Projet d’usine de recyclage de plomb à Ghlin : Les Engagés demanderont à Céline Tellier d’enlever le permis accordé
Les débats auront lieu ce mardi au parlement.
Publié le 06-03-2023 à 15h06
Lors de leur dernière réunion, les administrateurs de l’intercommunale IDEA décidaient de confirmer la vente du terrain auprès de l’entreprise Envirolead, qui projette la construction d’une usine de recyclage de plomb à Ghlin, sous la condition suspensive du rejet du recours introduit par des riverains auprès du Conseil d’État. Pour certains opposants au projet, cette condition s’apparente à une première victoire.
Du côté du groupe Les Engagés, on entend en tout cas en profiter pour faire pencher la balance devant le parlement. “Pour Les Engagés de la région de Mons-Borinage, il s’agit là d’un premier coup d’arrêt à ce projet d’usine inapproprié pour le site de Ghlin et dangereux pour les habitants des communes voisines, à savoir Jurbise, Saint-Ghislain et Mons”, explique le député François Desquesnes au nom du groupe.
“Ce signal doit être entendu par les Ministres wallons”, soutient celui qui interpellera, ce mardi, la ministre wallonne de l’environnement, Céline Tellier (Ecolo) afin de “retirer le permis octroyé à Envirolead car celui-ci contient de nombreuses failles, en contradiction avec le principe de précaution. ” Les Engagés soutiennent que la construction de ladite usine engendrerait de nombreux risques pour la santé et l’environnement, d’autant que “l’impact des retombées des poussières qui seront émises par l’usine n’a pas été examiné dans l’étude d’incidence et n’est donc pas pris en compte par le permis. ”
“Cette absence d’étude d’impact des retombées de poussières et de polluants sur les sols est d’autant plus étonnante que les rejets atmosphériques des deux principales cheminées ne sont limités par le permis que sous forme d’un maximum par m³ d’air sortant”, souligne le groupe. “Aucune limite massique annuelle n’a été fixée. Mais si l’on calcule le débit annoncé des deux cheminées multiplié par les plafonds autorisés, on obtient un rejet qui peut atteindre 1 007 kg de plomb par an dans l’atmosphère. Pourquoi les retombées au sol de ces 1 007 kilos de plomb n’ont-elles pas été étudiées ? ! ”
Et de poursuivre : “les cheminées sont prévues pour 40 mètres de hauteur au départ d’un niveau de sol étalonné à +49 m (au-dessus du niveau de la mer), soit une hauteur de rejet de +89 mètres. Or, l’usine envisagée est située en contrebas du bois de Ghlin et des villages d’Erbisoeul et d’Herchies. Ces deux villages sont situés à moins de trois kilomètres de l’usine projetée et sous les vents dominants du sud-sud-ouest. Pour les élus locaux des Engagés, ces considérations, à elles seules, remettent fondamentalement en cause le bien-fondé de la décision des Ministres wallons d’octroyer le permis. ”
François Desquesnes et ses colistiers balaient également l’argument de l’économie circulaire, insistant sur le fait que les batteries automobiles sont déjà recyclées par deux usines basées en Flandres et que le projet d’Envirolead ne permettrait que “d’accueillir chez nous les déchets d’autres pays en acceptant d’assumer les risques environnementaux liés au recyclage de plomb. ” Enfin, ils estiment que “les risques potentiels pour la santé humaine et l’environnement paraissent démesurés au regard des 140 emplois espérés par l’installation de l’usine. ”
Les débats auront lieu ce mardi, au parlement, mais il apparaît clair, pour les Engagés, que “le principe de précaution doit s’appliquer”, qu’une telle usine, même respectant les meilleures techniques disponibles, “sera toujours émettrice de poussières dangereuses dans un environnement largement habité” et que “la seule conclusion possible est donc de renoncer à ce projet”, via le retrait pur et simple du permis par les ministres wallons qui l’ont octroyé.
Envirolead va intensifier sa communication: 11 000 toutes-boites vont être distribuées
Les Engagés estiment avoir des arguments solides pour faire plier la ministre et la convaincre de faire marche arrière. Des arguments que, du côté d’Envirolead, on se las d’entendre. Aujourd’hui, le groupe entend intensifier sa communication afin de “rassurer les citoyens inquiets et corriger les fausses informations qui circulent sur le projet. ”
Pas moins de 11 000 toutes boites seront ainsi distribués dans les prochains jours aux riverains installés aux alentours du site. Un dépliant spécifique a également été élaboré à destination des professionnels de la santé. “Nous avons également mis à jour notre site internet, et notre foire aux questions, afin que chacun puisse trouver des réponses à ses questions”, insiste François Hanton, porteur du projet.
“Nous pouvons comprendre les inquiétudes inhérentes à une activité souvent méconnue, à savoir le recyclage de plomb. Nous ne pouvons en revanche pas accepter que la population soit inquiétée par des risques pour la santé qui ne sont pas avérés ou les fausses informations divulguées par des citoyens, dont le collectif mobilisé au Conseil d’État, ou encore par des élus qui n’ont fait aucune démarche vers nous, se contentant de relayer l’analyse des citoyens. ”
Pour Envirolead, il n’est pas question, à ce stade, de chercher à convaincre. “Chacun a le droit d’avoir sa propre opinion. Nous demandons toutefois qu’elle soit basée sur des faits avérés. Nous rappelons que ce dossier ne date pas d’hier, que des conditions drastiques ont été imposées dans le cadre de l’obtention du permis et que l’administration a étudié le dossier et vérifié chaque donnée avant d’annoncer une décision. ”
Le groupe se dit toujours serein quant à la poursuite de ses démarches. “Si ce que l’on nous reproche était avéré, nous nous ferions peut-être du mouron. Mais ce n’est pas le cas. Nous avons monté un dossier solide, nous sommes allés plus loin dans le respect des normes que ce qui nous était imposé. Nous sommes désolés d’une situation mais nous ne sommes pas inquiets, non. ” La ministre Tellier pourrait-elle faire marche arrière et retirer le permis octroyé ? C’est l’espoir des riverains mais à ce stade, rien n’est moins sûr.