait remis un certificat médical et ne s’est donc pas présenté pour son audition devant le Conseil d’administration ce vendredi. Un report devra être confirmé.

Une ex-employée dénonce “un licenciement abusif”

Si Pierre Claerbout bénéficie évidemment toujours de la présomption d’innocence et si toute la lumière n’est pas faite sur cette histoire et les accusations dont il est aujourd’hui la cible, certains témoignages refont surface. C’est ainsi que nous avons ainsi retrouvé Lucie (prénom d’emprunt), ancienne employée au sein de la société de logements, qui explique avoir été victime de harcèlement moral.

”Je suis entrée en fonction en 2018. Un seul poste avait été ouvert mais bizarrement, nous étions deux à avoir été engagées”, se souvient-elle. “Rapidement, nous nous sommes retrouvées à tenir le secrétariat d’un directeur régulièrement absent.” Bras droit de la direction, Lucie bénéficiait de sa confiance. “J’étais dans le secret des Dieux, comme on dit. Mais rapidement, les choses ont changé et notre relation s’est dégradée. Si bien qu’il m’est devenu difficile d’effectuer mon travail ; Pierre mettait du temps à répondre à mes demandes, à me transmettre des informations indispensables pour les dossiers. J’ai, à plusieurs reprises, sollicité une rencontre afin de mettre les choses à plat mais il n’a jamais accepté.”

Un “accord financier conclu”

L’ex-employée évoque une ambiance malsaine et des tentatives de manipulation. “Il tentait de nous monter les unes contre les autres. J’ai finalement été affectée à des tâches de voie de garage. Je me suis opposée à cela et face aux pressions subies, aux non-dits ou aux sous-entendus, je suis partie en burn-out. En janvier 2021, j’étais convoquée pour un entretien mais, toujours sous certificat, je ne m’y suis pas présentée. Deux jours plus tard, je recevais mon C4, au motif que mon absence perturbait le bon fonctionnement de l’institution.”

Un licenciement qualifié d’abusif par Lucie. “C’était assez ironique venant d’un directeur qui était toujours absent. J’étais déterminée à aller en justice, à faire le nécessaire car je n’avais jamais eu d’avertissement jusqu’alors. Un accord financier m’a finalement été proposé et dans une volonté de tourner la page, de passer à autre chose, j’ai accepté. Mais je ne suis pas étonnée d’apprendre aujourd’hui certaines choses.”

Toujours selon cette dernière, plusieurs employées auraient été licenciées pour des raisons qui restent floues, et plusieurs accords financiers auraient été conclus, a priori sans l’accord du Conseil d’administration. Pour Me Rejckaert, qui n’a pas connaissance de ce dossier, le fait qu’il y aurait eu accord financier efface d’éventuelles accusations.

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