Apprendre la langue des signes sur le net, c'est possible grâce à une association montoise
Passe Muraille, qui milite pour l'inclusion des personnes handicapées, vient de lancer sa plateforme E-Learning pour la langue des signes. C'est une première en Wallonie. Communiquer avec le million de malentendants est désormais à portée de smartphone.
Publié le 02-12-2016 à 13h45
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L'association montoise Passe Muraille vient de présenter sa plateforme de "digital learning" consacrée à l'initiation et l'apprentissage de la langue des signes. Si les modules pédagogiques pour apprendre les langues pullulent sur le net, il n'en existait aucun jusqu'à aujourd'hui pour apprendre à "signer". "Tout au plus on trouvait des capsules pour apprendre quelques mots, mais pas de plateforme avec un suivi et une vraie méthode pédagogique", explique Jean-Christophe Fairon, chargé de projet "Digital Learning" chez Passe-Muraille.
L'association montoise, qui milite pour l'inclusion des personnes handicapées dans la société, s'est donc engouffrée dans la brèche,d'autant plus qu'elle aconstatéque les entreprises et particuliers avaient de moins en moins de temps à consacrer pour suivre une formation classique d'initiation à la langue des signes, impliquant de bloquer une semaine ou plus.
Par contre, l'accès à l'information peut se faire très facilement pour la grande majorité de la population: tablettes, smartphones...Passe-Muraille a décidé de développer saplateforme d'apprentissage, avec ses propres ressources. Il lui a fallu 18 mois pour aboutir, partant de rien. "Quand on a la volonté de renverser les murs, comme c'est le cas de Passe-Muraille, on trouve la capacité d'investir dans des moyens qui vont permettre à tout un chacun de se rencontrer", déclare très solennellement le directeur de l'asbl Philippe Harmegnies.
Un million de malentendants en Belgique
Développer un tel outil est loin d'être un luxe pour Passe Muraille. La preuve en chiffres: en Belgique, il y a 9% de la population qui est sourde ou malentendante, avec une prévalence plus importante en Fédération Wallonie Bruxelles. Grâce à cette plateforme, tout le monde a un outil à portée de smartphone pour apprendre à communiquer avec presque un million de personnes, porteuses d'un handicap invisible.
Pour le moment, une formation est proposée, intitulée "l'accueil et la rencontre". Mais Passe Muraille entend aller bien plus loin, en proposant d'autres formations thématiques. Un approfondissement pour le secteur du tourisme et des loisirs sera développé. "C'est un domaine important pour l'inclusion de la personne handicapée", estime Philippe Harmegnies.
Suivra ensuite un module d'approfondissement à destination des acteurs des soins de santé, les sourds ayant parfois du mal à se faire comprendre par les soignants. Avec le E learning, Passe Muraille s'est lancé dans un créneau porteur, où il semble y avoir une demande. Alors que l'asbl n'avait pas encore communiqué sur sa plateforme, deux personnes suivent déjà la formation.
E-Learning, comment ça marche?
La première formation proposée par l'association vise à donner les clés d'une communication de base avec les personnes sourdes et malentendantes. La thématiques se découpe en 4 parcours composés de 43 modules, passant du théorique au pratique, mais aussi des modules d'accompagnement et d'évaluation. Les modules durent de 5 à 20 minutes. Pratique comme on a toujours du temps à perdre quelque part, sur le quai de la gare à attendre le train en retard par exemple...
Si toute la formation se fait online, il est possible de contacter les formateurs en cas de besoin ou de demande plus spécifique. "Il y a une approche singulière et spécifique de la formation suivant les apprenants", précise Jean-Christophe Fairon.
Plusieurs langues des signes
Parmi les projets de développement de sa plateforme, il y a l'exportation. Passe Muraille voudrait traduire la formation en langue des signes..française. Car oui, comme pour les langues parlées, il existe plusieurs langues des signes. Et on ne parle pas exactement la même langue des signes en Belgique francophone qu'en France.
Tout comme un sourd wallon et un sourd flamand n'auront pas les même codes. "C'est lié à la culture et à l'environnement, explique Maud Harmegnies, chargée de communication de Passe Muraille. Par exemple, on a des gestes différents pour ouvrir les fenêtres en Belgique, au Canada, aux Etats-Unis...Comme les châssis sont différents".
Mais Maud tempère, la tour de Babel a fait moins de dégâts chez les sourds-muets que chez les parlants. "Si vous mettez un sourd belge et un sourd japonais ensemble, ils se comprendront un minimumà la fin de la journée". Par contreleurs équivalents parlantsrisquent de passer la soirée en regardant leurs chaussettes.