Le carnaval de Binche réfléchit à exister autrement
Le carnaval de Binche aura-t-il lieu en 2021? La question sera tranchée d’ici la fin de l’année, après concertation de tous les acteurs.
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Publié le 10-09-2020 à 15h31
Une invitation à une conférence de presse ayant pour objet le carnaval de Binche à cinq mois de l’événement, voilà qui interpelle. Une telle anticipation a rapidement fait planer le spectre d’une annulation en raison de la situation sanitaire.
Mais il n’en est rien, du moins pas pour l’instant. «Une rumeur veut que nous ayons pris la décision d’annuler le carnaval. Ce n’est pas le cas», évacue d’emblée le bourgmestre de Binche Laurent Devin. Si l’inquiétude est apparemment déjà forte chez les Binchois et dans toutes les communes alentour, faire une croix sur la saison carnavalesque à venir n’est pas encore à l’ordre du jour.
Néanmoins, la question d’une organisation, d’un aménagement ou d’une annulation doit se poser. Et elle le sera dès maintenant. «La décision sera du ressort des présidents de sociétés et de tous les acteurs du carnaval, que l’on rencontrera dès ce soir.»
Continuer de vivre, même avec le Covid-19
Les autorités communales voient une ouverture en la demande de la 1re ministre Sophie Wilmès aux experts de définir «les protocoles qui vont nous permettre de vivre demain, au travail et dans les loisirs.» Des protocoles qui, dès fin septembre, puissent permettre «de continuer à vivre en respectant certaines consignes.»
Tout comme il y a des protocoles sports, culture… les autorités locales espèrent qu’un «protocole folklore» leur permettra de maintenir le carnaval, moyennant quelques aménagements.
Dès ce soir donc, les présidents de sociétés de gilles seront rencontrés pour voir dans quelles seront conditions on peut envisager l’organisation des jours gras, mais aussi de toutes les activités qui précèdent et qui font partie de la vie du carnaval: bals, soumonces, auditions…
Tout en sachant que rien n’est coulé dans le marbre, l’évolution de l’épidémie s’avérant imprévisible et que le carnaval implique la mobilisation d’autres éléments externes à la ville: police fédérale, artificiers, etc.
Prêt à un carnaval différent
La Ville veut pouvoir élaborer plusieurs scénarios, en concertation avec tous les acteurs de la fête. «Si une éclaircie arrive comme au début du cortège du mardi gras, on veut être prêt», assure le bourgmestre.
Du côté de l’Association de Défense du Folklore (ADF), garante du respect des traditions carnavalesques, on ne craint pas de bousculer les habitudes. En rappelant un précédent: celui des grandes grèves de 1960.
«Elles ont eu pour conséquence que lors du carnaval de 1961, il n’y a pas eu de soumonces et le carnaval s’est tenu uniquement lors du dimanche et du mardi gras», rappelle Daniel Pourbaix, président de l’ADF.
«Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas d’adaptation si la situation le permet. Nous ne sommes pas rivés à une séquence déterminée. On peut imaginer d’autres scénarios respectueux du folklore et s’y atteler maintenant.»
Voire un carnaval sans public extérieur, ou presque. «Tout est possible.» Binche se donne jusqu’à la fin de l’année pour statuer sur le sort de son carnaval, afin «d’éviter que des gens ne dépensent leur argent pour rien. Certains se privent de vacances pour vivre le carnaval», rappelle le bourgmestre.
Néanmoins, les autorités préviennent: on ne fera pas carnaval à tout prix. L’adaptation du carnaval dépendra de l’évolution de la situation dans les semaines à venir. «Nous ne sommes pas déconnectés», rappelle le bourgmestre, qui entend que Binche reste un modèle dans la lutte contre la propagation du virus.
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