Recalée de la gendarmerie française parce qu’elle n’a pas parlé de son viol: le violeur de la Sambre s’excuse
Une Française qui souhaitait intégrer la gendarmerie a été recalée parce qu’elle n’a pas évoqué le viol dont elle a été victime. Elle l’a raconté mercredi lors du procès du violeur de la Sambre, Dino Scala.
Publié le 22-06-2022 à 15h30 - Mis à jour le 22-06-2022 à 15h48
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"Je ne voulais pas venir à la barre. Je souhaitais être présente au procès, mais pas pour parler. J’éprouve de l’angoisse, de la peur. Puis, mon avocat m’a convaincu de venir m’exprimer." Cette ancienne habitante de Saint-Rémy-du-Nord a aujourd’hui 41 ans, mais elle n’avait que 15 ans lorsqu’elle a croisé la route de Dino Scala, un Français de 61 ans accusé devant la cour d’assises du Nord de 56 viols, tentatives de viol ou agressions sexuelles commis pendant 30 ans.
Alors adolescente, elle marchait en direction de l’arrêt de bus pour se rendre à l’école."J’ai été étranglée par quelque chose", dit-elle."J’ai été projetée au sol, j’ai tenté de me débattre, mais je n’étais pas assez forte." Son agresseur l’a relevée, avant de l’emmener dans une pâture loin de la route.Après avoir déshabillé sa victime, il l’a mise au sol et l’a violée.
"Comment vous allez aujourd’hui?", demande le président de la cour d’assises à la Sambrienne. "C’est compliqué. Je suis angoissée. J’ai toujours peur que quelqu’un arrive derrière moi. Je ressens un sentiment de honte, aussi. Je n’en parle à personne. Très peu de personnes sont au courant."
La psychologue qui a examiné la victime évoque l’existence persistante d’un "syndrome de stress post-traumatique" plus de 20 ans après le viol. "Cette honte, je l’ai sur moi et elle restera", ajoute la victime.
Christophe Boudard, l’avocat de l’ancienne lycéenne, révèle que sa cliente a voulu passer le concours de la gendarmerie quelques années après son viol. Elle réussit les épreuves sportives, écrites et psychologiques."Dans le cadre de l’enquête de moralité, la gendarmerie est tombée sur mon dossier de victime. Pendant l’entretien, deux psychologues m’ont demandé d’évoquer un moment pénible de ma vie. J’ai refusé de parler de mon viol. J’ai raté le concours parce que je n’en ai pas parlé, on me l’a confirmé." "Voilà une conséquence très nette sur la vie professionnelle de ma cliente", insiste Me Christophe Boudard.
Dino Scala reconnaît être l’auteur de ce viol et présente ses excuses à la victime. "Elle ne doit pas se sentir coupable, le coupable c’est moi", dit-il au micro. "Vous l’aviez repérée avant?", l’interroge le président. "Non, c’était du pur hasard, il n’y a pas eu de repérage."