Renversé par une voiture à Cuesmes, il ne souffre… que d’une fracture de l’auriculaire

La tentative de meurtre, retenue par le parquet, a été requalifiée en coups. La défense plaide l’irrecevabilité des poursuites.

 Les condamnés ont eu raison d’aller en appel à Mons: deux d’entre eux écopent finalement d’une peine plus légère.
Le prévenu a fait appel du jugement le condamnant à deux ans de prison. ©BELGA

Le 10 mars 2019, il y a du monde dans ce restaurant de Cuesmes qui offre un libre-service au bar. Certains clients en profitent pour boire plus que de raison. Il est 1h45, un homme sort pour vapoter sa cigarette électronique sur le parking. Un autre homme s’approche de lui. Il y a une vive discussion entre les deux hommes, visiblement éméchés.

Une serveuse, sortie pour fumer sa cigarette, est témoin de la scène. Elle voit les deux hommes qui se chamaillent, puis deux groupes de plusieurs personnes se battre sur le parking. Un autre témoin indépendant déclare : “J’ai entendu un homme crier : je suis une grosse tête de Ghlin. Il a été frappé, il est tombé au sol, s’est relevé et est monté dans une Golf, laquelle a fait un premier tour de parking à vive allure, puis un second”.

Jérémy, qui se trouve un peu plus loin, entend sa copine crier “attention ! ” Selon le parquet, il est heurté par la Golf et est projeté en l’air. Il dépose plainte trois jours plus tard, après être passé par les urgences. Son état de santé est bon, il ne souffre que d’une fracture au petit doigt.

Poursuites irrecevables ?

Le parquet de Mons ouvre une enquête pour une tentative de meurtre contre Julien, propriétaire de la Golf. Cette tentative d’homicide est requalifiée par le tribunal en coups et blessures ayant entraîné une incapacité de travail de plus de quatre mois. Mercredi, devant la quatrième chambre correctionnelle de la cour d’appel, le ministère public a demandé de confirmer le jugement et la peine de deux ans, assortie d’un sursis de trois ans.

Me Ambre Biefnot, pour la défense, plaide l’irrecevabilité des poursuites, dénonçant une enquête “menée de manière inadéquate”, laquelle entraîne une atteinte au procès équitable. “Mon client a donné le nom des gens qui l’accompagnaient, et aucun n’a été auditionné, alors que la partie civile a apporté des témoins sur un plateau d’argent”.

Enquête au point mort

L’avocate s’interroge sur la mise entre parenthèses de l’enquête, durant dix-neuf mois. Durant ce délai, son client s’est débarrassé de son auto cabossée, partie à la casse. Julien prétend que l’autre groupe a jeté des pavés et des panneaux de signalisation sur son auto. On lui reproche de ne pas avoir fait de photos de son véhicule. “Il n’était pas au courant qu’il faisait l’objet d’une plainte. Il ne lui appartient pas de faire l’enquête lui-même ! ”

Enfin, si la cour devait confirmer la culpabilité, l’avocate s’interroge sur la nature des lésions. “Il y a une absence totale de lésions et d’égratignures sur le corps de la partie civile, alors qu’elle déclare avoir lourdement chuté sur un sol recouvert de cailloux”, plaide-t-elle. Une peine de travail est plaidée à titre subsidiaire.

L’arrêt sera prononcé à la mi-avril.

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