Hausse de 20% des décès, de 272% du chômage temporaire… Comment la crise sanitaire a ébranlé le Hainaut
La Province de Hainaut a dressé un premier bilan chiffré de la crise sanitaire. Il montre à quel point certains secteurs en souffrent. Mais d’autres se portent très bien.
Publié le 30-03-2021 à 17h55
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L’impact qu’a la pandémie de coronavirus sur notre société est de deux ordres: sanitaire et socioéconomique. Au fur et à mesure que les données sont collectées et traitées, cet effet peut être plus finement évalué. La province de Hainaut, via son service de statistiques, vient de se plier à l’exercice et le tableau est éloquent.
1.20% de morts supplémentaires
Sur le plan sanitaire tout d'abord, la surmortalité causée par le virus est indéniable dans le Hainaut, durement touché les deux premières vagues. La province affiche un taux de mortalité en hausse de 20% par rapport au taux moyen de 2009 à 2019. Deux pics de mortalité ont été observés: la deuxième semaine d'avril (+101,2%) et du mois de novembre (+133,4%), dans la foulée des deux pics d'hospitalisation.

Au 1er janvier 2020, le Hainaut comptait 1 346 840 habitants. Si la population provinciale est en hausse de 2,8% de 2010 à 2020, une croissance essentiellement due à un solde migratoire positif, cette surmortalité fera baisser le nombre d’habitants pour la première fois depuis des décennies.
«Mais il s’agit d’une situation conjoncturelle», précise la députée provinciale Fabienne Devilers. La population continuera de croitre, surtout en 2022, où l’on s’attend à plus de naissances: «selon différentes études menées auprès de pays européens, de nombreux couples ont reporté leurs projets de naissance en 2020 en raison des perspectives négatives apportées par la crise.»
2.Explosion du chômage temporaire
Sur le plan socioéconomique, là aussi les chiffres sont frappants. Pas tant dans le taux d’emploi salarié, qui a diminué légèrement (-0,8%) entre juin 2019 et 2020 en raison du ralentissement de l’activité économique.

Le taux de chômage a augmenté de 1,2 point entre juin 2019 et 2020. Si une hausse importante du nombre de demandeurs d’emploi a pu être évitée, c’est notamment grâce aux mesures de chômage temporaire pour force majeure «corona» et aux mesures prises par le Gouvernement Fédéral et ceux des Régions pour soutenir les entreprises impactées par la crise.
Une de ces mesures concernait la simplification de la procédure pour chômage temporaire pour force majeure «corona», en application jusqu'au 30 juin 2021. Cette mesure a eu pour effet une hausse de 272,5% du nombre de chômeurs temporaires par mois en 2020 par rapport à l'année précédente.

On observe très clairement sur le graphique les deux pics lors des deux confinements. Certains secteurs y ont fait un recours massif, comme celui du commerce, des banques et assurances (+ 1 851,6%) et celui des services (+612,7%).
Le taux hennuyer est inférieur à la moyenne wallonne et belge. Les autres motifs de chômage temporaire (raisons économiques, grève…) sont par contre en chute.
Côté faillites, le moratoire instauré par le Gouvernement fédéral jusqu'au 31 janvier 2021 a permis de limiter, voire de réduire le nombre de faillites en Hainaut en 2020 (-21,6% par rapport à 2019). Ce sont dans les chiffres 2021 que l'effet corona se fera ressentir, et la combinaison crise-effet retard risque d'être violente.
3.De gros perdants, mais quelques gagnants
Si la crise a frappé l'économie, certains secteurs tirent leur épingle du jeu. L'évolution du chiffre d'affaires entre les 4e trimestres 2019 et 2020 montre que le secteur secondaire (l'industrie) a plutôt bien résisté en Hainaut, avec une petite baisse de 0,5%, tandis qu'elle est de 1,6% dans le reste de la Wallonie et de 1,8% en Flandre.

Le secteur tertiaire par contre a été plus impacté, avec une baisse globale de chiffre d'affaires de 8,1% Mais là encore, les fortunes sont diverses. Les agences de voyages sont les plus touchées, voyant leur chiffre d'affaires plonger de 87,3%. Le secteur des activités culturelles a chuté de 51,4% et celui de la restauration de 43,5%.
A contrario, l'année fut florissante pour le commerce de gros (+14,3%), les entreprises de conseil informatique (+10,7%) et le secteur de la réparation d'ordinateurs et appareils domestiques (+14,3%).

Bref, la crise n’a pas été la même pour tout le monde et pour certains, elle s’est même muée en aubaine. De quoi apporter de l’eau au moulin des syndicats s’offusquant lundi dernier de la modération salariale pour tous les secteurs confondus voulue par le patronat.
