«Je ne guérirai jamais»: le poignant témoignage d’une Belge violée par le violeur de la Sambre
Deux ans après l’agression de sa voisine, une ado d’Erquelinnes a été violée par Dino Scala, un père de famille français. Treize ans plus tard, elle a témoigné devant la cour d’assises du Nord chargée de juger le violeur de la Sambre.
Publié le 22-06-2022 à 12h00
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Une jeune femme de 29 ans s’avance à la barre. Elle n’avait que 15 ans lorsqu’elle a été violée sur le chemin de l’école.C’était en 2009, à Erquelinnes. "Il était 6h45, ce jour-là", se souvient-elle."Je marchais le long de la route principale. Une rue où il y a un contrebas, un genre de grand fossé. Puis, j’ai entendu des pas derrière moi, je ne me suis pas vraiment inquiétée. Jusqu’au moment où j’ai senti ces pas se rapprocher, avec une présence très proche." Trop tard pour s’extirper.Son agresseur la saisit par la bouche et le haut du corps. "J’ai eu un cri d’horreur, de terreur.Pour me faire peur, mon agresseur me frappait sur la tête, tout en m’entraînant vers cette allée de garage en contrebas puis vers cette remise." Sur place, Dino Scala bâillonne sa victime, lui attache les mains dans le dos, lui bande les yeux.Avant de procéder à des attouchements sur cette adolescente."Il a baissé mon pantalon, il m’a fait coucher sur le dos. J’ai commencé à pleurer, je me souviens qu’il m’a dit qu’il n’aimait pas les filles qui pleuraient.Pour arrêter, il m’a mis le couteau sous la gorge.J’ai eu peur de mourir. J’ai arrêté de pleurer pour rester en vie."
À la barre, la jeune femme est en pleurs."J’ai entendu un bruit d’emballage en plastique. J’ai supposé que c’était un préservatif et je me suis fait violer. J’ai eu l’impression que ça a duré très longtemps. Quand mon agresseur a eu terminé, il a essayé d’enlever ma veste, mais il n’a pas réussi. Il a dénoué mes mains, m’a demandé d’enlever mes chaussures" pour avoir plus de temps pour prendre la fuite."Il m’a mis face contre le mur, il m’a demandé d’attendre quelques minutes. J’ai entendu des bruits de pas de quelqu’un qui s’éloignait. J’ai ensuite remis mes chaussures comme je pouvais et je suis partie en courant..."
L’adolescente se réfugie chez elle, où sa maman et son beau-père se trouvaient toujours."Je me souviens avoir hurlé en disant qu’on m’avait attrapée, qu’on m’avait eue."
Lorsque les policiers arrêtent celui qu’on surnommera le violeur de la Sambre, "j’ai reçu un message de mon père qui m’a dit d’allumer la télé". "Sur le coup, ça ne m’a rien fait, je crois que j’étais dans le déni à l’époque", explique la jeune femme. "Son arrestation, ainsi que son procès me font du bien.Mettre un visage, une voix sur la personne qui a détruit votre vie, c’est important. Ça fait du bien que ce ne soit plus un fantôme.Mais je pense que je n’en guérirai jamais. […] J’espère aller mieux après le procès." Sa vie a été émaillée de "relations toxiques, destructrices, même de violences conjugales", jusqu’à l’arrestation de son violeur. Ce que la victime a compris de ce drame? "Il y a des gens, des fous, des malades mentaux qui s’attaquent à des innocents, et je fais partie de ces innocents."
Ça aurait pu être quelqu’un d’autre…
"On ne peut que saluer le courage qui est le vôtre aujourd’hui", insiste la substitute générale.
Si Dino Scala reconnaît cette énième sordide agression, "je voudrais présenter mes excuses à madame". Sa victime, il l’avait repérée. À la question de l’avocat général de savoir ce qui l’arrête, le violeur de la Sambre répond: "Rien du tout, Monsieur l’avocat général."
À la question de Me Michaël Donatangelo, avocat d’une jeune femme, de savoir pourquoi il a violé cette victime-là, Scala répond: "Ça aurait pu être quelqu’un d’autre…"