Les artistes ont pressenti les événements

L’avant-guerre, la «Belle époque», une période bénie brusquement fracassée par les canons en 1914? La seconde exposition proposée par le BAM à Mons démontre le contraire.

M.G.
Les artistes ont pressenti les événements
Regard, mai 1910, huile sur carton © Arnold Schönberg © Arnold Schönberg Center ©Arnold Schönberg Center

«Signes des temps» prouve combien, dans l’art d’avant-guerre on peut cerner l’agitation et l’instabilité de l’époque.

««Nous voulons montrer, explique la commissaire allemande de l'exposition, Nikola Doll, que la guerre n'est pas une crise soudaine mais qu'elle a été préparée par les hommes.» Partant de la période d'avant-guerre, via un mur de photographies d'époque issues des collections du Mundaneum, on découvre d'abord les progrès techniques, la transformation des villes, l'augmentation de la richesse économique, etc. «La période d'avant-guerre est une époque de prospérité mais aussi de transformations techniques, scientifiques, artistiques. On peut même faire un parallèle avec notre époque. Mais quand on analyse historiquement cette période, on se rend compte que les crises qu'elle traverse sont de plus en plus fréquentes. La chronologie de ces crises est la base de cette exposition.»

À travers quelque 150 œuvres d’art – peintures, sculptures, dessins, gravures – réalisées par une quarantaine d’artistes (dont Minne, Ensor, Munch, Spilliaert, Meunier, Paulus, Rops…) venant de six nations européennes, le visiteur découvre un monde en révolution et surtout des images visionnaires d’un futur qu’a posteriori, nous savons très sombre.

«Certains de ces artistes montrent une humanité qui souffre, d’autres dénoncent une urbanisation galopante, la culture de masse qui apparaît ou encore la difficulté des relations humaines. C’est le côté sombre de l’exposition. Mais on y découvre aussi l’utopie avec des artistes qui imaginent et illustrent de nouvelles façons de vivre, d’habiter, entre science-fiction et post-romantisme.»

Une exposition qui évoque aussi la naissance de l’artiste moderne. Une naissance parallèle à celle de la psychiatrie. Les liens entre les deux faisant aussi (et entre autres) l’objet d’une analyse dans le catalogue très intéressant qui accompagne et prolonge l’événement.

Jusqu’au 23 novembre au BAM à Mons. Catalogue «Signes des temps, œuvres visionnaires d’avant 1914» est publié par les éditions Racine et vendu 29€.

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