"Dans la mémoire des Rochois"
La lanterne rouge, neuf points et une seule victoire au compteur, la moins bonne attaque de la série (15 buts), la deuxième moins bonne défense et un moral dans la chaussette. Le 19 février, La Roche était au fond du trou. Deux mois et demi plus tard, il fête son maintien comme un titre.
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Publié le 02-05-2023 à 15h00 - Mis à jour le 02-05-2023 à 17h41
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Romain Weyders pensait rejoindre Nassogne, la saison prochaine. Il restera finalement à La Roche. "On ne peut pas partir après un deuxième tour comme celui-là", lâche le jeune défenseur, résumant bien l’état d’esprit dans lequel baignent les Rochois depuis samedi et leur victoire à Oppagne. Tous sont envahis d’un même sentiment d’ivresse, comme s’ils venaient de décrocher un titre.
Ils ne terminent pourtant qu'à une modeste huitième place. Mais tous les sauvetages n’ont pas la même saveur. Et celui arraché par les Rochois, à la faveur d’une incroyable remontée entamée le 25 février à Houffalize, restera assurément dans les annales. L’Olympic n’avait remporté qu’un seul de ses seize premiers matchs de championnat. Il en a gagné huit sur les dix derniers. Comment expliquer une telle métamorphose, sinon par le fait que le football se joue autant voire davantage avec la tête qu’avec les pieds ? Les Rochois n’ont pas transféré dix joueurs durant le mercato d’hiver… "Ce que nous avons vécu cette saison, c’est de la folie, savoure Michel Godefroid. Quand je suis arrivé en novembre, j’ai senti que le moral était atteint. Certains n’y croyaient plus. Dès les premiers matchs, j’ai remarqué qu’il suffisait d’un grain de sable pour que tout le monde baisse les bras."
Véritable thaumaturge, l’ancien mentor de Chevetogne a trouvé les bons ingrédients pour remettre en selle une équipe affichant de gros signes de résignation. "Dès mon arrivée, je leur ai dit d’annuler leurs vacances d’hiver, sourit-il. Nous avons repris les entraînements le 28 décembre. Je leur ai imposé des séances chiantes, ils se sont farci du 15/15, ils ont transpiré comme des malades dans les côtes de La Roche. Nous avons aussi revu les bases, au niveau défensif. Je dois toutefois avouer qu’après la défaite 0-3 contre Longlier, lors du match de reprise, j’ai eu peur. Car ce soir-là, nous avons touché le fond. Mais il y a eu un déclic la semaine suivante, avec notre victoire à Houffalize. À partir de ce jour-là, les garçons ont recommencé à y croire. Un jour, j’ai voulu annuler un entraînement pour leur donner congé. Ils ont refusé. Là, j’ai compris qu’il se passait quelque chose."
Qui succédera à Michel Godefroid ?
Durant leur folle remontée, les Rochois se sont notamment offert les scalps de Sart, Gouvy et Oppagne. Rien que ça ! "La qualité de ce groupe, tout le monde la connaissait, avance Michel Godefroid. Prévot, les Van Geen, les Dubois, Philippe… Ce sont des garçons qui ont largement fait leurs preuves à ce niveau. Mais quand la tête est touchée, les jambes tournent moins bien. À Bastogne, début décembre, les garçons se sont écroulés en l’espace de cinq minutes. Quinze jours plus tôt, contre Oppagne, nous avions laissé filer un avantage de deux buts dans les dix dernières minutes. Rien n’allait. Ce maintien n’est pas le fruit du hasard. Il récompense le travail réalisé par les joueurs depuis la trêve."
Pour le futur ex-T1 de La Roche, le retour à la rue des Échavées a également participé à la résurrection des siens. "Les mecs n’avaient plus joué à la maison depuis trois ans, rappelle-t-il. À Bérismenil et à Vecmont, ils avaient l’impression de jouer en déplacement. Le retour à La Roche a transcendé l’équipe. Je l’ai senti contre Vaux-Noville, quand les garçons ont renversé la vapeur en deuxième période. Le football se joue d’abord avec la tête. L’envie et la confiance peuvent transformer un joueur et une équipe."
Michel Godefroid quitte le ROC avec le sentiment du devoir accompli. Il deviendra, dans quelques semaines, coordinateur sportif des équipes d’âge de l’Union Rochefortoise. "Je suis forcément déçu de quitter une telle bande, dit-il. Cette fin de saison, elle restera longtemps dans la mémoire des Rochois. Mais il était difficile de ne pas saisir l’opportunité proposée par Rochefort."
Son successeur n’est pas encore connu. Luc Dubois est cependant bien conscient qu’il sera difficile de passer après Michel Godefroid. "J’ai encore tenté de le convaincre de rester chez nous samedi après le match, je lui ai même demandé s’il n’était pas possible de combiner les deux, mais je dois me faire une raison, sourit l’homme à tout faire de l’Olympic. Dès son arrivée, Michel a ramené une certaine distance entre l’entraîneur et les joueurs. Lorsque j’ai assisté à ses premiers entraînements, j’étais sur le cul. Son pari d’instaurer une défense à cinq a parfaitement fonctionné. Il a ramené de la discipline et de la solidité, ce qui est nécessaire quand une équipe prend l’eau. La qualité de jeu est logiquement passée au second plan, mais j’aurais bien aimé voir la griffe qu’il allait imposer à l’équipe la saison prochaine, en redémarrant le championnat sans ce stress inhérent à la lutte pour le maintien. Mais bon, pas le choix, il va falloir trouver quelqu’un d’autre."
La saison rochoise tient en un proverbe: à cœur vaillant rien d’impossible.