Élections communales 2018: à Colfontaine, un troisième mandat tend les bras à Luciano D’Antonio

Dans la petite entité de 36 km2 où vivent 20 800 habitants, c'est Luciano D'Antonio qui occupe le poste de bourgmestre depuis 2007.

Mais si son parti jouit de la majorité absolue avec 15 sièges sur 27, il a connu une baisse lors du scrutin de 2012, chutant de 6% par rapport aux élections de 2006 et perdant quatre sièges. Afin de jouer l'ouverture et d'affaiblir le groupe d'opposition, Le PS a proposé au MR, le perdant de 2012 qui était passé de 4 à 2 sièges, de s'embarquer avec lui en majorité.

La cause de cette chute? Sans doute la dissidence de Patrick Piérart, ancien bourgmestre qui a démissionné en 2007 suite à des démêlés judiciaires, pour lesquelles il a été partiellement blanchi (une affaire dans laquelle il est prévenu doit encore être jugée). Ce dernier réunissait 12,25% des voix à la tête de la liste RSCC.

Colfontaine Plus (C +), cartel cdH-Écolo avait de son côté séduit un quart des Colfontainois votants.

Mais en 2018, le paysage politique sera quelque peu différent et à l’avantage du parti dominant depuis toujours la vie politique locale…

Les forces en présence

Population: 20 762 habitants

Nombre de sièges: 27

Colfontaine: composition au conseil communal et résultats 2012
Infogram

Les postulants en 2018

Côté PS, c'est très confiant que l'on aborde ce scrutin 2018, ne s'imaginant pas vraiment que la majorité absolue puisse tomber. C'est avec une liste rajeunie, mais toujours menée par Luciano D'Antonio que le PS se présentera le 13 octobre. Avec aussi une recrue transférée du principal groupe d'opposition.

Ainsi, ne cherchez plus le nom de Maria-Mercedes Dominguez à la tête de la liste C +, qu'elle aurait dû emmener. C'est sur la 26e place de la liste PS emmenée par le bourgmestre sortant qu'on la retrouvera.

Dans un premier temps, M.-M. Dominguez avait annoncé quitter la vie politique, déplorant des tensions qui étaient apparues entre les composantes Écolo et cdH du cartel C +, Écolo remettant en cause le choix de Mme Dominguez pour mener la liste C + en 2018. Mais trop content d’enrichir son groupe et de porter un coup à l’opposition, Luciano D’Antonio l’a sollicitée pour figurer sur sa liste.

«À part certaines choses que je n'aurais pas faites de cette façon, PS et cdH n'ont jamais été très loin à Colfontaine. Et malgré nos différends et nos prises de bec de temps en temps, Lucien D'Antonio a toujours été respectueux avec moi», expliquait-elle à Sud Presse.

Des déclarations qui ont dû en étonner plus d’un, tant les débats étaient houleux au conseil communal en début de mandature, l’opposition allant même jusqu’à introduire un recours pour déni de démocratie auprès du ministre des pouvoirs locaux en 2015, puis à quitter le conseil communal en pleine séance.

«Nous en avons assez d'être traités comme des moins que rien, comme les méchants conseillers de l'opposition qui embêtent la majorité», déclarait Maria-Mercedes Dominguez à la DH en octobre 2015…

Ce retournement de veste n’étonne pas trop Écolo, finalement soulagé de ce revirement. Il faut dire qu’avant de quitter le cdH, M.-M. Dominguez avait déjà quitté Écolo…

Pour reprendre les rênes du principal groupe d'opposition, c'est Lionel Pistone qui a été désigné. Membre du cdH, il est le plus jeune de la liste qui veut de la sorte miser sur l'avenir. Les autres composantes du cartel C + sont également représentées en tête de liste: Cécile Dascotte (Écolo) en 2e position, Didier Golinveau (DéFI) en 3e position et Esmeralda Lemaire-Becattini en 4e pour l'incontournable mouvance «citoyenne».

Autre gros changement dans l'opposition: Patrick Piérart ne se représente plus, à Colfontaine du moins. L'ancien bourgmestre socialiste, passé un temps chez DéFI, a en effet décider de se présenter à… Mons, sur la liste du MR Bouchez baptisée «Mons en Mieux». L'homme disait avoir fait le tout de la question à Colfontaine et estimait ne rien pouvoir apporter de plus à sa commune.

Si le RSCC de Patrick Piérart disparaît, une nouvelle liste a fait son apparition: «Oxygène», un nouveau mouvement citoyen qui doit vouloir dépasser les vieux clivages gauche-droite et proposer des solutions durables. Elle sera tirée par Olivier Hermand. Sur cette liste, on retrouve Jean-François Hubert, élu en 2012 sur la liste de Patrick Piérart et passé par le PTB.

A droite, il y aura du monde à Colfontaine. Le MR se représente sous son nom, avec le même chef de file: Olivier Mathieu, échevin à l'urbanisme, au logement et à la mobilité. Satisfait du bilan de la mandature PS-MR, il rempilerait bien pour une majorité si l'occasion se présente.

Sera-t-il handicapé par une nouvelle concurrence qui se présente sur sa droite? Colfontaine est une des 6 communes de l'arrondissement de Mons-Borinage où le parti «Droite Citoyenne» a décidé de se présenter. Laurent Dehaes, un électricien de profession, mènera une courte liste de six candidats.

Il aura un concurrent direct en la personne de Gaëtan Cardella, ancien militant PS passé à l'extrême-droite qui mènera une liste estampillée Parti Populaire.

En politique, on aime les sportifs. En compte un(e) sur sa liste est toujours une satisfaction pour les partis, qui disposent d’un attrape-voix de choix.

Au niveau communal aussi, on retrouve aussi quelques sportifs engagés sur des listes candidates. Le PS de Colfontaine peut ainsi se targuer de la candidature de la championne de judo Anne-Sophie Jura, sixième de la liste.

A 25 ans, Anne-Sophie Jura peut déjà se targuer d’un joli palmarès. Championne d’Europe junior en 2009, elle a été trois fois championne de Belgique des -48 kg depuis 2014. Son dernier haut fait d’arme: une troisième place au tournoi de Varsovie. elle vient de s’envoler pour Bakou (Azerbaïdjan) avec l’objectif de briller aux championnats du monde de judo, qui débute ce 20 septembre prochain.

Trois semaines après son retour, elle sera peut-être élue conseillère communale. Pourquoi s’engager, alors que sa carrière sportive est bien remplie?

«J'avais déjà deux activités avant: le sport et les études. J'ai toujours su les combiner. Ne faire que du sport tout le temps, ça ne me convient pas non plus. J'ai besoin d'un équilibre pour m'épanouir. Et quand je fais quelque chose, je le fais à fond, même si je dois m'absenter de temps en temps», expliquait-elle à Sud Presse.

Ses études finies, elle a voulu se lancer un nouveau défi. «J'ai plus de maturité pour me lancer dans la politique avec ce que j'ai appris dans mon sport, car c'est une belle école de la vie. Aujourd'hui j'ai la volonté d'aider les autres et le PS est le parti qui se rapproche le plus de mes valeurs, l'égalité et la justice»,

C’est elle qui a été voir le bourgmestre pour lui proposer ses services, précise Luciano D’Antonio. Qui voit en elle sa future échevine des sports? On verra après les élections, répond-il.

Bilan et perspectives: Van Gogh pour relancer l’économie?

Le profane aura du mal à voir en la rénovation d’une l’habitation modeste à Wasmes un outil majeur de développement économique local. La rénovation de cette petite maison sise au 221 de la rue Wilson fut pourtant la réalisation majeure de cette mandature. Car cette maison n’est pas n’importe laquelle: c’est là que Van Gogh habita en 1879 et prit conscience des conditions de vie des mineurs qu’il était supposé évangéliser.

Longtemps laissée à l’abandon, la commune a voulu rénover l’habitation pour profiter de l’aura de Mons 2015, qui faisait de la figure de Van Gogh une de ses principales têtes d’affiche. Localement, on prenait enfin conscience de l’attrait touristique et culturel des traces immobilières laissées par le peintre, qui attirent des milliers de pèlerins.

La rénovation fut compliquée: il a fallu exproprier le propriétaire, négocier avec la Fondation Mons 2015, trouver des subsides…Finalement, la maison rénovée a été ouverte au public en juin 2015. Aujourd’hui, la Maison Van Gogh de Colfontaine est inscrite aux «routes Van Gogh», attirant des centaines de visiteurs à Colfontaine.

Désormais, le bourgmestre sortant veut développer l’économie locale autour de ce spot touristique. Deux commerces ont déjà ouvert depuis l’inauguration de la maison Van Gogh et Luciano D’Antonio espère que le mouvement se poursuivra.