Mons: comment devient-on cheval de Saint-Georges?

Pour ce Doudou 2017, un nouvel acteur entrera dans l'arène du Lumeçon: Condé, fier étalon noir âgé de 11 ans. Il a fallu neuf mois pour accoucher d'un cheval capable d'emmener Saint-Georges dans sa lutte contre le mal.

Ugo Petropoulos
Mons: comment devient-on cheval de Saint-Georges?
Condé et Bruno Tournay, cheval et écuyer de Saint-Georges ©Ugo PETROPOULOS

Ce dimanche 11 juin, les spectateurs les plus attentifs noteront la présence d'un nouvel acteur dans l'arène du Lumeçon à Mons. Ce nouveau venu s'appelleCondé, il a 11 ans et pèse 400 kilos. Sa fonction: cheval de Saint-Georges. Avant son premier combat face au Dragon, ce fier étalon frison passe le temps tranquillement au pied d'un terril, dans la petite localité de Ciply, chez Bruno Tournay, cousin et écuyer de Saint-Georges.

Son écolage est aujourd'hui fini et il se détend lors de promenades vespérales avant le grand jour, dimanche.

Condé succède à Rio, malheureusement décédé en juin dernier, un moisaprès le Doudou, suite à un retournement de l'estomac. Incident fatal face auquel ses propriétaires et le vétérinaire n'ontrien pu faire.

Une fois le deuil passé, il a fallu se mettre en quête d'un remplaçant. Mais quels sont les critères pour devenir cheval de Saint-Georges?

"Il faut être bien dans sa tête, docile et avoir un bon caractère. Le cheval doit être gentil à la base", énumère Saint-Georges, incarné depuis huit ans par Olivier Tournay. Pour trouver la perle rare, les chasseurs de tête de l'équipe du Lumeçon se rendentà Liège, où une particulière vend quatre étalons frisons.

"Le contact est passé tout de suite avec Condé, se souvient Olivier, qui n'a pas hésité longtemps: "Le plus important, c'est qu'il y ait une complicité entre le cheval et son cavalier. Le courant, il passe tout de suite ou il ne passe pas du tout. Condé a un bon caractère, il se laissait mener...J'ai dit aux autres: 'C'est celui-là que je veux'". Et en matière de monture, l'avis de Saint-Georges est souverain...

Retour à la case poulain

Une fois rapatrié en terre montoise, l'apprentissage de Condé pouvait commencer...Et il fut long! Avant toute chose, il fallaitle remplumer. "Il était assez maigre quand on l'a eu, il lui manquait 80 kilos!" Une fois un poids correct atteint, le dressage a pu commencer, et là surprise: "On s'est rendu compte qu'il n'avait jamais été monté, et qu'il n'était pas débourré" (NDLR: préparé à être monté avec selle, etc.). Condé n'avait jamais eu de mors en bouche. "C'était donc retour au stade poulain".

Après s'être habitué au mors, Condé a appris à avoirselle et tapis de selle sur le dos. Heureusement, le cheval comprend vite. S'en est ensuite suivi la phase découverte du monde civilisé: "Il a fallu l'habituer à aller sur la route. Il n'avait jamais vu de trottoirs, de voitures, de vélos, de piétons..." Heureusement, Condé est un brave canasson: vigilant, mais pas peureux. "Au début, il avait l'oeil sur tout. Il faisait quelques écarts, mais n'en fait plus aujourd'hui."

A ce moment, Condé est fin prêt à l'ultime stade: l'entraînement au Lumeçon. "Ca n'a pas été facile", avoue Olivier. "La première étape a été de l'habituer au bruit. De la foule, des coups de feu, des instruments...J'ai d'ailleurs encore un tambour ici", dit-il en désignant l'instrument au coin de son salon.

Le dragon, c'est pour jouer, pas pour blesser

Puis il a fallu le familiariser au dragon et aux instruments du Lumeçon: lances, sabre, vessies de porc, carcasses de Chin-Chin...De quoi être déboussolé. Il a fallu y aller en douceur. "On a d'abord travaillé avec une vieille queue de dragon. J'étais sur Condé pendant que mon cousin zigzaguait avec la queue, passait avec au-dessus de sa tête, en-dessous...Puis on l'a testé avec l'ancien dragon du combat. Le tout était de lui faire comprendre que ce n'était pas du matériel pour lui faire du mal."

Une fois cela intégré, le jeu pouvait continuer: "On lui a posé la queue du dragon sur son encolure, tout s'est bien passé". Après le dragon, les autres personnages pouvaient rentrer en scène.Le Chin-Chin protecteur et ses clochettes, les Diables et leurs vessies qui cognent les Chin-Chins...Des répétitions impliquant tous les acteurs du combat se sont tenues et une fois que Condé ne s'est plus ému de ce spectacle insolite, c'était dans la poche: "Il était prêt pour la Ducasse".

Pour Olivier et son cousin Bruno, ce fut un écolage prenant: "Tous les deux jours, on le travaillait". Dimanche, on pourra juger si tout le temps passé aura porté ses fruits. Même si Condé est prêt, son cavalier et son encadrement seront particulièrement attentifs pour cette première. "Il n'a jamais connu une telle foule, les gens qui crient, ceux qui passent devant en courant...Il faudra être très vigilant. C'est un cheval qu'on doit apprendre à connaître, et ce n'est pas en un an qu'on le connaît parfaitement."

Mais Olivier Tournay est confiant: "C'est un cheval très fier et prestigieux. Dès qu'il sort du box, il est sur ses quatre pattes, toujours en train de trottiner". Fier et jouette, le Lumeçon devrait lui plaire.

Pas de photos

Pour cette première année, Condé ne sacrifiera pas à une tradition: accueillir des enfants sur son dos pour une petite photo-souvenir. "Comme on ne le connaît pas encore à 100%, on va éviter de mettre des enfants sur le cheval, on ne tient pas à ce qu'il y ait des blessés." Pour faire hue-dada sur le cheval de Saint-Georges, il faudra revenir l'an prochain.

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