Bénévole au Dour Festival: le bagne ou la belle vie?
Des bénévoles du festival de Dour se plaignent de leurs conditions de travail, qu’ils jugent inacceptables. 3D ASBL, qui encadre les équipes de nettoyage, répond: tout est mis en œuvre pour que les prestations soient réalisées dans les meilleures conditions.
- Publié le 03-08-2018 à 16h53
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Est-ce un calvaire de nettoyer le site du festival de Dour? C'est en tout cas ce que laisseraient entendre des témoignages de bénévoles qui nous sont récemment parvenus. «Chaque année les bénévoles et moi-même voyons les conditions se dégrader», affirme Laura, bénévole depuis quatre ans à l'équipe Green Cross à Dour.
Elle dénonce une restriction des tickets nourriture et boisson donnés aux bénévoles, un guide des bénévoles «approximatif», ou encore des consignes peu claires: «beaucoup ne savent toujours pas comment trier les déchets pour la simple et bonne raison que l'information n'a jamais clairement été transmise aux bénévoles en début de festival.»
Quant aux conditions du ramassage des déchets, elles seraient peu reluisantes: le ramassage des déchets se fait à la main. «Et oui, cette grande machine qu'est Dour ne peut pas investir dans les pinces de préhension», ironise Laura.
«Nous portons des gants mais sachez que l'année dernière et celle d'avant, il y a 2 matins où les responsables étaient dans l'incapacité de nous fournir des gants et nous ont quand même demandé de ramasser les déchets.» Léa, une autre bénévole, corrobore: «Le premier jour rupture de gants. On nous file des gants en plastique. Mes doigts ne rentrent même pas dedans.»
Manque d’eau?
Quant à la nourriture et aux boissons, elle serait distribuée avec parcimonie selon elles. «Aucun petit déjeuner fourni avant de bosser sauf un petit pain ou un croissant deux fois dans la semaine à condition d'avoir fini son boulot à tel endroit.», raconte Laura. L'eau non plus ne coulerait pas à flot, malgré la chaleur: les bénévoles auraient droit à une bouteille d'eau tous les deux jours.
Enfin, les deux bénévoles pointent un management et une organisation pas très carrée, où les temps de pause ne sont pas définis, menant à des tensions dans les équipes.
Les deux bénévoles déçues se considèrent comme les porte-voix de plusieurs de leurs congénères. «des bénévoles quittent le navire parce qu'ils considèrent que les conditions sont inacceptables! Et c'est tout à fait légitime. Mais pour celles et ceux qui restent, on leur en demande toujours plus, à la limite du supportable […]. Certains bénévoles finissent par faire des vertiges, ont des douleurs dorsales et j'en passe… En ce qui me concerne, j'ai fini le dernier jour à la Croix Rouge parce que je n'étais plus capable de marcher.»
Législation bien-être au travail respectée
Du côté de l’ASBL 3D (Dour Développement Durable), qui encadre les «Green Team», on s’étonne de ces griefs, auxquels sa présidente Sylvie Denoncin répond point par point.
Concernant le volet nourriture/boisson, «le nombre de tickets n'a pas changé. Les volontaires ont, en fonction de la durée de prestation, un sandwich, des boissons et des jetons nourriture qui font l'objet d'une convention.» Bref, pas de surprise, tout est préalablement fixé.
À propos de l'accès à l'eau, «au vu des températures élevées, des fontaines à eau à destination des équipes (en plus des boissons prévues) étaient disponibles, ainsi que des points d'eau courante et potable sur le site.»
«Nous faisons appel à un conseiller en prévention durant la période du festival et respectons scrupuleusement la législation en matière de bien-être au travail et mettons des points de retrait des softs à destination exclusive des volontaires.»
Pour ce qui est des consignes, le guide fourni par l'organisation «reprend le plan de l'événement, les informations pratiques, lieu de retrait des sandwiches et nourriture, des infos sur la mobilité interne, le règlement du camping crew… Nous complétons ce guide avec une fiche de poste, un descriptif de la technique de ramassage ainsi que les consignes de tri telles que nous les avons développées depuis 3 éditions», rétorque Sylvie Denoncin.
«Les gens ne veulent pas des pinces»
Quant au matériel insuffisant, là aussi la présidente de 3D dément: «On a des pinces dont les gens ne veulent pas car ils trouvent que cela marche mieux à la main, s'étonne-t-elle. Des gants on en a également largement en suffisance et le premier jour est celui où nous en avons distribué le plus. J'étais moi-même à la distribution.»
Les équipes ont également à leur disposition des brouettes, râteaux, pelles… «et des sacs-poubelles largement en suffisance, au vu du stock restant.»
Concernant l'organisation du travail et les temps de pause, leur gestion est laissée à l'appréciation des responsables de chaque sous-équipe. Mais parfois, les pauses n'étaient pas nécessaires: «Les shifts sont de 6 heures mais effectivement cette année, les festivaliers ayant fait un gros effort quant à la propreté du site, il est arrivé qu'en 2 heures de ramassage le matin tout était terminé», fait remarquer Sylvie Denoncin…
Sylvie Denoncin termine en soulignant que la formation des volontaires a été développée ces dernières années, avec notamment l’organisation d’une journée des volontaires afin d’améliorer chaque année les infrastructures d’accueil à destination des volontaires et à les valoriser.