A la chorale Saint-Paul à Mons, on chante avec le coeur pour la bonne cause
Chanter pour se faire plaisir et pour la bonne cause: depuis 4 ans, c'est le credo de la chorale Saint-Paul. Grâce à la Grande Clameur de Mons 2015, elle a quasiment doublé ses effectifs. Ce weekend, ses 50 chanteurs donneront deux concerts caritatifs à Frameries.
Publié le 22-11-2016 à 11h58
"Donne-nous un la. Non, un vrai la". On ne trompe pas l'oreille de Myriam Lorette, professeure de chant au Conservatoire de Mons. Même quand elle se transforme en cheffe de chorale composée de chanteurs amateurs, comme c'est le cas une fois par semaine. Dans un petit local au fond de la Maison d'accueil Saint-Paul de Mons, les membres de la chorale Saint-Paul participaient hier soir à l'avant-dernière répétition avant de donner deux concerts au Petit Théâtre de Frameries, ces 26 et 27 novembre.
La chorale Saint-Paul, c'est une belle success story. Elle nait en janvier 2012, suite à la venue de la chorale flamande Kontrari, qui se distingue par son répertoire: il est constitué de chants engagés. "C'était superbe, se souvient Lucie Mahieu, une des chevilles ouvrières de la chorale. "On s'est dit: et si on en faisait une aussi?"
Une fois que Lucie a pu convaincre sa voisine Myriam de diriger la chorale, constituée de sympathisants de la maison Saint-Paul à la base, c'était parti. Pour la prof de chant, diriger la chorale est une toute autre approche que de donner cours au conservatoire. "Seulement 20% des chanteurs de la chorale savent lire la musique. Certains n'avaient jamais chanté avant".
Elle n'a donc pas la même exigence et la même approche à la chorale qu'au conservatoire. "C'est totalement différent. Devant un public amateur, je transmets surtout avec mon coeur". A la chorale, on fait de son mieux et on se fait plaisir, il n'y a pas une grille de compétences à valider. "Mais mon bagage me permet d'aborder et de transmettre des choses de manière rigoureuse". Sa gestuelle est adoptée par tous.
L'effet Mons 2015
De 2012 à 2015, sur base du bouche à oreille, la chorale double son effectif passant d'une quinzaine à une trentaine. Puis arrive 2015 et la Grande Clameur. Un hommage à Roland De Lassus dans le cadre de Mons 2015 auquel participent les chorales de la ville.
"C'était le ras-de-marée", se souvient Lucie Mahieu. "Des gens se sont inscrits exprès pour la Grande Clameur. Certains avaient dit qu'ils ne continueraient pas. Mais ça leur a plu, ils ont apprécié l'ambiance et ils sont restés". Résultat: ils sont 50 aujourd'hui.
Désormais la chorale attire des nouveaux venus, plus nécessairement attirés par des connaissances. "Avant c'était un peu de la cooptation. Maintenant tout le monde vient, sourit Lucie". Des personnes attirées par la philosophie de la chorale, basée sur trois piliers.
Il y a d'abord le plaisir avant tout: "On va chanter comme on irait au yoga". Deux: on chante des choses qui ont du sens. "50% du répertoire, ce sont des chants engagés, qui ont été chantés par les masses pour défendre des causes". Meilleures conditions de travail, meilleur salaire, défense de la liberté...On voyage dans le monde entier en passant par la Révolution des Oeillets au Portugal aux revendications sur les conditions de travail des ouvrières des rizières en Italie.
L'autre moitié du répertoire est constituée de chants à textes, parlant de de problèmes sociétaux sans être militant. Pour Myriam Lorette, c'est un gros travail d'arrangement que d'adapter des chansons pas du tout écrite pour un chant de chorale. Parfois le défi est difficile: "J'ai dû mettre de côté une demande d'adapter Respire de Mickey 3D. Le l'ai mise de côté pour le moment, mais j'espère y arriver un jour".
Enfin le troisième pilier: faire plaisir à autrui. La chorale se produit dans des maisons de repos, chante pour des associations caritatives...Ce samedi et ce dimanche, elle se produira pour deux structures: le Foyer à Saint-Ghislain, un centre d'hébergement pour adultes handicapés mentaux et pour le projet Solange, pour aider à la construction d'un hôpital au Sud-Kivu (Congo).
C'est aussi pour ces causes que lundi soir, on a passé beaucoup de temps sur le Non non rien n'a changé des Poppies. Qui avait décidément du mal à rentrer. Mais s'il n'est pas parfait pour le jour J, ce n'est pas grave. Il y aura de quoi se rattraper sur une vingtaine de morceaux. Et puis, tant que ça vient du coeur...
Les résidents participent aussi
Si la chorale a été lancée par des bénévoles et sympathisants du foyer d'accueil, ses résidents peuvent bien entendu y participer. Ils sont d'ailleurs trois à chanter actuellement. Des anciens résidents qui ont transité par la maison Saint-Paul continuent de venir, ce qui peut faciliter leur réinsertion dans la société. "Généralement, ce sont des personnes assez isolées. Ici, c'est une opportunité de sortie pour eux, où ils ne sont pas du tout stygmatisés".
Merci les hommes
C'est une particularité qui distingue la chorale Saint-Paul de bien de ses homologues: elle compte plus une douzaine d'hommes dans ses rangs. Un luxe, là où des chorales peinent à en recruter un. Outre combattre un cliché (non, la chorale ce n'est pas réservé qu'aux dames grisonnantes) cet apport masculin permet à notre cheffe de chorale de disposer d'un panel de voix plus large, élargissant ainsi les possibilités dans le répertoire de la chorale
Infos pratiques: concerts le samedi 26 novembre à 20h et le dimanche 27 novembre à 16h, au Petit Théâtre de Frameries, Rue de l'Eglise 13. Réservations: choralesaintpaulmons@gmail.com