"J'ai pensé avorter alors que je désirais le bébé": la grossesse infernale de Mélissa, atteinte d'hyperémèse gravidique
Mélissa, de Wasmuël, a souffert d’hyperémèse gravidique, comme Kate Middleton. Elle lance une ASBL pour sensibiliser à cette maladie encore méconnue.
- Publié le 09-08-2022 à 17h23
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Le 31 janvier 2022, jour de la naissance de sa petite fille, fut une délivrance pour Mélissa Liénard, tant la grossesse fut cauchemardesque. “J’ai eu des vomissements et des nausées, ce qui est normal pour toute femme enceinte durant les trois premiers mois. Mais très rapidement, j’ai souffert de vomissements incoercibles, qui ne me laissaient aucun répit et j’ai eu des nausées très fortes au point que j’étais complètement déshydratée.”
Mélissa et son compagnon foncent à l’hôpital pour s’entendre dire que les nausées, c’est normal en début de grossesse. “Mais je sentais que quelque chose n’était pas normal. Comme j’avais fait une fausse couche avant, on m’a envoyé chez une psychologue de garde qui, voyant mon état, m’a fait hospitaliser pour me réhydrater et me donner un traitement par intraveineuse.” L’état de Mélissa s’améliore légèrement.
Mais le répit fut de courte durée. “Moins de 48 heures plus tard, j’étais à nouveau déshydratée et je ne savais rien faire hormis des trajets entre le canapé, les toilettes et le lit. Mon médecin m’a hospitalisée à domicile pour me faire réhydrater car je ne savais ni manger, ni boire. J’étais alitée, dans un état lamentable.”
La Wasmuëloise perd 15 kg et son état empire. Au point d’envisager l’avortement. “J’ai l’impression que je vais mourir et je prends un rendez-vous de datation… alors que je désire plus que tout ce bébé.” La gynécologue s’en rend compte et propose un médicament normalement prescrit aux personnes sous chimiothérapie, qui permet d’atténuer les nausées et vomissement. “Ça n’a pas été tout de suite miraculeux, mais mon état s’améliore.”
Après six mois de calvaire, la grossesse devient enfin supportable pour Mélissa, bien que toujours sujette à des nausées. “Je n’ai mangé que du bouillon de légumes jusqu’à l’accouchement.” Qui se passe à merveille, mais pas de quoi effacer les mauvais souvenirs. “J’ai trouvé dramatique de ne pas être écoutée, accompagnée, on ne m’a jamais dit que j’avais une pathologie et que celle-ci s’appelle 'hyperémèse gravidique'.”
Sensibiliser à une maladie méconnue
Une pathologie dont on sait peu de choses et qui toucherait 1 à 2 % des femmes enceintes, soit 1 000 à 2000 femmes par an en Belgique. À l’étranger, Kate Middleton en a souffert. C’est pour sensibiliser à la maladie en faisant émerger des témoignages que Mélissa vient de créer Hyperemesis, une association qui veut venir en aide aux femmes qui vivent le même calvaire. En mettant en lumière cette pathologie, Mélissa espère changer le regard. “On veut considérer que la grossesse n’est pas une maladie, que les vomissements et nausées sont quelque chose de normal. Mais dans mon cas, ce n’était pas normal. J’aurais eu ces symptômes en dehors de la grossesse, on serait inquiet ! Quand les vomissements deviennent graves, que l’on perd énormément de poids, il faut intervenir, accompagner et ne pas nier les symptômes.”
Alors que l’ASBL se forme seulement, elle a déjà reçu le soutien de la députée Jacqueline Galant, qui entend poser une résolution au parlement wallon afin d’obtenir une meilleure prise en charge de l’hyperémèse gravidique Facebook.com/hyperemesis