L'Arlonaise Alyxe Yang, 11 ans, sur les traces d'Aberdeen O'Driscoll
Alyxe Yang, petite Arlonaise qui vient tout juste de fêter ses 11 ans, fait partie des promesses de la gymnastique francophone.
Publié le 12-05-2023 à 08h51 - Mis à jour le 12-05-2023 à 11h07
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Elle est haute comme trois pommes (1,38 m). Et dissimule sa timidité derrière le bol de fraises qu’elle est occupée à déguster. Mais lorsqu’elle prend la parole, entre deux confidences de son paternel, Alyxe révèle une détermination et un sérieux qui étonnent alors qu’elle vient tout juste de fêter ses 11 ans.
Alyxe, c’est Alyxe Yang. Une gymnaste arlonaise, d’origine chinoise et affiliée au club des Ardents d’Hachy, là où elle a effectué ses premières pirouettes avant de rejoindre, en août dernier, le centre de haut niveau de la Fédération francophone, à Mons.
Passée en Division 1 de sa catégorie d’âge en septembre, elle est, avec Aberdeen O’Driscoll (qui a récemment pris part au championnat d’Europe seniors), la seule gymnaste de la province à évoluer à ce niveau.
Suffisant donc pour qu’on considère comme une réelle promesse de la gym cette gamine qui, sept ans plus tôt, n’avait pas véritablement accroché lors de ses premiers cours de psychomotricité. "C’était le mercredi après-midi, je préférais jouer, confie-t-elle. Après, j’ai grandi et, progressivement, c’est devenu un plaisir."
D’autant plus agréable qu’elle s’est vite mise à enchaîner les victoires. Lors des Gym Eval ou, l’an dernier, au championnat interprovincial qu’elle a largement dominé. De quatre heures de pratique par semaine, elle est passée à six, puis dix lors de sa dernière année à Hachy. Désormais, elle en cumule vingt-huit hebdomadairement, réparties entre les cours, les repas et les devoirs. Tout est minuté ou presque et le week-end lui sert à reprendre des forces quand il n’y a pas une compétition au programme.
Restaurant à Arlon
Pour les trajets entre Arlon et Mons, c’est le papa, Lee Sheng, qui s’y colle. Ce dernier n’est pas inconnu dans le chef-lieu. Avec son épouse Jin Mei Lee, originaire comme lui de la région du Qingtian, au sud de Shangai, il exploite le restaurant La Chine, dans la rue des Faubourgs. Arrivé en Belgique en 1979, comme réfugié économique, il a repris le commerce de ses parents en 1997 et comme une grande majorité de ses compatriotes se passionne pour un sport largement pratiqué au pays du Milieu. "Pour ma part, j’ai fait du karaté et du fitness, précise-t-il. Jusqu’à 22 h par semaine quand j’étais en rhéto. Le frère d’Alyxe s’est aussi lancé dans le karaté."
Affable et volubile, Lee Sheng ne cache pas la passion qui l’anime quand il évoque le parcours de sa fille. Même si la séparation, l’été dernier, a été difficile. "Les premières semaines, il m’arrivait régulièrement de pleurer à cause de l’éloignement, avoue Alyxe. Et puis, c’était très fatigant, ces horaires. Mais depuis Noël, ça va mieux. J’ai pris le rythme, pris mes habitudes et appris à connaître les cinq autres filles de mon âge qui sont au centre."
Et au niveau scolaire, tout se passe pour le mieux aussi. Dans quelques mois, elle entamera sa 6e année primaire à l’athénée royal Marguerite Bervoets, de Mons, tout en continuant à s’inspirer de Nina Derwael ou Lisa Vaelen – "que j’ai déjà croisées au centre de Mons", dit-elle – pour tenter de gravir les échelons. "Mais je ne rêve pas encore des Jeux olympiques ou de grandes compétitions, termine-t-elle sagement. C’est encore trop loin. Pour le moment, je veux seulement faire du mieux que je peux."
Et quand on s’attarde sur son copieux programme, on peut affirmer sans hésiter que c’est déjà beaucoup.
"Une perfectionniste"
Christiane Lutgen fait partie de celles qui ont entraîné Alyxe Yang à Hachy. «Je l’ai revue récemment au championnat francophone et j’ai constaté qu’elle a déjà bien progressé depuis qu’elle a rejoint le centre de Mons, dit-elle. Il y a, certes, des agrès où elle doit encore prendre plus de confiance, comme la poutre, mais au sol et à la barre, elle réussit déjà des enchaînements dignes de la D1. Elle a clairement les qualités pour rester au centre, mais elle ne s’arrête pas à ça, on sent qu’elle a envie de progresser. C’est une perfectionniste dont la volonté est sans doute la principale qualité. Elle est dotée en outre d’une grande capacité de concentration et d’intégration. On a rapidement décelé ses qualités quand elle est arrivée au club, même si on n’a pas voulu précipiter les choses en l’intégrant d’emblée au groupe de compétition. Son sérieux et ses qualités pures ont fait le reste. Le caractère est important pour persévérer à Mons, car ce n’est pas simple pour de toutes jeunes filles de se retrouver ainsi loin de la famille, mais je crois qu’elle est armée pour ça. Et elle peut compter sur des parents qui l’entourent bien, sans pour autant viser trop haut et trop vite. Il y a un juste équilibre à atteindre et je crois qu’ils l’ont trouvé.»
Une autre en D1
La Léglisienne Aberdeen O’Driscoll, qui fait partie de l’équipe nationale, et Alyxe Yang sont les seules gymnastes de notre province actuellement en D1. Mais elles devraient bientôt être rejointes par Zélie Claude, âgée de 10 ans et sociétaire du club de Wardin. Celle-ci remplit en tout cas tous les critères pour rejoindre prochainement le centre de Mons.
Le haut du panier à Libramont fin mai
Les 27, 28 et 29 mai, la Halle aux Foires de Libramont accueillera les championnats de Belgique de D1 et D2. Une belle occasion de voir à l’œuvre les plus belles pointures de la gym belge, comme Nina Derwael ou Lisa Vaelen, mais aussi Aberdeen O’Driscoll et Alyxe Yang. Toutes les infos sur ffgym.be