Sexisme en rue : la ville de Mons lance une campagne de sensibilisation
L’enquête menée par le service prévention en 2021 témoigne de la fréquence de ces faits punissables par la loi.
Publié le 09-03-2023 à 13h00
:focal(2995x2005:3005x1995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/P25NW6IJQBFFROW6XFQWZVQ4WY.jpg)
En matière d’égalité et de respect du droit des femmes, les mentalités changent mais le chemin à parcourir reste extrêmement long. En témoignent encore les trop nombreux faits de sexisme en rue dont sont victimes des femmes de tout âge. L’enquête menée par le service de Prévention à Mons en 2021 confirme que le phénomène n’est pas anodin. Sur base de ce constat, la ville de Mons lance une campagne de sensibilisation visant à rappeler que ces actes sont punissables par la loi et à prodiguer des conseils aux victimes et témoins.
L’étude s’est basée sur un total de 523 questionnaires. 412 femmes et 111 hommes ont été questionnés. 69 % des femmes et 11 % des hommes ont affirmé avoir déjà été victimes de sexisme. La majorité des faits (62 % des réponses) se produisent en après-midi et en soirée. “La nuit est sous-représentée dans les chiffes (5 %) mais cela peut être lié au fait que les femmes sortent peu la nuit et évident parfois de se déplacer dans les espaces publics lorsqu’il fait noir.”
77 % des faits concernaient des interpellations (”passe-moi ton numéro”, “tu ne dis pas bonjour ?”,…), 73% des sifflements et 73 % des regards insistants. 37 % des répondants ont expliqué avoir déjà entendu des remarques sur leur physique, 19 % avoir vécu un flirt insistant et avoir été suivies, 11 % ont été victimes de frottements dans les transports en commun ou en soirée et 11 % ont subi des attouchements.
Conséquence, les femmes “évitent majoritairement les petites rues, le quartier de la gare de Mons et le centre-ville, en particulier la nuit”, et plusieurs d’entre elles mentionnent ne plus oser porter de robes, de jupes ou de décolletés. De nombreuses femmes confirment ne plus oser se déplacer seules. C’est donc leur propre liberté que ces victimes restreignent pour tenter d’éviter des comportements inappropriés ou carrément dangereux à leur égard.
Des aides pour les victimes, des conseils pour les témoins
La ville rappelle de ce fait que depuis 2014, les formes de harcèlement sexuel et de harcèlement sexuel de rue commis dans des lieux publics sont punissables. “La loi stipule que toute personne ayant un comportement ou un geste, en public ou en présence de témoins, visant à considérer une personne comme inférieure ou à la mépriser en raison de son sexe ou encore de la réduire à sa dimension sexuelle, peut être punie.”
Les victimes ne sont pas seules et elles n’ont pas à se sentir coupables. De même, elles peuvent choisir de réagir si elles en ressentent le besoin et la possibilité. La voie judiciaire est également possible : une plainte peut être déposée au commissariat le plus proche et le service d’aide policière aux victimes de la police locale peut être contacté afin d’apporter son soutien.
Du côté des témoins, le service prévention évoque la méthode des 5D : dialogue (vérifier que la personne harcelée va bien, la rassurer, lui rappeler qu’elle n’est pas responsable), déléguer (demander de l’aide, expliquer ce qu’il s’est passé), documenter (filmer discrètement la scène afin de fournir une preuve à la victime en cas de plainte), distraire (afin de détourner l’attention d’une situation de harcèlement, en demander le chemin, l’heure, faire du bruit,…), diriger (interpeller le harceleur, en dernier recours, afin d’éviter de la violence).
Tous les conseils sont disponibles sur le site de la ville de Mons et dans un guide pratique contre le sexisme en rue.