Les effets bénéfiques du confinement… sur l’air
Le confinement n’a pas été bénéfique qu’au seul niveau sanitaire. Il a également assaini un peu notre air.
Publié le 28-07-2020 à 06h00
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On s’y attendait, l’ISSEP (Institut scientifique wallon de surveillance, de sûreté et de recherche en environnement) l’a confirmé: le confinement a amélioré la qualité de notre air, notamment à Tournai et à Mons… Mais pas non plus de manière extraordinaire.
Une étude récente de l'ISSEP, qui compare la qualité de l'air de mi-mars à début mai 2020 aux mêmes périodes entre 2016 et 2019, confirme effectivement une «diminution des émissions de certains polluants » durant le confinement, mais pas tous les polluants.
Une amélioration «seulement pour certains polluants»
«On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu d'amélioration, reconnaît Benjamin Bergmans, de la cellule de la qualité de l'air de l'ISSEP. Mais elle concerne seulement certains polluants.» L'étude menée par l'ISSEP a effectivement constaté une diminution des oxydes d'azote dans l'air pendant le confinement par rapport aux années précédentes, surtout en milieu urbain.
«Dans les oxydes d'azote, on retrouve le NO2, très polluant et toxique, précise le spécialiste. Il provient de la combustion: soit des véhicules automobiles, soit du chauffage. Donc sa diminution dans l'air s'explique par le fait que beaucoup moins de personnes se sont déplacées en voiture durant le confinement. »
On remarque pourtant de gros écarts entre les taux de diminution d'oxydes d'azote en fonction des villes: une diminution de 48% à Mons, mais seulement de 12% à Tournai. «La diminution varie en fonction des villes où la population et le trafic sont différents, répond Benjamin Bergmans. Dans les villes comme Mons où on a un périphérique très fréquenté et beaucoup de bureaux, la chute du trafic a fait baisser les émissions d'oxydes d'azote. En revanche, dans les villes comme Tournai où il y a peu de trafic mais beaucoup d'habitations, les gens ont augmenté le chauffage chez eux et ont produit plus d'oxydes d'azote.»
Des polluants aux sources très diverses
Les émissions de certains polluants ont donc diminué grâce à la baisse de trafic routier; mais cette baisse ne semble pas avoir eu de conséquences sur d’autres polluants, comme la concentration en particules et le monoxyde de carbone. Selon notre interlocuteur de l’ISSEP, c’est parce que ces polluants proviennent de sources très diverses, pas seulement du trafic.
«On estime habituellement la part des particules fines qui proviennent du trafic à environ 15 %. Forcément, si le trafic diminue, il y a une amélioration, mais pour les particules elle est très légère. »
Le temps sec dont nous avons bénéficié durant le confinement n'y est pas non plus étranger: «La météo influence beaucoup la qualité de l'air, les périodes froides et sèches sont des conditions favorables pour les particules.»
Le trafic routier, polluant majeur
On pourrait s’étonner que la qualité de l’air n’ait pas connu une amélioration plus significative durant le confinement, avec l’arrêt de plusieurs entreprises et usines. Mais selon Benjamin Bergmans, l’industrie a beaucoup moins d’impact sur la pollution de l’air que le trafic routier; de plus, il est difficile de cibler la pollution industrielle avec les stations habituelles de mesure de la qualité de l’air.
«On ne va pas se mentir: une usine pollue, mais si on compare une usine à deux millions de véhicules, la part de l'usine n'est pas si énorme que ça! », conclut-il.