Les plaisirs coupables de Has Been: «Notre fonds de commerce, ce sont les morceaux oubliés»
En délaissant les grands artistes et en se focalisant sur les succès sans lendemain, Has Been se singularise dans la jungle des groupes de reprises. Et redonne vie à ces chansons que l’on connaît tous sans savoir qui les chante.
- Publié le 01-08-2019 à 17h34
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Les coverbands, franchement, y en a marre. Ces groupes, composés généralement de bons musiciens, mais qui ont relégué la créativité aux oubliettes, ont envahi toutes les fêtes de la musique, de quartiers, de villages, éclipsant tout le reste… Leur succès est tel que des festivals leur sont consacrés. Bref, c’est l’overdose.
Et pourtant, même sur cette scène à la pléthore nauséeuse, certains parviennent à faire la différence. Comme Has Been. Formé il y a quatre ans suite à une fête d’Halloween à Besonrieux, ce groupe de huit joyeux drilles louviérois a choisi d’exploiter un sillon peu labouré des «coveristes»: les «one-hit wonder».
«Notre fonds de commerce, ce sont les morceaux oubliés. Ceux dont on ne connaît pas le titre, ni l'interprète, mais que tout le monde reconnaît au bout de quelques notes et que tout le monde peut chanter» explique Yves Vandamme, chanteur-guitariste à la base du projet avec son comparse batteur Steve Gillet.
L’impensable
Souvent, ces artistes n'ont qu'un succès à leur actif, ce qui explique que personne n'a jamais retenu leur nom. Avec Has Been, on échappe ainsi à la 156 000e reprise de Beat It de Michael Jackson, la 83 000e de Just Can't Get Enough de Depeche Mode, où le sempiternel We Will Rock You de Queen.
Mais c'est quoi l'exemple-type de chanson oubliée? «Time of my Life dans le film Dirty Dancing. Tout le monde la connaît et sait la chanter, mais personne ne songera à la mettre dans la playlist de sa voiture.»
Et presque aucun coverband ne reprendra ce morceau originellement chanté par Bill Medley et Jennifer Warnes, comme nous le renseigne Wikipedia. «Je crois qu'ils n'y pensent même pas, on dirait que ça n'entre pas dans les connexions neuronales», sourit Yves.
Dont le cerveau doit chauffer pour exhumer les titres oubliés. «S'appeler Has Been, c'est bien, mais on doit assurer et aller chercher des morceaux bien dépassés pour notre set.» Des morceaux dont on se souvient de bribes de paroles, de la mélodie, mais plus du titre ni de l'interprète.
L’étincelle
«Ce n’est pas toujours facile de retrouver ces chansons. Heureusement, une partie d’entre nous travaille aux Studios à Bracquegnies (NDLR: un lieu équipés dédié aux groupes amateurs de la région) et côtoie des musiciens qui peuvent aider. On est entouré d’une intelligence collective.»
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Qui permet d'exhumer notamment The Knack (My Sharona), Cindy Lauper (Girls just wanna have fun), Stilskin (Inside, la pub Levi's de 1994), A-ha (Take On Me)…L'objectif du groupe: qu'une étincelle s'allume dans le regard du spectateur quand il se remémore la chanson qu'il a pu chanter à tue-tête des années durant et qui était tombée dans les tréfonds de sa mémoire.
Et ça marche plutôt bien. Après l'instant de circonspection provoqué par le backdrop floqué «Has Been», le public entre dans le trip. «On se sent attendu au tournant, mais on bosse pour avoir les morceaux bien en place et qu'ils aient vraiment la pêche. Le public a une bonne surprise, après avoir eu le sourire en coin.»
Le porté
Un public plus jeune qu'attendu: «on s'attendait à séduire les trentenaires et plus, mais on a aussi pas mal de jeunes». Et fans notamment de Dirty Dancing, décidément très intergénérationnel et dont le souvenir est propice à quelques voltiges.
Certains, se sentant pousser des ailes, tentent de reproduire la scène du porté de Patrick Swayze et Jennifer Grey. Pas toujours avec succès. «On a déjà dû arrêter un concert», lâche Yves.
Un cas extrême, mais illustratif de l'ambiance des concerts d'Has Been. «C'est toujours spontané, les choses se passent très naturellement. D'un concert à l'autre, des gens viennent chanter sur scène, forment des farandoles…»
Qu’on le veuille ou non, Terence Trent D’Arby, les Backstreet Boys et une cohorte infinie d’interprètes aux succès sans lendemain se sont greffés dans notre cerveau. Et malicieusement, Has Been vient réveiller nos plaisirs coupables, mettant à nu nos amours primitifs. Alors, plutôt que de mourir de honte, tentons donc un petit porté…
Has Been, en concert à La Louvière ce vendredi 2 août à 21 h, en inauguration de La Louvière Plage, place Maugrétout. Infos: Has Been Band sur Facebook.