Correspondre avec le passé | Quand la Gaume était encore discrète, timide

Elle invite, elle incite à l’exploration.

On veut se reconnaître, s’orienter, se retrouver.

Le bonhomme, il a tout l’air d’être sur la route qui monte vers Chenois, la rue du Moulin. Après grossissement, on distingue, juste au croisement des deux diagonales du cadre, le Delhaize. Et, à droite, l’Hôtel du Cheval Blanc.

Que fait-il là, notre bonhomme, à attendre au bord de la route, avec une banse devant lui, dans cette tenue décontractée mais soignée, quand même?

Je vous laisse imaginer… Regardons le texte.

Deux jeunes filles (c’est un participe passé au féminin qui nous le montre) de la ville sont en vacances (on est au mois d’août) chez des amis ou dans de la famille à Virton.

Elles donnent des nouvelles à leurs parents restés à la capitale.

Celle qui tient la plume, l'aînée sans doute, parle en disant nous. Et elle commence en s'adressant au père. Uniquement à lui. La mère viendra après, en second lieu.

On semble assez rigide dans cette famille. On a des règles. Un protocole strict avec un changement de ton selon les personnes: le père, c’est «Cher Père»; la mère, c’est «Maman».

L’expression des sentiments est sobre, et aussi d’époque. Il est question «d’affectueux baisers». Aujourd’hui, ce serait une bise ou le devenu fameux «Bisou!».

Et la calligraphie… Admirez un peu la qualité, l’alambiquage des V majuscules.

Et alors il y a la façon qu’a notre vacancière de nommer la région. En 1907, pour des jeunes citadines instruites, la Gaume n’existe pas. Il n’y a que des Ardennes.

On voit bien que, comme le bonheur en Europe au moment de la Révolution, la Gaume, la notion de Gaume, c’est une idée neuve.

Qui en parlait en 1907? Qui la nommait?

Qui en avait une représentation bien précise?