Les courses de drones s’invitent aux Jeux… mondiaux (vidéo)
Une délégation de 75 sportifs belges participe depuis jeudi aux USA aux Jeux mondiaux, rendez-vous multidisciplinaire de sports non-olympiques. Parmi eux, le Louviérois Maximilien Pellichero inaugure l’arrivée des courses de drones dans le programme de cette 11e édition.
- Publié le 08-07-2022 à 18h47
- Mis à jour le 08-07-2022 à 18h48
Il y a Jeux et… Jeux. Sommet du sport mondial tous les quatre ans depuis 1896, les Jeux olympiques sont évidemment les plus connus. Mais ils cohabitent depuis 1981 avec les Jeux mondiaux, qui réunissent également tous les quatre ans, différents sports ou variantes ne figurant pas (ou pas encore, voire plus) dans le programme olympique. Il en va ainsi de disciplines plutôt traditionnelles comme le squash, le tir à l’arc ou le ju-jitsu, mais aussi de sports plus insolites comme le tir à la corde, le sauvetage sportif (en piscine), le Parkour (sorte de gymnastique acrobatique urbaine) ou, pour la première fois, des courses de… drones. C’est précisément dans cette dernière discipline que va militer, ce samedi, Maximilien Pellichero, l’un des 75 sportifs qui composent le Team Belgium envoyé par le COIB à la 11e édition des Jeux mondiaux qui se tient depuis jeudi (et jusqu’au 17 juillet) à Birmingham aux USA (Alabama). Quelque 4000 athlètes y sont présents pour prester dans 30 sports (54 disciplines).
Pour le jeune Louviérois de 19 ans, il s’agira du plus grand moment de sa "carrière", un rendez-vous aussi prestigieux que des JO à ses yeux.
"Quand j’ai été au COIB chercher mon équipement du Team Belgium, j’ai compris l’importance de l’événement. Et en déballant le tout à la maison, j’ai vu qu’ils n’y avaient pas été de main morte: on bénéficie d’un uniforme complet – une première pour moi! – et cela rend fier. On va représenter notre pays comme le font les athlètes aux Jeux olympiques. D’ailleurs, dans ma tête, je vais à de véritables JO et toute médaille sera une médaille olympique! (NDLR: à ses côtés, Nicolas, son papa, n’est pas loin de verser une larme…). Et qui sait, peut-être que notre discipline sera un jour véritablement olympique". Comme le breakdance, par exemple, au programme à Birmingham et qui le sera aussi aux "vrais" JO, à Paris en 2024.
Bien décidé "à tout donner pour porter haut les couleurs nationales", Maximilien a découvert le monde des drones il y a environ 7 ans.
"Cela fait une petite dizaine d’années que les courses de drones existent vraiment et j’y suis venu un peu par hasard. J’ai commencé par faire du modélisme classique, avec des avions, en accompagnant mon père dont c’était (aussi) la passion. Puis un gars est venu au club (le Royal Model Club du Chaufour à Courcelles) avec un drone et j’ai trouvé ça génial. Logique à 12 ans! Comme mon paternel est un grand gamin, on en a acheté un ‘’pour voir’’, juste s’amuser, et je me suis pris au jeu. J’ai été repéré par un gars qui m’a poussé à m’inscrire à une compétition importante à Chartres, en France, et j’y ai gagné la finale. C’est là que tout a commencé… Depuis, j’ai été champion de Belgique Jr; je suis champion national toutes catégories, je suis dans le top 20 mondial (N.13), je fais des courses internationales, en Chine ou ailleurs et voilà que je vais aller pour la première fois aux USA grâce à ces Jeux mondiaux".
«Un vrai sport, pas juste un loisir»
Mais, au fait, en quoi consistent les courses de drones?
"On doit survoler durant quelques tours (les batteries s’usent très vite) un circuit tracé au sol et négocier des obstacles (des portes à franchir). Les compétitions se font sous forme de manches éliminatoires avec des courses par quatre. Les deux premiers arrivés se qualifient pour le tour suivant, et le vainqueur de la finale est le pilote titré. À Birmingham, on est 32 engagés. Côté mécanique, on utilise la technologie du FPV (First Person View), soit le pilotage via transmission vidéo de la caméra du drone vers un masque/lunettes permettant de piloter comme si on était "dedans". Chaque pilote est secondé par un coach qui, lui, travaille à vue (la législation impose d’avoir le drone à vue) et commente au pilote la position de ses adversaires etc. Il est les yeux du pilote coupé du monde par ses lunettes et qui ne voit donc pas ce qui se passe derrière son drone. C’est important pour que le pilote sache s’il doit continuer d’attaquer ou s’il peut gérer sa course etc. Les différents pilotes ont des drones similaires, mais jamais vraiment identiques à 100% car chacun construit les siens (coût, environ 800 à 1000€). Il y a évidemment un règlement à suivre en termes de taille, poids (les miens font 260 g sans la batterie), capacité et puissance des batteries, etc. Enfin, un drone va de 0 à 100 km/h en moins d’une seconde (bien plus rapide qu’une F1!) et fait du 200 km/h en vitesse de pointe".
C’est donc un vrai sport pour le Hennuyer.
"C’est vraiment un sport (et pas juste un loisir) car il faut beaucoup d’entraînement, une bonne gestion du stress (j’espère le gérer aux Jeux malgré la taille de l’événement) et une grosse capacité de concentration et d’excellents réflexes car cela va très vite et il s’agit d’éviter tout contact avec ses adversaires, souvent synonymes de soucis ou casses mécaniques. Alors, c’est vrai que cela n’est pas très physique, mais outre l’entraînement il ne faut pas oublier non plus toute la préparation en amont, la mécanique, les réglages".
Peut-on devenir pro de ce sport?
"En tout cas en exploitant ses capacités et sa dextérité pour des tournages vidéo (prise de vues, clips, pubs, événementiels, etc.), oui. Car la technologie du FPV permet énormément de choses. Pour ma part, à 19 ans, je suis en pleine formation à l’académie de police (à Jurbise), j’adore ce que j’y apprends, et je me dis que je pourrais peut-être faire valoir mon expérience de pilotage de drones, outils de plus en plus utilisés côté sécurité ou surveillance (notamment pour rentrer "visuellement" dans des bâtiments, éventuellement par un trou de souris, lors de prise d’otages etc.). Allier travail et passion ce ne serait que du bonheur!
En attendant, sportivement, c’est clair que mes journées de 8h à 17h à l’académie et le fait de devoir venir au club pour voler me pénalisent un petit peu par rapport à certains rivaux qui peuvent s’entraîner sans compter, parfois même dans leur jardin. Moi, je ne peux m’entraîner que le week-end et encore, en fonction de la météo (on est en Belgique!). Car s’il pleut, c’est foutu en général et même juste après, c’est toujours risqué car au moindre crash et chute dans l’herbe humide, de l’eau s’infiltre dans l’électronique. Mais je ne me plains pas. Et si certains pays sont plus avancés en Drone Racing, comme la Corée, par exemple, où il y a des formations de pilotage à l’école, ou en Chine où il y a carrément des écoles de drones, j’ai aussi plus de possibilités que d’autres".