Nicolas Prévot: "Au 1er tour, la saison dernière, j’avais presque envie d’arrêter"
Nicolas Prévot revient pour la deuxième fois à La Roche, avec Harre-Manhay, ce dimanche. Il revient sur l'incroyable saison qu'il a vécue avec les Rochois la saison passée.
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- Publié le 15-09-2023 à 18h24
- Mis à jour le 15-09-2023 à 18h29
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Nicolas, si l’on en croit le classement, vous avez fait le bon choix en quittant La Roche pour Harre-Manhay…
Je n’ai aucun regret, en tout cas. Pas seulement parce que nous avons plus de points. Aussi, parce que je prends beaucoup de plaisir à Harre.
Où vous avez été nommé capitaine dès votre arrivée. Surpris ?
C’est toujours surprenant de se voir confier le brassard quand on débarque dans un nouveau club, mais au fond, cela ne change pas grand-chose. J’ai toujours été habitué à parler beaucoup sur le terrain et le brassard n’est jamais qu’un bout de tissu. Je reste le même. Disons que c’est une belle marque de confiance de la part de Ludovic (Lejeune) et Joël (Roberty).
Vous avez été l’un des principaux artisans, pour ne pas dire le principal, du maintien héroïque de La Roche la saison dernière. Cet incroyable deuxième tour, où le classez-vous dans votre album de souvenirs ?
En deuxième position, derrière mes deux titres en P1 avec Mormont. Avec La Roche, j’ai eu la chance de soulever deux fois la Coupe de la province. Mais ce sauvetage, je le place devant dans mon classement. Parce qu’une finale, ça ne dure que 90 minutes. Là, on parle d’une épopée de plusieurs mois.
Riche en émotions ?
C’est un euphémisme. Moralement, je suis passé de l’enfer au paradis en quelques mois. Le football influe beaucoup sur mon humeur. Si le match du week-end a été bon, je passe généralement une bonne semaine. Et inversement. Ma femme peut en témoigner. Autant dire qu’au premier tour la saison dernière, j’étais au fond du trou. J’en avais plein le c…, j’avais presque envie d’arrêter.
Avec le recul, comment expliquez-vous cette résurrection (9/48 puis 26/30) ?
C’est un tout. Tactiquement, le passage à une défense à cinq nous a rendus beaucoup plus solides. Physiquement, on a travaillé comme des damnés. On faisait encore du 15/15 à un mois de la fin du championnat. Et mentalement, les victoires appellent les victoires…
Pas de coup de coude
Quel souvenir gardez-vous du passage de Michel Godefroid ?
Il nous a fait travailler à l’ancienne, mais cela a porté ses fruits. Physiquement, nous étions bien plus forts après la trêve. Humainement, on se souviendra tous d’une personne magnifique, qui connaît le foot. Neuf fois sur dix, ce qu’il avait annoncé se produisait sur le terrain. Je le connaissais déjà un peu, pour l’avoir eu comme prof au foot-études à Marche. Je n’en avais pas gardé un souvenir extraordinaire. J’étais encore un gamin de m… et lui, il était assez rigide (rires). C’était marrant de se retrouver plusieurs années plus tard, dans un tout autre contexte.
La Roche s’est sauvé la saison dernière, mais n’avez-vous pas simplement retardé l’échéance ? Le club, avec des cadres vieillissants et aucune équipe d’âge, peut-il encore survivre longtemps en P1 ?
Ce qu’on a réalisé la saison dernière, cela n’arrive qu’une fois dans une vie. Avec leur 0 sur 9, les Rochois ont donc tout intérêt à décoller rapidement. Mais je ne les enterre certainement pas, ils ont les qualités pour se sauver.
Et pour vous ennuyer aussi, ce dimanche ?
Oui. Je m’attends au même style de match qu’en Coupe (0-0), assez fermé.
Quel joueur craignez-vous le plus à La Roche ?
Je me méfie d’un Garvin Volvert qui, à son meilleur niveau, est un très bon joueur. Pour le reste, je sais que Renaud (Van Geen), Guillaume (Van Geen) ou Mama (Marius Dubois) joueront leur jeu et qu’ils n’enlèveront pas la semelle s’ils me croisent sur le terrain. Mais il y a beaucoup de respect entre nous, je ne pense pas que je prendrai un coup de coude dimanche (rires).
Des vidéos de Busquets
Vous avez 33 ans. Quand vous regardez dans le rétroviseur, y a-t-il un choix de carrière que vous regrettez ?
En première, pas vraiment. J’ai passé onze magnifiques saisons à Mormont. D’ailleurs, quand je recevais un coup de fil d’un autre club, cela n’allait jamais plus loin. Je disais non directement. Il n’y a que Longlier, lorsqu’il est monté en D3 voici quelques années, que j’ai rencontré. Aywaille et Givry m’ont déjà appelé également, mais je ne me voyais pas quitter Mormont.
Pourquoi ?
Parce que c’était ma deuxième famille. J’y suis encore repassé jeudi, après l’entraînement, pour l’anniversaire de Denis (Crèvecœur). Lui et Renaud (Van Geen) sont mes témoins de mariage. Mormont un club extraordinaire, parfaitement géré, où il n’y a jamais de vagues. Puis j’ai eu la chance d’y côtoyer Philippe Médery qui est, de loin, le meilleur coach que j’ai connu. Il m’a appris énormément, à tous niveaux. Il voit des choses que d’autres ne voient pas. Il me disait régulièrement: "Regarde ce mec-là comment il joue…"
Et il parlait de qui ?
De Sergio Busquets, notamment. Quand il me faisait jouer en 6, il m’envoyait des vidéos de lui pour m’en inspirer. À mon modeste niveau évidemment.
Il a tenté de vous faire revenir à Mormont, cet été ?
Pas vraiment. Disons que ni lui, ni moi n’avons fait le premier pas. Par orgueil peut-être. Je pense, de mon côté, que le club a gardé une bonne image de moi et je ne voulais pas y retourner avec le risque de m’y planter. Philippe, lui, m’a dit qu’il ne m’avait pas contacté parce que j’étais parti un an plus tôt. Il m’a quand même dit, en découvrant mon transfert à Harre: "Tu me casses les c…, je croyais que tu allais revenir !" On se parle avec franchise. Au fil des ans, nous sommes devenus amis.
Vous êtes plus fort aujourd’hui, à 33 ans, qu’il y a dix ans, comme le prétend Jérôme Roberty ?
Plus fort, je n’en sais rien. Plus mature, certainement. À 23, 24 ans, on me collait une étiquette de gros sorteur sur le dos. Elle était en partie justifiée. Aujourd’hui, j’ai une femme, une fille et un beau-fils. Les veilles de match sont un peu différentes et cela se répercute, évidemment, sur le terrain…
Non au Standard, oui à Mormont B?
S’il pouvait revenir en arrière, il n’y a qu’un choix que Nicolas Prévot changerait peut-être, dans sa «carrière». «C’est quand, à l’âge de 14 ou 15 ans, j’ai décliné la proposition du Standard, dit-il. Je ne me voyais pas quitter ma famille et mes amis pour aller vivre seul en internat. En plus, c’est l’âge où on commence à sortir… J’avais été repéré via la sélection provinciale et j’avais également participé aux détections nationales. J’étais le dernier Luxembourgeois en lice, mais j’avais fait une croix sur l’ultime rendez-vous, préférant disputer le même jour la finale de la Coupe Jules Bastin avec mes copains de La Roche. On l’avait gagnée, d’ailleurs!»
L’amitié et l’amusement avant la compétition : un choix qui résume assez bien la belle carrière de Nicolas Prévot, au final. Et elle n’est pas terminée. «Je ne sais pas quand j’arrêterai, dit-il. Je me sens bien pour le moment. Mais avec Fef (Geoffrey) Jalhay, (Denis) Crèvecœur et Spinosa, on s’est toujours dit qu’on ferait une dernière saison ensemble, en P3. Si ce projet venait à se concrétiser, ce serait probablement à Mormont B.»
Bentley et Barbecue
S’il y a bien un Rochois qui connaît Nicolas Prévot par cœur, c’est évidemment Renaud Van Geen. Les deux garçons, de la génération 89, ont partagé le même vestiaire durant de longues années, à Bérismenil, Mormont et évidemment La Roche. Avant leur affrontement, nous leur avons demandé de se poser chacun une question.
La question de Renaud Van Geen à Nicolas Prévot : «Chirurgie esthétique, hygiène de vie irréprochable, lève-tôt, sens du but, important dans les moments clés, vareuse jaune et pétrodollars en intraveineuse. Nico, as-tu voulu suivre l’exemple de ton idole Cristiano Ronaldo? Manque plus que la Bentley à la place du Renault Kangoo…»
La réponse de Nicolas : «Qu’il est c… (rires). Non, je n’ai pas imité Cristiano. Quand j’ai pris ma décision, Harre-Manhay était 1eren P2 et La Roche dernier en P1. J’ai fait un choix sportif : j’avais plus de chances de rester en première provinciale en signant à Harre.»
La question de Nicolas Prévot à Renaud Van Geen : «Tu as emménagé dans ta nouvelle maison depuis plus d’un mois, quand comptes-tu m’inviter pour un barbecue?»
La réponse de Renaud : «Je laisse passer le match. Je t’inviterai si et seulement si tu ne marques pas. Sinon tu attendras l’année prochaine.»