A vélo dans les roues d'une famille montoise, sur les embûches du chemin de l'école
Aller à l'école à vélo quand on habite en ville, ce devrait être normal. En Wallonie, et à Mons notamment, ça reste de l'ordre de l'exploit, en raison d'une infrastructure défaillante.
Publié le 14-11-2017 à 18h19
A Mons, les élèves qui se rendent à l'école à vélo sont moins de 1% du total des écoliers. Un chiffre minable quifait d'autant plus rougirde honte ou d'énervementquand on le compare à la situation de nos voisins flamandsou d'autres pays comme le Danemark ou l'Autricheoù on dépasse les 50% d'élèves cyclistes dans certaines villes.
Partant de ce constat éloquent, un groupe de cyclistes (baptisé Cyclistes Gonflés à Bloc pour l'Action)adécidé de mener une action ce mardi matin sur le rond-point dela porte du Parc à Mons, là où débouche la bretelle autoroutière depuis l'E19-E42, afin de sensibiliser les automobilistescoincés comme chaque jour dans les embouteillages, en distribuant quelques tracts.
Et de les interpeller sur un mode légèrement provoquant qui disait en substance: "vos enfants sont-ils trop paresseux pour rouler à vélo?" Non, bien entendu, "mais c'est ce que pensent les autorités", répond le collectif. Autorités qui, en n'investissant pas de manière cohérente dans des infrastructures adaptées, rendent la pratique du vélo dangereuse et brident les parents à laisser leurs enfants aller à l'école à vélo.
Pour avoir un bref aperçu de la situation, nous avons suivi ce matin une famille sur le chemin de l'école. Rendez-vous est pris rue Massart à Nimy, chez les Ghuisoland. Destination: l'école des Ursulines, le long du boulevard Kennedy à Mons, que fréquentent Anaïs et Madeleine. Un petit trajet d'1,4 km, pas le plus dangereux, mais pas non plus sans encombres.
Quatrevélos dans le hall d'entrée
La première difficulté commence avant même le départ à vélo: c'est le rangement des bécanes. "Dans une maison qui n'a pas de garage, ce n'est pas le plus évident", constate tous les jours Julien, le père de famille, quand il descend les montures de ses filles accrochées à un porte-vélo fixé au mur. Favoriser l'usage du vélo, ça commencerait par la mise à disposition de box vélos dans les quartiersoù l'habitat se compose majoritairement d'appartements ou de maisons deux-façades.
Une fois que tout le monde est prêt, la troupe s'élance. Fixé à l'arrière des vélos, on lit un petit rappel du code de la route: les voitures doivent s'écarter d'un mètre quand elles dépassent et les vélos peuvent rouler à deux de front, ce que fait la famille Ghuisoland, pour sécuriser les deux filles: "une enfant, ça ne roule pas toujours droit." Aujourd'hui, les automobilistes sont respectueux, mais ce n'est pas toujours le cas: "on se fait parfois frôler".
D'autant que les rues sont étroites et supportent une circulation de transit venant de l'encombrée Nationale 6: certains automobilistes veulent éviter le feu rouge installé au carrefour de la rue de la Procession. Et les rues étroites et à sens unique du quartier n'empêchent pas certains conducteurs à jouer les Fangio.Le souhait de Julien serait de voir ces rues devenir rues cyclables.
Tout, sauf une piste cyclable
"Ce sont des rues où les cyclistes sont les usagers les plus importants et où les voitures ne peuvent pas les dépasser, ni dépasser les 30 km/h", explique le père de famille. De quoi éviter la circulation de transit. Conscient qu'à Mons, les politiques de mobilité douce avance à l'allure d'un escargot, Julien, membre du Gracq Mons et siégeant à la commission mobilité de la ville, plaide déjà pour que les rues entourant le collège des Ursulines passent en rues cyclables, ce qui serait un bon début.
Les abords du collège, nous y voilà déjà et c'est le gros point noir, alors que nous mettons les roues sur la seule piste cyclable du trajet. Que nous n'aurions pas idéede considérer comme telle, si un signal d'obligation ne nous contraignait pas à monter dessus. Entre les piétonset les voitures garées, cette portion ressemble tantôt à un parking, tantôt à un trottoir, mais pas du tout à une piste cyclable.
C'est aussi la section du trajet où l'on se sent le moins en sécurité, à slalomer entre voitures, flaques et piétons pendant qu'on frôle une file de voitures sur la chaussée,alors que c'est la seule fois où nous nous trouvons sur un endroit exclusivement réservée aux cyclistes. Un comble.
Et qui nous donne envie de résumer laprise en compte la mobilité douce à Mons en ces termes:du grand n'importe quoi. Après cette petite balade matinale, nous faisons un détour par le Boulevard Kennedy. Histoire de parcourir une voie mixte cyclistes/piétons, où ces derniers sont sempiternellement sur la partie cyclable. Peut-on leur en vouloir, quand leur espace de marche se limite à la largeur de deux pavés en béton, quand il n'est pas carrément obstrué par un lampadaire?
