75% d’odeurs en moins: le pari lancé par la papeterie Burgo
Une belle avancée technologique ! L’usine Burgo va se doter d’un nouvel atelier de cuisson qui devrait diminuer de 75% les gaz odorants.
Publié le 11-05-2018 à 06h00
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Qu’est-ce que les habitants de la Gaume, et même parfois les citoyens d’Arlon et du Grand-Duché, ont pesté contre les odeurs de l’usine Burgo! Odeurs de chou, de pipi de chat ont été ressenties parfois très loin de leur lieu d’émission, l’usine italienne située à cheval sur le territoire des communes de Rouvroy et Virton.
Tout ça, on le sait, était dû au procédé de cuisson Kraft spécifique à l’usine de pâte, en amont de l’usine à papier.
Pour faire simple, Burgo, comme beaucoup de producteurs de pâte, a toujours utilisé de la soude caustique pour la cuisson du bois. Le but étant de séparer la lignine des fibres de cellulose.
La cuisson s’opère à 170 degrés pendant quatre heures, intégrant de la soude caustique et des composants de soufre.
Et au terme de la cuisson, toute la vapeur chaude sort. C’est là que peuvent naître les soucis. La vapeur est captée, concentrée puis incinérée dans deux chaudières.
Mais parfois des gaz odorants s’échappent et se propagent des kilomètres à la ronde.
35 millions d’investissements
Depuis les derniers incidents de l’été dernier, la direction de Burgo avait déjà mené de gros efforts pour améliorer son brûleur, afin de réduire l’émission d’odeurs à la cuisson.
Mais tout cela est sans commune mesure avec le procédé «révolutionnaire» que va mettre en place le papetier en Gaume. Son conseil d’administration vient de décider d’acquérir pour 35 millions d’euros, auprès du fournisseur finlandais Valmet, un tout nouvel atelier de cuisson utilisant la technologie «Cold Blow» ou soufflage à froid.
De quoi s’agit-il?
«Au lieu d'ouvrir le couvercle au terme de la cuisson, on va remplacer lejus chaud, qui avait cuit à 170 degrés, par du jus froid qui provient du procédé de fabrication, explique le directeur général du site de Burgo, Michel Hartman. Cela permettra de vidanger le cuiseur à basse température. Quant au jus chaud, il n'est pas perdu; il sera réutilisé pour cuire le bois lors du cycle suivant.»
Vous avez compris?
L’astuce du nouveau système, c’est que l’utilisation de jus froid permettra à la pâte cuite de rester à des températures inférieures à 100 degrés. En conséquence, très peu de vapeurs s’en dégageront et donc le risque de propagation d’odeurs sera nettement moindre.
« Nous comptons par ce nouveau procédé réduire de 75% les gaz odorants. Il restera toujours un petit risque de dégagement d'odeurs, mais il sera vraiment faible par rapport à ce que l'on a déjà connu dans le passé», se réjouit le directeur Hartman.
En Europe, plusieurs concurrents de Burgo n’ont pas encore investi dans cette technologie d’avant-garde, au contraire des gros papetiers finlandais et des nouveaux papetiers brésiliens, à la pointe.
Pour le site d’Harnoncourt, c’est en tout cas une excellente nouvelle qui ne fera que conforter la viabilité économique de l’entreprise en province de Luxembourg.