«Les Insortables», ou quand les archives deviennent loufoques

Peut-on rire et s’étonner en consultant des archives? Oui, beaucoup. C’est ce que montre l’exposition «Insortables» au Mundaneum, qui expose ce qui ne devrait jamais l’être dans des lieux dits sérieux.

Ugo Petropoulos
«Les Insortables», ou quand les archives deviennent loufoques
L’exposition «Insortables» veut casser le stéréotype austère accolé au monde des archives. ©Mundaneum

Dans l’imagerie populaire, les archives, ce sont des vieux documents poussiéreux très sérieux et rébarbatifs, gardés dans des caisses par un type austère qui ne voit jamais la lumière du jour.

Cette représentation, l’équipe du Mundaneum la fait voler en éclat avec «Insortables», sa nouvelle exposition. Durant la période de pandémie, elle a parcouru les 6 kilomètres de documents du centre d’archives pour en retirer une sélection de pépites qui n’auraient jamais été dévoilées dans une exposition sérieuse, mais «qui déboîtent.»

«Cette exposition est atypique à plus d’un titre, explique Aurélie Montignie, directrice du Mundaneum. Outre sa thématique, c’est un projet d’équipe collaboratif et collectif, tous les membres du personnel ayant participé à la sélection des documents. Après une crise sanitaire qui nous a contraints de repenser notre mode de fonctionnement, cette exposition a été l’occasion de travailler sur un projet commun tout en mettant ce temps à profit pour revenir à nos fondamentaux, soit l’exploitation de nos archives.»

«Les Insortables», ou quand les archives deviennent loufoques
©Mundaneum

En résulte un ensemble disparate où l’on trouve pêle-mêle une mini-bible de 3X5 cm, une bouteille de vin communiste («Le Gros Rouge du Père Karl»), une affiche vantant Lionel l’Homme Lion, une publicité vantant l’aptitude du dentiste Du Croc à arracher les dents sans douleur…

Redécouvrir l’Histoire

Pour donner de la cohérence à l’ensemble composé de 500 «brols» en tout genre et qui n’ont rien en commun, si ce n’est le caractère insolite, l’exposition a été découpée en thématiques. 5 parcours sont également proposés pour guider le visiteur dans l’exposition: le parcours des femmes, des enfants…

Si l’exposition se veut légère et drôle, son objectif reste ambitieux: «nous voulons casser les stéréotypes que le grand public a des archives et qu’elles vont bien au-delà des documents protocolaires et administratifs», poursuit Aurélie Montignie.

Les documents présentés permettent aussi de se replonger dans les modes, les mouvements sociaux et les croyances qui ont parcouru les deux siècles derniers. Au travers d’objets incongrus ou de photos hilarantes, on touche à l’émancipation féminine, on redécouvre les bienfaits prêtés aux cigarettes américaines ou au sucre au début du XXe siècle…

 Il y a un siècle, certains recommandaient le sucre pour les diabétiques.
Il y a un siècle, certains recommandaient le sucre pour les diabétiques. ©Mundaneum

Au-delà du sourire, cette exposition rappelle toute l’importance de la conservation d’archives, «garantes du futur de l’Histoire» selon l’archiviste du Mundaneum Jacques Gillen, qui nous évitent de devenir des êtres du présent, sans passé, sans recul, sans réflexion.

À noter que 13 centres d’archives privés ont participé à la démarche et sont partis à la recherche des pièces les plus inattendues de leur collection, allant d’esquisses de l’Atomium à un «Chomageopoly» intrigant…

Insortables! Les archives qui déboîtent. Du 16 juin 2021 au 2 janvier 2022 au Mundaneum. Rue de Nimy 76, 7000 Mons.

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