Axel De Lie: "Sagan à ma gauche et Van Avermaet à droite"
Axel De Lie n’oubliera jamais ses grands débuts avec les professionnels à Dunkerque. Il y a vécu des moments d’intense émotion.
Publié le 23-05-2023 à 16h20
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Axel, quand vous repassez le film des 4 Jours de Dunkerque, quel sentiment domine: souffrance ou plaisir ?
Un peu les deux. Pour moi, c’était un énorme challenge. J’étais toutefois gonflé à bloc avec la perspective de rouler aux côtés d’Arnaud et surtout de m’appliquer au mieux pour le soutenir. Vous imaginez donc ma stupeur et surtout ma peine quand je l’ai découvert sur le bitume au premier jour. D’entrée, la fête était gâchée, mais tant le staff que les autres coureurs ont eu la réaction qui s’imposait, celle de mettre au point une autre stratégie. Et au final, nous plaçons Brent Van Moer à la 5e place et Cedric Beullens à la 11e.
Mission accomplie donc en ce qui vous concerne ?
Je le pense. D’ailleurs, tout le monde dans l’équipe m’a remercié. Initialement, mon rôle était très clair. Le premier jour, je suis resté en tête du peloton pour aider Arnaud, avant de me relever à l’approche du final. Les autres jours, je me suis mis au service des autres, veillant à les abriter du vent, à les remonter quand c’était nécessaire, bref à me transformer en garde du corps. Sans m’occuper, évidemment, de mon classement. Une fois le plus gros du travail accompli, je veillais bien à lever le pied, car il me fallait garder des forces pour le lendemain.
Tout le monde redoutait l’étape de samedi, avec les montées à répétition sur le circuit du prochain championnat de France à Cassel. Elle a d’ailleurs été décisive et provoqué bien des dégâts. Vous terminez loin, mais ce jour-là, n’avez-vous pas franchi un palier ?
Peut-être. En tout cas, je me suis surpris. Je me suis senti à l’aise chaque jour. Même lors de cette étape reine. Certes, je termine à 18 minutes, mais je franchis la première bosse devant ; je passe la ligne en 15e position et je déraille juste après. Il m’a fallu un tour et demi pour rappliquer. J’ai payé ces efforts sur une bordure. On a roulé à trois les 70 derniers km. Ce jour-là, je dois dire que mes jambes étaient cuites à l’arrivée.
Un regret peut-être: celui de ne pas avoir pu goûter à une échappée matinale ?
C’était pourtant programmé lors de l’étape de vendredi (NDLR: entre Maubeuge et Achicourt). J’espérais filer devant pour aborder plus aisément les premiers secteurs pavés. Sans succès, mais je pense avoir engrangé un maximum de confiance en me rendant compte qu’à la fin du premier secteur, le peloton, dont je faisais partie, ne comptait plus qu’une septantaine d’unités.
En dehors de la chute d’Arnaud, quel moment vous revient d’emblée en tête ?
Sans aucun doute, celui où je me suis aperçu que je roulais avec Peter Sagan à ma gauche et Greg Van Avermaet à ma droite. Qui aurait pu imaginer un jour que j’allais me retrouver avec deux monstres pareils dans une épreuve de ce calibre ?
Tous ces cadors ne vous ont pas pris de haut ? Vous avez pu discuter avec eux ?
Surtout avec mes équipiers, évidemment. Je partageais la chambre d’Arjen Livyns, qui a roulé trois ans chez Wallonie-Bruxelles. Je suis même parvenu à me débrouiller en anglais avec Rüdiger Selig, l’un des Allemands chez Lotto-Dstny.
En course, j’ai longuement conversé avec Oliver Naesen, l’ancien champion de Belgique. Il m’a dit de prendre un maximum de plaisir, tout en évoquant les souvenirs qu’il a conservés de sa première expérience avec les pros.
Sur le plan de l’encadrement, de la nutrition, vous avez appris pas mal de choses ?
Je savais où je mettais les pieds. Ce qui m’a impressionné, c’est, avant tout, un professionnalisme poussé au maximum. Notamment sur le plan de la diététique. Le repas du soir, c’est costaud: 400 grammes de pâtes, entre 100 et 150 grammes de pain, sans compter la viande et un gâteau comme dessert. On mange beaucoup, mais on en dépense tellement en course…
Après ce baptême du feu, votre envie est grande de rebondir avec les pros ?
Bien entendu, mais je n’ai aucune idée quant à l’avenir. De toute manière, je ne me mets aucune pression ; je prends tout ce que l’on me donne. Je reste convaincu qu’une autre occasion se présentera, mais il ne sert à rien de placer la charrue avant les bœufs. Là, j’ai veillé à récupérer, me contentant de sorties d’une heure et demie. Lundi, je retrouve mes amis du team Development pour la Cologne Classic. J’attends de connaître la suite de mon programme.