96 lapins, des chats et un chien enfermés dans une cave à Frameries

De nombreux refuges ont dû intervenir pour venir en aide aux malheureux animaux, dont certains n’ont pas survécu.

Emeline Berlier
Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire.
Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire. ©D.R.

C’est une fois encore face à l’horreur et la cruauté humaine que les membres de plusieurs associations de défense animale ont dû faire face, ce jeudi. L’asbl Animaux en Péril recevait en effet un appel alarmant d’une infirmière à domicile. Cette dernière venait de constater la présence d’une centaine d’animaux, enfermés dans la cave d’une patiente à Frameries. Sans attendre, les équipes des associations Animaux en Péril et Le Rêve d’Aby se rendaient sur place.

Ils y découvraient une situation épouvantable : 96 lapins, 2 chiens et 2 chats étaient ainsi détenus dans la cave d’une maison dans des conditions apocalyptiques. “Quand les équipes des associations arrivent sur les lieux, elles sont accueillies par la propriétaire des animaux qui se dit dépassée après l’achat d’un couple de lapins non stérilisés”, expliquent les associations.

Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire.
Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire. ©D.R.

Relégués à la cave, les lapins ont totalement envahi les lieux au milieu d’une véritable décharge. “La scène est ahurissante : un nuage de mouches se dissipe et les animaux, terrorisés, commencent à grouiller sur le sol encrassé. Les soigneurs professionnels et bénévoles avancent pas à pas, de peur de marcher sur un animal tant ils se faufilent dans chaque recoin de la pièce. Certains lapins sont détenus en enclos où le sol a disparu sous la saleté, d’autres sont cachés sous des détritus. La pièce est intégralement recouverte d’excréments et l’odeur d’ammoniaque est telle que les équipes des ASBL cherchent dans un premier temps à aérer la pièce pour offrir un peu d’air aux victimes.”

Des cadavres découverts en nombre

Ces dizaines de lapins baignent dans les urines et déjections et continuent de se reproduire. “Sur place, les intervenants découvrent des lapins angoras de tous âges : adultes, adolescents, lapereaux de 10 jours et lapereaux d’un jour. Pour ces derniers, il était déjà trop tard. La tragédie se poursuit en découvrant deux chats persans extrêmement maigres et souillés par les excréments et une chienne Yorkshire. La chienne, âgée d’une dizaine d’années, vivait cloîtrée à la cave, recroquevillée sur une litière sale.”

Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire.
Les lapins vivaient dans une cave à Frameries, sans soins et pratiquement sans oxygène, et continuaient à se reproduire. ©D.R.

Malheureusement, sans grande surprise, plusieurs cadavres d’animaux sont découverts par les équipes. “Certains sont coincés dans les grilles des enclos, d’autres sont déjà en décomposition. La prise en charge a débuté par la capture des chats et de la chienne, qui sont placés en cage et auscultés par un vétérinaire le soir même. Un toilettage a été nécessaire pour débarrasser ces animaux d’un pelage extrêmement encrassé et encombrant. Pour la chienne, la coupe des poils va notamment lui permettre de retrouver la vue.”

Pour les lapins, les équipes des associations doivent s’armer de patience, car les animaux se glissent dans chaque renfoncement de la pièce abandonnée. “Il a parfois fallu ramper sur le sol pour atteindre les endroits les plus inaccessibles et mettre en sécurité les derniers lapereaux apeurés. Les animaux sont placés un par un en cage de transport et conduit dans les véhicules des associations.”

Des animaux privés de soins

Les conditions d’hygiène désastreuses ont entraîné de graves problèmes de santé chez les animaux. “Ils souffrent tous d’une infestation de puces qui a causé beaucoup de plaies de grattage. Malgré la présence de nourriture en quantité, certains lapins affichent une maigreur inquiétante, signe de présence de vers, de maladies sous-jacentes et de bagarres causées par la promiscuité.”

De race angora, les lapins ont plus souffert encore de la longueur de leurs poils. “Les poils des lapins angoras poussent plus rapidement et plus longtemps que chez les autres lapins. Sans toilettage régulier, ces lapins sont rapidement handicapés par leur fourrure qui emprisonne leurs mouvements. Pour la majorité des lapins pris en charge, des parasites et des blessures sont cachés sous leur impressionnante fourrure. Les bourres de poils gênent l’évacuation de l’urine et des selles, et ont entraîné des infections et des myiases, une infestation par les mouches qui viennent pondre sur le lapin. Les larves se nourrissent ensuite de la chair du lapin qui en meurt en quelques jours.” Non soignés, certains lapins présentent des plaies purulentes, des brûlures aux pattes et de la gale dans les oreilles.

Pris en charge par une coalition de refuges

Animaux en Péril et Le Rêve d’Aby ont pu compter sur les associations Au Bonheur Animal, Help Animals, Equi’Chance, Happy Bunny, Lucky Stars, La Vallée des Animaux et Animal sans Toi… t pour leur prêter main-forte et accueillir la centaine d’animaux pris en charge. “Bien qu’étant de petits animaux, les lapins ont beaucoup de besoins et nécessitent un protocole sanitaire irréprochable. La surpopulation de lapins est une problématique majeure dans les refuges.”

Tous les animaux ont pu être logés en sécurité dans les différents sanctuaires des associations. “Ils bénéficient notamment de la bienveillance dont ils ont cruellement manqué jusqu’à présent et sont dorénavant protégés par les différentes associations qui les ont pris en charge. Les soins urgents ont été prodigués jusque tard dans la soirée et ajoutent du travail supplémentaire aux équipes des refuges déjà bien surchargées par le nombre d’animaux pris en charge depuis le début de l’année.”

La situation démontre une nouvelle fois la nécessité d’adopter en refuge plutôt que d’adopter en animalerie, et de se renseigner quant aux soins inhérents et indispensables au bien-être de l’animal. Un PV a été dressé pour infraction au Bien-être Animal et la propriétaire sera entendue par la police. Les associations espèrent que des sanctions à la hauteur des négligences constatées seront établies.

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