Cette fois, Mons ne veut pas louper le coche «Wallonie Cyclable»
Fin décembre, la Ville rentrait un copieux dossier pour être désignée «Commune pilote» du projet «Wallonie Cyclable». A la clé: 1,7 million€ de subsides.
Publié le 07-01-2021 à 18h37
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En 2009, dans l’optique de favoriser l’essor du vélo comme moyen de déplacement, la Région wallonne avait lancé l’appel à projet Wallonie Cyclable. Il permettait aux communes de bénéficier de subsides pour construire des aménagements et mettre en place des politiques incitant la pratique du vélo.
Mons n’avait pas été choisie, au grand regret de certains, au vu notamment du développement observé dans certaines villes lauréates comme Namur.
Une décennie plus tard, la cité du Doudou n’entend plus laisser passer le train et a envoyé une conséquente candidature en décembre dernier. Son dossier de 66 pages a pour objectif de décrocher un subside d’un montant maximal de 1 700 000€ qui lui permettrait d’augmenter significativement la part de budget consacrée à la mobilité douce.
«La Ville consacre actuellement 6€ par an et par habitant pour la politique cyclable. L’objectif est d’atteindre au moins 20 euros par an et par habitant pour permettre la réalisation des objectifs», indique la Ville. Elle compte d’une part sur «les moyens conséquents annoncés par la Région sur leurs voiries» et, d’autre part, sur «les investissements de la ville avec l’aide financière prévue en devenant commune pilote.»
Faire sauter la barrière du boulevard
Pour faire quoi? «L’essentiel consiste à offrir des liaisons de qualité entre les villages du Grand Mons et un centre-ville apaisé et attractif pour le vélo», note la Ville dans son dossier de candidature.

L’intramuros montois étant déjà considéré comme cyclable au vu de la charge de trafic et des limitations de vitesse, c’est sur la périphérie montoise et sur le franchissement du boulevard R50, véritable barrière physique et psychologique pour les usagers faibles, que l’attention se porte.
Pour faire sauter ce verrou, il conviendra de s’attaquer aux neuf accès au centre-ville dont aucun n’est totalement sécurisant, «sans quoi les efforts sur les liaisons depuis les villages ne porteront pas leurs fruits.»
Après cette déclaration d’intention, le dossier de candidature se veut plus précis sur les différentes liaisons entre les entités montoises.
À l’ouest, passerelle et RAVeL
Voyons tout d'abord le côté ouest. Pour la liaison vers Jemappes, en attendant la réfection de la N51 en une voirie permettant d'accueillir un bus à haut niveau de service, l'échevinat à la Mobilité de la Ville souhaiterait profiter du chemin de halage le long de la Haine, «une véritable autoroute cyclable depuis le Borinage.»
Problème: l’accessibilité à cet itinéraire fait défaut à hauteur de Jemappes, «seule l’utilisation du tunnel desservant les quais de la gare permet d’accéder au halage.» Ce qui est loin d’être aisé, entre la cohabitation avec les piétons et le franchissement des escaliers avec goulotte.
Pour y remédier, il est proposé d'aménager un site propre en élargissant le trottoir du pont de la rue des Trois Crampons qui enjambe la Haine et la voie ferrée. Une rampe connectée au pont permettrait ensuite la connexion au chemin de Halage. Une autre solution est d'aménager des rampes d'accès de part et d'autre du passage sous voies de la gare de Jemappes, une centaine de mètres en aval.

Concernant Cuesmes, deux éléments déterminants assureront une vraie connexion avec Mons. Le premier est de connecter le village aux pistes cyclables du boulevard général de Gaulle, côté sud. L'aménagement de plusieurs chaînons manquants est prévu dans le plan RAVeL, dont une liaison par le chemin de Bavay contournant le terril de l'Héribus jusqu'au boulevard.
Le deuxième élément concerne l’entrée ouest via la N544 et le franchissement des voies ferrées. Mais ici, c’est la SNCB qui a la main, celle-ci entendant réhabiliter le pont enjambant les voies ferrées.
Au sud-est, le chemin de Bethléem
Côté sud-est aussi, il y a du boulot. Si Spiennes et Saint-Symphorien présentent des atouts indéniables et une proximité intéressante pour la pratique du vélo (5 km), les voiries régionales qui assurent la connexion à Mons, bien qu'équipées de pistes cyclables, constituent des freins.
La raison: les pistes ne sont pas séparées de la circulation automobile alors que la vitesse autorisée est de 70 km/h, ce qui est peu sécurisant.
Une alternative existe: le Chemin de Bethléem. Cette liaison présente un attrait tant pour la pratique quotidienne que pour le vélotourisme puisqu’elle dessert le site des minières néolithiques de Spiennes, site Unesco.

Cette route figure déjà dans le réseau Vhello ainsi que les itinéraires REVe (Réseau des Écoliers à Vélo) mais peu de cyclistes l’empruntent, et pour cause: le revêtement est épouvantable. Sa réhabilitation, prévoyant un blocage aux engins motorisés, offrirait «une liaison correcte offrirait des perspectives intéressantes pour rejoindre rapidement et dans un cadre bucolique le centre de Mons et ses pôles d’activités.»
Au nord-est, diminuer la pression automobile
Au nord-est, l’enjeu est de soulager un secteur sous pression des flux automobiles drainés par les lieux attractifs que sont les universités (UMons, FUCaM) et l’hôpital Ambroise Paré. Pour les autorités communales, c’est surtout la route d’Obourg (N539) qui offre des possibilités en permettant de connecter les villages d’Obourg et de Saint-Denis et de desservir la gare d’Obourg et le RAVeL.

La drève du Prophète et le chemin de la Procession, voiries communales où s’opère une importante circulation de transit, «méritent une attention particulière et représentent un cas d’étude afin d’envisager les options d’aménagements cyclables et de réglementations.»
Au nord, contourner en attendant mieux…
Enfin, reste le nord de Mons, et le cas de Maisières, traversée par la N6, une voirie régionale à 2X2 voies où les aménagements cyclables sont inexistants.
«La mise à une voie constitue un enjeu majeur pour offrir un partage plus équitable de l’espace public», est-il une fois encore rappelé. En attendant, afin de contourner cette chaussée de la mort pour les deux roues, plusieurs liaisons sont en projet pour rejoindre le RAVeL du canal du Centre depuis le centre du village, via les rues Comte Cornet, de la Lanterne et de la Massarderie.

Bref, les projets sont nombreux. Ne manquent que les moyens de les mettre en œuvre et Wallonie Cyclable pourrait partiellement y contribuer.