Liff de Mons : “Le Paradis”, le premier film du réalisateur bruxellois Zeno Graton est une ode à la liberté

Après avoir fait partie de la sélection de la Berlinale, le film fait partie des films sélectionnés pour la compétition internationale au Love International Film Festival.

Thomas Donfut
Zeno Graton (en bleu) et une partie du casting du film "Le Paradis", qui fait partie de la compétition internationale du Liff.
Zeno Graton (en bleu) et une partie du casting du film "Le Paradis", qui fait partie de la compétition internationale du Liff. ©Jonathan Brisson

Après deux courts métrages remarqués, le réalisateur bruxellois Zeno Graton sortira prochainement son premier long. “Le Paradis”, c’est l’histoire de Joe, un jeune Maghrébin de 17 ans qui, alors qu’il est enfermé en IPPJ, y tombe amoureux d’un de ses “colocataires”. Un amour interdit, frustré par cette liberté perdue. Le film, tourné dans une véritable IPPJ située en Flandre, met en avant les difficultés que peuvent ressentir ces adolescents à la jeunesse et aux amours compliquées.

Zeno Graton, comment est né ce premier long-métrage ?

L’idée est venue via un de mes cousins placé, dans sa jeunesse pour des faits relativement mineurs en IPPJ. Cela m’a permis d’avoir un regard assez critique sur ce qu’il a vécu là-bas, sur la société. Au moment d’écrire ce premier film, le thème est revenu à la surface. J’ai aussi voulu parler de l’amour en prison, inspiré par l’écrivain français Jean Genet qui a beaucoup écrit sur le sujet. Enfin, j’ai aussi voulu mettre en lumière les difficultés auxquelles ces jeunes sont confrontés. Les prolongations de séjour, les discriminations subies pour “l’après”, tout ça est méconnu et je voulais en parler.

Comment s’est déroulé le tournage ?

Déjà lors de la préparation, j’ai eu l’occasion de passer quelques semaines en immersion dans une IPPJ de manière à rendre compte de la réalité du terrain de la manière la plus juste et la moins manichéenne possible. Ensuite, on a eu l’opportunité unique de pouvoir tourner dans de véritables locaux d’IPPJ en Flandre qui étaient en pleine rénovation. On voulait que les jeunes de l’IPPJ en question fassent partie des figurants. Ils se montraient très enthousiastes à l’idée de pouvoir participer à un film mais la juge l’a refusé. Par contre, ils ont pu assister au tournage par petits groupes pour ce rendre compte aussi du degré d’exigence d’un film.

Zeno Graton (en bleu), lors de la présentation de son film au Love International Film Festival.
Zeno Graton (en bleu), lors de la présentation de son film au Love International Film Festival. ©Luigi De Sario

Un thème revient aussi pendant tout le film, c’est ce désir de liberté des personnages…

Oui, j’avais envie de questionner la question de la liberté. Le personnage principal au début du film est confronté à ce désir de liberté mais il se rend compte que dehors, il n’aura personne à aimer à l’extérieur et personne non plus pour l’aimer en retour, ce qui serait pour lui plus enfermant que d’être en prison. Ensuite, ce jeune qui va débarquer va lui ouvrir certaines portes et il va se rendre compte que la liberté qu’il cherche est plus invisible que concrète. Qu’elle est plus liée à l’amour et au désir qu’au conformisme qu’une institution ou que la société nous offre.

Le Paradis est votre premier long-métrage, il a été difficile à monter financièrement parlant ?

Assez oui car le budget était assez conséquent pour un premier long et ce qu’on me proposait en Belgique n’était pas suffisant pour le couvrir. J’ai donc dû chercher des financements dans les autres pays francophones et cela a pris du temps pour avoir ces crédits, ce de par le fait que l’avantage est donné aux films autochtones.

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