Assises du Hainaut : pour la partie civile et l'accusation, il s'agit d'un meurtre pour faciliter le vol
Pour la partie civile et l'accusation, les explications de l'accusé ne tiennent pas la route.
Publié le 01-02-2023 à 12h34
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Les plaidoiries ont débuté, mercredi matin devant la cour d'assises du Hainaut dans le cadre du procès de Logan Hannecart, accusé d'un meurtre, d'un vol qualifié et d'un vol simple de plusieurs objets. Mardi, l'avocate des parties civiles et l'avocate générale avaient demandé de poser la question du vol, avec circonstance aggravante de meurtre. La cour avait accepté d'élargir le débat.
Me Geneviève Gieseler, pour les parties civiles, retient que l'accusé est un voleur pathologique. "Je crois que la version la plus crédible est celle d'un vol, avec circonstance aggravante de meurtre. L'intention de voler explique pourquoi il est allé chez Casimiro", plaide-t-elle..
Elle est rejointe par Vanessa Samain, avocate générale, qui estime qu'il est indispensable d'élargir le débat. "Il est ressorti des débats qu'il existe une autre hypothèse, très crédible, celle du meurtre pour faciliter le vol", commente la magistrate du parquet général.
Cette hypothèse avait d'ailleurs été retenue par les enquêteurs au tout début de l'enquête, puis par le substitut du procureur du roi. L'enquête a dévié vers l'hypothèse retenue par la chambre des mises en accusation, soit le meurtre séparé des vols.
"Je pense m'être laissée prendre par un biais cognitif, un effet tunnel, le fait d'être ramenée vers un aspect du dossier, l'orientation sexuelle des protagonistes avec un fond de prostitution", avoue l'avocate générale. On a eu peu de réponses, que des soupçons et des rumeurs. L'accusé contestant être bisexuel et prostitué.
Après deux jours de procès, l'accusation a une autre perception des faits. "On a perdu de vue des éléments objectifs établis de façon certaine. Le casier judiciaire de Logan Hannecart démontre que c'est un voleur, qui a porté une arme, un couteau. C'est un voleur maladif qui a passé la majorité de sa courte vie à voler tout et n'importe quoi, au préjudice de tout le monde, ses profs, ses parents, sa grand-mère, ses frères et soeurs, et même une femme durant sa cavale."
L'avocate générale a été convaincue par plusieurs éléments, pour poser la question du vol qui a mal tourné. La photo d'un plat renversé sur le sol de la cuisine, "démontre l'effet de surprise".
Elle ajoute qu'il y a des traces de sang dans la cuisine, où se trouvait le couteau. "On sait que Logan est agressif sous l'effet de l'alcool et qu'il peut aussi se montrer agressif quand il n'a pas ce qu'il veut".
Les coups les plus violents sont portés dans la chambre, alors que la victime est couchée sur le sol, ce qui est démontré par les traces de sang relevées sur le mur.
L'état de l'appartement et surtout la chambre du colocataire qui est retournée interpellent l'accusation. "Dans un matelas, on ne cherche pas une clé, mais de l'argent. Quand on fouille comme ça, l'intention est de voler", affirme Vanessa Samain. Autre élément, les objets emportés, une télévision, un téléphone, une montre¿ bref, tout ce qui a de la valeur et qui peut être revendu facilement.
L'accusé tient une autre version. Il a déclaré que Casimiro l'avait invité à l'accompagner sous la douche, en le menaçant du couteau. Me Gieseler ne croit pas à cette version, qualifiée de fable par l'accusation. "Ils ne se sont jamais battus avant, lors de leurs précédentes rencontres. Logan est plus grand que la victime, en meilleure forme physique. Il pouvait crier ou fuir", dit-elle.
L'accusation ne trouve aucun élément objectif relatif à cette version. "Il dit qu'il était paniqué. Il a plutôt agi avec un certain sang-froid", clame l'avocate générale. Au point de tromper les policiers qui le relâchent après un premier interrogatoire, à 1h30. L'accusé a pensé à enfiler les vêtements de travail de la victime, pour faire croire qu'ils étaient collègues. "Durant sa cavale, il ne panique pas non plus".
Pour le conseil des parties civiles, Logan Hannecart ment quand il dit qu'il a agi en état de légitime défense. "On n'est pas dans cette situation-là. Il a suivi la victime, laquelle se dirigeait vers sa chambre. Selon le légiste, il est possible que deux coups ont été portés par l'arrière". Casimiro s'est retrouvé au sol, nu et désarmé. Le critère de proportionnalité fait donc défaut.
Enfin, l'intention de tuer est établie, sans aucune contestation possible, en raison de l'arme utilisée (couteau), de la force déployée (le sternum a été traversé par la lame, laquelle a touché la colonne vertébrale), du nombre de coups (sept) et des zones vitales visées et transpercées (thorax et ventre).