Meurtre d'Isabelle Rectem à Chapelle-lez-Herlaimont, Alain Jacobeus a été touché à l'épaule par un tir: "je l'ai échappé belle"

L'élu socialiste n'a gardé aucune séquelle de sa blessure "superficielle".

Belga
Meurtre d'Isabelle Rectem à Chapelle-lez-Herlaimont, Alain Jacobeus a été touché à l'épaule par un tir: "je l'ai échappé belle"

La cour d'assises du Hainaut a auditionné, vendredi, Alain Jacobeus, victime collatérale des faits qui se sont déroulés lors de la fête des voisins du 5 juillet 2019, à Chapelle-lez-Herlaimont. Le conseiller communal a été blessé par une balle à l'épaule. Salvatore "Rino" Marasco venait de tirer deux coups de feu dans la tête de son ancienne compagne, Isabelle Rectem. Alain Jacobeus connaissait M. Marasco et Mme Rectem, car ils étaient souvent présents lors des festivités populaires organisées dans la commune. "Le temps passant, on a fait un peu mieux connaissance. Rino souhaitait reprendre un établissement dans la commune. Il y avait deux établissements à remettre et il m'a demandé mon avis".

Pour le témoin, le couple semblait uni, avec parfois quelques turbulences. Isabelle Rectem avait été sollicitée pour se présenter sur la liste électorale du PS, pour les élections communales de 2018. "Elle a participé activement à nos réunions de travail", indique le socialiste qui a entendu des échos au sujet de l'humeur de Rino Marasco à la suite de ce choix opéré par Isabelle. "Il n'était pas content, il disait qu'Isabelle ne faisait rien et qu'elle lui coûtait cher. Ses propos n'étaient pas très élogieux à l'égard d'Isabelle". Selon le témoin, c'est une histoire d'argent qui était la source de la rancœur qu'entretenait M. Marasco à l'égard de Mme Rectem.

Salvatore Marasco a déclaré qu'il avait surpris Isabelle Rectem en train de flirter avec l'échevin Luigi Chianta. "Je n'avais jamais entendu parler de relations intimes entre Luigi et Isabelle, je l'ai lu dans la presse", répond le témoin. Alain Jacobeus n'a pas remarqué de tension entre Rino Marasco et son camarade socialiste, le jour de la fête des voisins.

Administrateur de la Ruche chapelloise, Alain Jacobeus participait à la fête des voisins, organisée le 5 juillet 2019. "Sur le coup de 20h30, je m'y suis rendu. Je me suis attablé avec Luigi Chianta, on discutait. Rino est arrivé sur ma droite, on s'est salué et on a bu un verre ensemble. Je n'ai rien remarqué de particulier. J'étais surpris de le voir boire de l'eau".

L'orchestre s'est mis à jouer, ce qui a interrompu la conversation. "À un moment donné, j'ai vu, plus loin dans le chapiteau, qu'il secouait Isabelle assez violemment. Elle s'est levée précipitamment et s'est dirigée vers la sortie, tout aussi précipitamment, poursuivie par l'accusé qui la frappait, la poussait dans le dos. Elle ne réagissait pas".

Il poursuit: "Arrivée à ma hauteur, elle s'est accrochée à moi et elle est tombée. J'avais entendu deux petites détonations mais, pour moi, ce n'était pas des coups de feu".

Le témoin n'a pas vu l'arme. "J'ai entendu l'assistance dire: il a tiré dessus! Il a tiré dessus! Quelqu'un l'a retournée et elle était blessée. C'est à ce moment-là que j'ai vu que j'étais, moi aussi, plein de sang, mais c'était le sien. J'ai alors remarqué que j'étais touché à l'épaule. Cela a été très vite, c'était effrayant".

Le témoin n'a gardé aucune séquelle de sa blessure "superficielle". Il dit l'avoir échappé belle. "À quelques centimètres près, cela aurait été beaucoup plus grave".

Il qualifie Isabelle Rectem de femme "joviale" très attachée à sa fille et à sa petite-fille. "Rino Marasco était quelqu'un de plus discret, peut-être un peu taciturne."

Salvatore Marasco est un homme rancunier, selon les experts en santé mentale

Le neuropsychiatre Xavier Bongaerts et le psychologue Donatien Macquet ont également témoigné ce vendredi matin. Les experts ont rencontré l'accusé à la prison de Nivelles, où il était détenu préventivement. Il ressort de leur expertise que l'accusé ne souffre d'aucun trouble mental pouvant altérer sa responsabilité pénale.

M. Marasco n'a rencontré aucun problème dans son enfance, ni durant le reste de sa vie. Travailleur, il n'a rencontré aucun échec professionnel. Il n'a jamais rencontré de problèmes de santé non plus et l'accusé a un casier judiciaire vide. "Toutefois, il a eu quelques conflits avec la gent féminine", relève le neuropsychiatre. Selon son ex-épouse, il pouvait se montrer violent quand il était incapable de répliquer par la parole.

L'accusé a fait l'objet de nombreux tests. Aucun retard mental n'a été mis en évidence, ses capacités se trouvent dans la moyenne inférieure de la population. Il a des facultés suffisantes pour comprendre sa situation. Aucun trouble de personnalité n'a été relevé. "C'est quelqu'un qui a confiance en lui, sans trait narcissique. Toutefois, il supporte assez difficilement le rejet. L'accusé prend des décisions assez rapides et superficielles, sans réelle élaboration", indique le psychologue.

Rino Marasco est aussi un homme rancunier, selon le psychologue, notamment envers ceux auxquels il est attaché. Il n'est pas présenté comme une personnalité antisociale. Selon l'accusé, il ne supportait pas la rupture avec son ex-compagne et il lui reprochait de ne pas rendre l'argent qu'il avait placé sur le compte de la victime. Il ruminait aussi le fait d'avoir surpris Mme Rectem avec un échevin, dans une voiture. Le verbe "obnubiler" a été prononcé par les experts.

Lors des examens, l'accusé a évoqué l'existence du cousin d'Isabelle Rectem, qui pouvait être violent. Toutefois, il n'a pas parlé de menaces. Un an après les faits, Rino Marasco a déclaré qu'il s'était armé, car le cousin de son ex-compagne l'avait menacé de mort. Or, ce cousin n'était plus de ce monde et donc les policiers n'ont pas pu éclaircir cette affaire.

Jeudi, lors de l'instruction d'audience, l'accusé a déclaré qu'il ne se souvenait plus du crime, qu'il avait un trou noir. "A-t-il évoqué ce trou noir devant vous?" demande Me Donatangelo pour les parties civiles. "Non, jamais", répondent les experts. "Il a parlé d'un trou noir, dix jours après les faits, lors de la reconstitution à laquelle les deux experts n'ont pas participé. Il n'a plus été interrogé durant un an", précise Me Mayence, pour la défense. L'accusé parle "d'un coup de folie".

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