30 ans de réclusion requis contre Gaetan Minne: «Il pourrait exister des circonstances atténuantes»
Ingrid Godart, avocat général à la cour d’assises du Hainaut, a requis mercredi une peine minimum de trente ans de réclusion criminelle à l’encontre de Gaetan Minne, reconnu coupable mardi d’un incendie volontaire qui a causé la mort de cinq personnes, dont ses trois enfants, de menaces et d’un fait de dégradation.
Publié le 10-05-2017 à 11h30
:focal(2524.5x1674.5:2534.5x1664.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/BCMJGDG65FDPLE6ATDD4JTBLQY.jpg)
Pour l’accusation, il pourrait exister des circonstances atténuantes pour ne pas prononcer la peine de réclusion criminelle à perpétuité.
L’avocat général a demandé aux jurés de prendre en compte le scénario élaboré par Gaetan Minne pour se venger d’une femme qui, pour la première fois de sa vie, lui résistait mais aussi l’extrême lâcheté avec laquelle Gaetan Minne a agi.
«Il n’a, à aucun moment, tenté de venir en aide à sa famille et il a pris la fuite d’une manière très lâche, avant de se cacher et de tenter d’échapper à la police à l’hôpital où il a tenté de prendre la fuite par le plafond», dit l’avocat général.
Ingrid Godart tient aussi compte des séquelles psychologiques terribles pour la petite fille sauvée des flammes par sa maman. «Cet enfant se retrouve seul au monde, privé de sa maman, de ses frères et de sa grand-mère». Enfin, l’accusation n’occulte pas l’émotion palpable dans la famille et chez les voisins.
Un risque important de récidive
Sur la personnalité de l’accusé, Ingrid Godart note que Gaetan Minne était connu des autorités judiciaires puisqu’il a été condamné dès son adolescence par le tribunal de la jeunesse de Tournai. Il est aussi passé devant le tribunal de police et devant le tribunal correctionnel de Tournai (15 mois avec sursis pour des vols avec violence et 6 mois pour des vols qualifiés).
Le rapport psychologique dressé par les experts ne plaide pas non plus en faveur de l’incendiaire. Un risque important de récidive est mis en exergue par les experts qui n’ont remarqué aucune empathie chez Gaetan Minne. «Il utilise l’autre pour assouvir son propre plaisir sans mesurer les conséquences chez l’autre», ont noté les experts qui ont ajouté que le pulsionnel prenait le pas sur la raison. Enfin, il a été qualifié d’égocentrique. «Ce profil psychologique est interpellant et ne me donne pas tous les apaisements pour l’avenir», poursuit l’avocat général.
L’avocat général admet cependant que l’enfance de Gaetan Minne n’a pas été une enfance idéale. «Son père biologique a été le grand absent de son histoire. Il a souffert de l’instabilité sentimentale de sa mère qui a multiplié les relations amoureuses».
Gaetan Minne a été placé dans différentes institutions et il a sombré lentement dans la délinquance. «Je l’ai bien connu quand j’étais substitut au tribunal de la jeunesse de Tournai. Combien j’ai espéré que les interventions soient efficaces et ne plus jamais avoir affaire à lui. Malheureusement, il en a été tout autrement», confie Ingrid Godart.
Enfin, l’avocat général estime que ses aveux et son attitude durant le procès, «il n’a pas cherché à se dérober», démontrent qu’il y a eu une amorce d’amendement, «et cela est à prendre en compte». Ces deux derniers points pourraient être des circonstances atténuantes pour l’accusation.
«On peut résumer son parcours de vie en un mot: le boulet»
Avant la clôture des débats, l’accusé a déclaré qu’il devait être condamné sévèrement mais qu’il comptait se battre pour une réinsertion sociale future.
La défense n’a pas contesté le verdict de culpabilité rendu mardi après-midi, d’ailleurs elle n’avait fait aucune contestation lors du débat sur la culpabilité. Pour Me Nabil Khoualène et Me Julien Charles, le sort de leur client se jouait lors du débat sur la peine qui s’annonce lourde, la défense en est consciente. «Il faut maintenant essayer de comprendre comment il en est arrivé à commettre les faits qui ont eu lieu le 22 juin 2015, qui ont tué toute sa famille», a déclaré Me Khoulalène.
Me Charles s’est penché d’abord sur l’esprit d’amendement de Gaetan Minne durant le procès, «ses aveux et ses regrets sont sincères et ce sont des circonstances atténuantes», dit celui qui en a retenu d’autres dans le parcours de vie de l’accusé.
L’avocat est revenu sur les témoignages de moralité. «On peut résumer son parcours de vie en un mot: le boulet. Un boulet qu’on se refile l’un l’autre», affirme Me Charles. Le conseil de Gaetan Minne a été heurté par le témoignage du père biologique «qui a osé déclarer ici qu’il était là pour lui alors qu’il n’a jamais rien fait pour lui», le comportement d’une mère passive qui privilégiait son couple à ses enfants et du beau-père qui lui a préféré son frère et qui le punissait.
Des mesures d’ordre éducatives ont été tentées sans succès «et le boulet a été trainé d’institution en institution». La défense note que la cadre scolaire a fait défaut chez Gaetan Minne. «Le directeur de son école dit qu’il avait bon fond mais qu’il n’était pas encadré». Pour ses avocats, on peut croire l’accusé quand il dit qu’il a toujours agi sans réfléchir. «Il n’a jamais eu aucune personne de référence», affirme Me Charles qui note que son client a eu treize domiciles connus, «sans oublier les institutions».
Seul au monde, Gaetan Minne s’échappait, dès l’âge de 13 ans, dans la pêche à la carpe, «où il était seul et se sentait libre» mais la pêche est devenue son excuse pour l’alcool qu’il a commencé à consommer dès l’âge de 15 ans.
La défense estime qu’il existe un espoir de réinsertion sociale chez l’accusé qui est âgé de 29 ans. «Je sais que le chemin sera long et dur mais je vais y arriver. Je dois être condamné sévèrement pour ceux que j’ai fait», a commenté Gaetan Minne.
Mardi, le jury avait prononcé la culpabilité de Gaetan Minne qui était accusé d’avoir volontairement bouté le feu, la nuit, à un bâtiment dans lequel se trouvaient six personnes (son ex-compagne, la mère de cette dernière et ses quatre enfants). Seule une petite fille âgée de quatre ans avait survécu à l’incendie. Les faits ont eu lieu le 22 juin 2015 à Marchienne-au-Pont (Charleroi).