Un cas de négligence dénoncé au sein de la résidence du Bois d’Havré : “Il m’a fallu du temps pour ouvrir les yeux sur cette situation”
Le fils d’un patient atteint de démence dénonce la situation. Il a décidé de changer son père d’institution.
Publié le 06-01-2023 à 17h03 - Mis à jour le 06-01-2023 à 17h21
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La décision n’aura pas été simple à prendre. De l’aveu même de Cédric Dejonghe, il aura même fallu du temps “pour ouvrir les yeux et comprendre.” Ce dernier a été contraint de changer son père d’établissement alors qu’atteint de démence, il séjournait au sein de la résidence du bois d’Havré, à Mons. Dans un courrier notamment adressé à la direction de la résidence, il liste les “multiples incompréhensions, anomalies et manquements” auxquels son père, ses visiteurs ou lui-même ont été confrontés.
Une situation qui aurait, selon ses dires, perdurer des mois durant. À l’été dernier déjà, il avait ainsi adressé un courrier à la direction afin de se plaindre d’un manque de douche “en raison de l’absence de personnel.” Mais les manquements dénoncés ne s’arrêtent pas à cela. Il parle ainsi “d’un simple drap à la place d’un couvre-lit, en plein mois de novembre. Plongé dans sa démence, papa est incapable de manifester qu’il a eu froid. Je suis convaincu que malgré l’apport de plaids personnels, la situation se reproduit de temps à autre. Le même constat a été fait dans les derniers jours.”
”Des ongles remplis de selles”
Cédric Dejonghe poursuit : “des traces de selles sur le cadre du lit, constaté à 18 heures alors que papa était au fauteuil depuis le matin. Une mise au fauteuil toute la journée dès 9 heures, sans changement de position. Des repas moulus faits de carotte, carottes, carottes et encore de carottes sur une semaine. Une boisson, à savoir un café, renversée sur la table, sur le sol, sur le patient pendant des heures dans l’attente du passage d’un membre du personnel daignant s’attacher à une tâche peu glorieuse.”
Le fils du patient ne s’arrête pas là. Il évoque encore des déchets alimentaires collés sur l’assise du fauteuil durant plusieurs jours, une réévaluation alimentaire non effectuée par la logopède, un repas cougnole écourté “faute de temps” ou encore un kiné “qui prétend un degré d’agressivité empêchant toutes séances mais qui s’empresse de cocher des soins payants non-administrés… Agressivité qui n’est pas relevée par les aides-soignantes ou infirmières.”
Enfin, il mentionne “des ongles remplis, plusieurs jours d’affilée, de selles. ” “Malgré toutes ces anomalies, et je peux encore en citer, j’ai rencontré du personnel aimant, bienveillant, patient, à l’écoute. Mais aussi des gens qui n’ont pas leur place dans pareille institution, et qui se sache dans un système bien installé. Le mélange des cas les plus lourds avec les autres et le manque de personnel n’arrangent certainement pas la situation dramatique. Il m’a fallu du temps pour m’avouer que papa n’avait pas les soins adaptés à son état, pour ouvrir les yeux et comprendre.” Et finalement solliciter le dossier médical du patient afin de faciliter son transfert vers une autre institution.
Une rencontre entre direction et proches du patient
Contactée, la résidence a souhaité réagir à ces accusations de négligence. “Les difficultés rencontrées sont avant tout liées à la santé physique et mentale très dégradée du résident et à sa grande dépendance, non à une négligence de nos équipes. Pour limiter les problèmes constatés, nous nous efforçons d’être au chevet de nos résidents le plus longtemps possible et ce, en fonction des moyens humains dont nous disposons.”
Des moyens qui, on le sait, sont souvent insuffisants. “Nous comprenons que la situation provoque beaucoup d’émotions. C’est pourquoi, nous sommes en contact avec les proches depuis le 27 décembre dernier. Notre infirmière-chef l’a rencontré à deux reprises et prochainement, un échange sera organisé avec le directeur de notre maison de repos. Nous avons à cœur le bien-être de l’ensemble de nos résidents et nous y répondons chaque jour avec professionnalisme, bienveillance et empathie.”
Des propos que Cédric Dejonghe et ses proches ne partageront probablement pas dans l’immédiat…