«Plus Oultre», le documentaire qui dévoile le carnaval de Binche sous toutes ses coutures
Montré pour la première fois en 2012, le très riche documentaire «Plus Oultre», consacré au carnaval de Binche, connaît une seconde vie sur internet.
Publié le 15-02-2021 à 16h05
Et si on profitait de cette année sans carnaval pour en apprendre davantage sur ce folklore? C’est ce que proposent les Binchois Frédéric Ansion et Robert Devin. Le premier, gille et président de société, est devenu une référence en matière d’histoire locale et du carnaval de Binche. Le second est photographe et vidéaste amateur depuis un demi-siècle.
Ensemble, ils ont réalisé le documentaire Plus Oultre, réalisé à partir d’images d’archives et tournées entre 2009 et 2011. Plusieurs fois projeté au théâtre communal de Binche en prémisses du Carnaval 2012, puis édité en DVD les deux réalisateurs ont décidé de lui donner une seconde vie en cette année particulière, en le diffusant sur YouTube depuis samedi.
«On a voulu profiter de cette année exceptionnelle pour que les gens puissent visionner ça en famille tout en revoyant quelques personnes importantes qui ont marqué le carnaval», explique aujourd’hui Frédéric Ansion, coauteur.
Neuf ans après, leur film garde toute sa pertinence. Si le document retrace le fil conducteur de la préparation du carnaval au déroulement des jours gras, son intérêt réside dans l’aspect scientifique et anthropologique du folklore binchois.
Témoignages précieux
«On a eu la chance d’avoir le témoignage des trois premiers conservateurs du Musée International du Carnaval et du Masque et ce sont des témoignages importants que nous ne devons pas oublier», tant leur éclairage sur les origines du carnaval s’avère inestimable, comme celui offert par Samuël Glotz. Il fut le premier à remettre en question les origines supposées incas du personnage du gille.
«Ça a été l’occasion de remettre les choses au point. Le gille est un personnage hétéroclite qui n’est pas venu du jour au lendemain tel quel. Certains éléments sont archaïques, tels la paille ou le sabot, tandis que d’autres sont très modernes comme le drapeau belge… Le gille a suivi l’évolution de la société et on ne trouvera jamais son origine même», estime Frédéric Ansion.
Le documentaire met également en évidence la façon dont le carnaval a évolué. On apprend notamment que c’est à la fin du XIXe siècle qu’il devient pour Binche un argument touristique et qu’il convient de lui donner le plus d’éclat possible, en le subventionnant.
Le rôle essentiel des artisans
On apprend également que le carnaval n’était pas qu’une affaire de Binchois, des sociétés étrangères ayant été invitées jusqu’à la première guerre mondiale. Ou encore que les règles encadrant la sortie des gilles ont évolué, ceux-ci n’ayant pas toujours été cantonnés au mardi gras et à leurs remparts. On apprend par exemple qu’en 1947, il y eut… deux carnavals, ou qu’en 1958, des gilles défilèrent à Bruxelles un 21 juillet.
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Le documentaire Plus Oultre n’oublie pas les artisans du carnaval, que sont les louageurs de costume, sabotiers, fabricant de masque, mais aussi d’instruments.
Se plonger dans leurs ateliers permet de comprendre à quel point ces artisans sont des chevilles ouvrières de ce folklore, qui est véritablement leur raison d’être. D’où cet engouement pour la cagnotte lancée en leur soutien par l’Association de Défense du Folklore et qui a réuni près de 600 donateurs à l’aube du mardi gras. Et ce n’est sans doute pas fini.