20 ans après l’incendie des Mésanges : “Je vais demander que, pour la première fois, des excuses soient formulées”
John Joos, ancien porte-parole du comité des victimes, estime que ces excuses sont nécessaires.
Publié le 07-02-2023 à 17h05
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Nous l’évoquions dans nos colonnes ce vendredi : le 20 février prochain, sur le site de l’île aux Oiseaux, une cérémonie du souvenir sera organisée par la ville de Mons, en hommage aux victimes de l’incendie des Mésanges, survenu le 20 février 2003. Sept personnes y avaient perdu la vie. 20 ans après le drame, la douleur des familles et des proches reste intacte. Le besoin de commémorer pour ne jamais oublier aussi.
Car si le drame a marqué toute une ville, il a aussi illustré la lenteur de la justice à pointer les responsabilités. In fine, la société de logements sociaux Toit&Moi (ex-Sorelobo), l’ancien directeur-gérant et l’ancien bourgmestre de Mons, Maurice Lafosse avaient dû répondre d’homicide involontaire et de coups et blessures involontaires par défaut de prévoyance et de précaution. Ceux-ci avaient finalement été acquittés.
“La ville parle d’un hommage sobre. Moi, j’entends tentative d’invisibiliser des manquements et les responsabilités de certains”, souligne John Joos, ancien porte-parole du comité des victimes. “Je suis toujours en contact avec des victimes et familles. Certaines n’habitent plus à Mons et n’ont pas été concertées. Elles sont pourtant les premières concernées. Cette commémoration a pour objectif de se souvenir des victimes mais également de remettre en lumière leur combat judiciaire ! ”
En amont de la cérémonie, John Joos rencontrera le cabinet du bourgmestre, Nicolas Martin (PS). “Ce mercredi, pour être exact, même si les invitations ont déjà été envoyées. Je serai accompagné de Pascal Lebrun (qui a perdu son père et sa mère dans l’incendie, NdlR) et je vais demander que ce 20 février, pour la première fois, des excuses publiques soient formulées. Le bourgmestre se doit d’accepter, en tant que bourgmestre mais aussi en tant que président de la Fédération PS de Mons-Borinage.”
Et l’actuel conseiller communal de poursuivre : "Il faut rappeler que 28 administrateurs sur les 32 qui siégeaient au sein de la société Toit & Moi étaient socialistes. Il ne s’agit pas de refaire le procès de quelqu’un mais de reconnaitre que de graves manquements en matière de sécurité ont conduit à ce drame. Des excuses de Nicolas Martin ne le rendront pas responsable mais auront le mérite d’apporter cette reconnaissance aux victimes, aux familles, qui sont restées avec de nombreuses questions à l’issue d’un procès qui n’a pas tenu ses promesses."
Du côté de la ville, on ne souhaite pas entrer dans le débat ni permettre une "récupération politique" alors que la cérémonie doit rendre hommage aux victimes. "Ce que l’on souhaite vraiment, c’est une cérémonie la plus sobre possible. Il n’y aura pas de prise de parole, simplement une minute de silence, le dépôt d’une gerbe de fleurs, un lâcher de ballons. Nous serons présents pour nous recueillir à la mémoire des victimes", insiste-t-on du côté du cabinet de Nicolas Martin.
"Quant aux excuses réclamées, nous ne voyons pas très bien à quel titre le bourgmestre devrait les présenter. La ville n’a jamais été inculpée ni condamnée. Un procès a eu lieu, une vérité judiciaire existe." Pas question donc de refaire l’histoire, aussi insoutenable puisse-t-elle être. "Les 45 conseillers communaux ont été invités – et il n’y a aucune volonté d’exclure qui que ce soit – de même que les services de secours qui sont intervenus à l’époque."