Jean-Marie Potiez: une vie avec Abba, mais pas seulement
Biographe d’Abba, Jean-Marie Potiez publie "Un adolescent des années 70 (ma vie avec Abba)". Le récit initiatique d’un jeune homosensuel.
Publié le 04-11-2021 à 07h00
Parfois, des passions deviennent des professions. C'est le cas pour Jean-Marie Potiez. Subjugué par le groupeAbba lors de sa prestation à l'Eurovision 1974, il est devenu bien des années plus tard leur biographe officiel, auteur de plusieurs ouvrages de référence. Un parcours plutôt étonnant pour ce gamin du Nord de la France, devenu orphelin de père très tôt, et qui économisait franc après franc pour s'acheter les disques de ses idoles en Belgique. C'est ce parcours qu'il raconte dans Un adolescent des années 70 (ma vie avec Abba). Un récit précis, truffé d'anecdotes, qui nous replonge dans l'époque des disquaires et des vinyles, des émissions de Guy Lux et Danièle Gilbert…
Jean-Marie, vous avez déjà écrit de nombreux ouvrages, que ce soit sur Abba, le disco, Grace Jones, les tubes de l’été… Qu’est-ce qui vous a poussé à vous raconter, cette fois-ci?
Depuis que j’ai sorti mon premier livre en 2000, on me demande toujours comment est venue ma passion pour Abba. Ma réponse a toujours été "Je suis tombé dans la marmite…", un coup de foudre à l’Eurovision le 6 avril 1974. Un jour, je me suis dit que j’allais l’écrire sur une page ou deux pour bien expliquer ce que j’ai ressenti… Et puis mon entourage m’a dit d’en faire un livre…
Et donc plus qu’un livre sur Abba, c’est un livre sur la vie d’un adolescent qui vit à la frontière franco-belge dans les années 70.
Voilà. J’ai voulu raconter ces années qui m’ont marqué avant mon départ pour Paris à l’âge de 18 ans. Ce sont des années d’adolescence où il y a à la fois la découverte de la musique – avec Abba comme compagnons quand cela va moins bien – et puis ma vie personnelle.
Vous n’écoutiez pas qu’Abba…
Non, j'étais aussi fan de glam-rock, avec Gary Glitter, les Sparks, les Sweet… J'étais vraiment là-dedans. Je n'avais pas de tourne-disques mais je les entendais à la radio. Quand Abba est arrivé à l'Eurovision en 1974, ils avaient un look et un titre glam-rock. Et quand je les ai vus, j'ai été subjugué, hypnotisé, plus rien n'existe…
J’ai pesté contre la presse qui s’intéressait plus aux Rubettes qu’à Abba.
Cette passion a été synonyme de frustration, car les médias français n’avaient pas la même passion que vous…
Oui, c'est vrai. J'ai pesté contre la presse qui s'intéressait plus aux Rubettes qu'à Abba. Mais je crois que les journalistes avaient compris que parler des Rubettes était plus vendeur.
Heureusement, vous habitez non loin de la Belgique à cette époque-là et il y a une certaine Mme Donfut, disquaire à Erquelinnes, qui va devenir votre meilleure fournisseuse…
(rires) Oui! La famille Donfut avait trois magasins; Jemappes, Quiévrain et Erquelinnes. En France, il a fallu attendre deux ans après l’Eurovision pour qu’on reparle d’Abba, avec le titre Fernando. On ne voyait pas un seul article dans les journaux… J’étais dégoûté. À un moment, j’ai même pensé qu’ils s’étaient séparés. C’est le magazine belge Juke-Box qui m’a sauvé la vie!
Parfois, on dit qu’il ne faut pas approcher ses idoles car on risque d’être déçu. Mais ce n’est pas le cas avec Abba. Ils sont tellement gentils!
Parmi toutes les anecdotes que vous racontez, il y en a une qui m’a marqué: vous avez téléphoné personnellement à Bjorn à son hôtel, quand le groupe se trouvait en France…
J’avais découvert qu’il y avait moyen de les joindre juste en mettant le numéro de la chambre à la fin. Je raconte aussi mes nombreuses rencontres avec eux, pour montrer ce côté humain. Parfois, on dit qu’il ne faut pas approcher ses idoles car on risque d’être déçu. Mais ce n’est pas le cas avec Abba. Ils sont tellement gentils! Et ils le sont restés.
Jean-Marie Potiez, «Un adolescent des années 70 (ma vie avec Abba)», Éditions Olaa., 300 p.