Damien Tucci (Longlier) : "Après le revers contre Ethe, j’ai dit qu’on serait champion"
Champion avec Longlier, Damien Tucci abordera avec confiance et son enthousiasme habituel la prochaine campagne.
Publié le 01-05-2023 à 21h13 - Mis à jour le 02-05-2023 à 16h23
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Champion au bout d’un intense et indécis sprint final, Longlier va donc retrouver la D3 qu’il avait quittée en 2019 pour mieux repartir de P2. On revient sur cette saison à rebondissements avec l’entraîneur fétiche des lauréats, le Français Damien Tucci.
Damien, trois jours après ce sacre à Sart, quel sentiment vous anime ?
Eh bien, j’ai encore du mal à réaliser. Parce qu’on revient de tellement loin, parce que ça s’est joué dans un quart d’heure un peu fou, au cours duquel on n’était pas trop sûr du score d’Oppagne. On a un entraînement ce soir, on va se pincer pour bien avoir la confirmation que nous sommes champions (rires).
À quoi tient un titre parfois…
Il y a du travail avant tout, le physique et le mental qui jouent un rôle aussi. Mais il y a également une part de chance. Veriter, 16e homme une semaine plus tôt, qui entre à une demi-heure de la fin, qui marque un but assez improbable, ça fait partie de la réussite, en effet.
Sans rien enlever aux immenses mérites de votre équipe, ce titre, c’est aussi un peu Sart qui le perd, non ?
Oui, bien sûr. C’est souvent une histoire de dynamique. Les Sartois ont perdu la leur au mauvais moment, à l’instar d’Oppagne. Nous, on a renversé la vapeur avec notre mental. Mais si on prend les choses avec recul, les Sartois devaient être champions. Ils n’ont pas saisi leur chance, tant mieux pour nous. L’an passé, on avait déjà bien fini la saison. Notre préparation physique fait en sorte qu’on parvient à finir fort. Les joueurs sortent un peu cramés des préparations en été et à mi-saison et je sais alors qu’on doit s’attendre à deux ou trois matches plus hésitants. Mais d’un autre côté, on dispose ainsi du coffre pour bien finir.
Vous l’aviez annoncé en début de saison, mais vous étiez réellement convaincu de faire mieux ?
J’avoue que je nourrissais quand même quelques doutes. Faire venir un Loïc Hatert pour jouer en 10 alors qu’il venait de disputer deux saisons en défense, c’était un pari, ces jeunes qui arrivaient dans le noyau aussi. En outre, je n’ai pas été trop rassuré par notre première partie de saison. Sur le plan mental, mon absence durant deux mois (NDLR: pour des soucis cardiaques) a sans doute dû jouer un rôle aussi. Pourtant, après le revers contre Ethe (NDLR: 0-1 le 5/2), j’ai dit aux gars qu’on serait champion, mais il fallait qu’ils y croient.
Pourquoi à ce moment, alors que vous étiez distancés ?
Parce qu’on n’était pas si loin de la tête que ça, à 8 pts du premier, je pense. Parce qu’on venait de livrer une prestation très encourageante malgré la défaite et parce que je voyais qu’à l’entraînement, les gars travaillaient avec énormément d’application.
Chaumont et Assenois, les tournants
Il y a eu de véritables tournants dans cet exercice ?
Deux, selon moi. Quand on gagne 5-0 contre Chaumont d’abord (24/2). Nos attaquants marquaient peu jusque-là, on a modifié certaines choses, misé davantage sur les ballons dans la course que dans les pieds, et ça a bien fonctionné. Moralement, ce fut très bénéfique. Puis il y a eu ce retour incroyable à Assenois. J’avoue qu’à 3-0, j’étais dans mes petits souliers. Mais à la fin du match, je savais que tout pouvait arriver, d’autant que Sart s’était incliné le même soir.
Et votre sentiment en arrivant à Sart samedi ?
On avait un avantage moral parce que la pression était sur eux. Maintenant, Quentin Faymonville n’ignorait rien de notre équipe et le début de match allait être important. Donc, c’était du 50-50.
Il n’y a pas de "stars" à Longlier, mais la mentalité de votre groupe est exemplaire. Vous accordez énormément d’importance au caractère de vos joueurs lors du recrutement ?
On essaie, oui. Je me renseigne via les connaissances que j’ai dans le foot provincial. Et surtout, je suis très attentif à la façon d’être. En début de saison, on fixe des contraintes qui ne sont pas négociables: le respect du jeu, de l’adversaire et des arbitres. Celui qui sort des clous sait qu’il n’a aucune chance de jouer le week-end suivant. Nos joueurs ont peut-être moins de bagage technique ou d’expérience que d’autres, mais je sais que la mentalité collective peut compenser.
Les gamins, Bernard et Cravatte
Vous misez beaucoup sur la marge de progression de vos joueurs. Certains vous ont-ils séduit au-delà même de vos espérances cette saison ?
Oui, les deux gamins d’abord, Raoul Toussaint et Augustin Roman. Champion en P1 à 17 ans, ce n’est pas fréquent, hein ! Ils ont tous deux près de 95% de présence aux entraînements, ils ont joué plus que prévu. Il y a Louis Bernard, qui finit fort bien la saison alors qu’il avait si peu joué pendant deux ans à cause de ses problèmes de genou. La saison prochaine, si Maxime Bréjard confirme son départ, il peut devenir son remplaçant, dans un rôle un peu plus défensif donc. Et puis, il y a Quentin Cravatte. Quand il est revenu cet été, après une saison en P3, je lui avais dit qu’il pourrait sans doute jouer 4 ou 5 matches et je le pensais vraiment. Au bout du compte, il a été l’un des piliers de l’équipe.
Il hésite à rester…
Oui, on en a parlé. Avec son épouse aussi. Il y a le problème des déplacements. Mais je connais le garçon, un compétiteur, et je pense qu’il a envie de retenter au moins une fois sa chance en D3.
Sauf Romain Lefort, tous ceux qui vont arriver cet été débarqueront d’un échelon inférieur. La D3 ne leur fait pas peur ?
Si, évidemment. Le téléphone a d’ailleurs beaucoup sonné depuis le titre. Ils ont forcément des doutes, je leur ai dit que j’en ai aussi ; c’est normal avant une montée. Mais ce n’est pas un problème si on s’appuie sur certaines garanties comme la mentalité et le travail tactique. Comme le dit Marcelo Bielsa: "Même si cela vous paraît impossible, travaillez, ne réclamez rien, avalez le venin et vous y arriverez !"
Convaincre un comité pour le moins refroidi par la précédente expérience en D3, c’était compliqué aussi ?
Non, parce que c’était le deal en début de saison. On voulait faire mieux. Donc, soit premier, soit deuxième. Ils m’ont dit: "On y va !" Le président était en pleurs samedi. Nous avons d’ailleurs une réunion dès ce soir (NDLR: hier) pour préparer la suite.
Et envisager d’autres renforts ?
Peut-être bien, oui. On l’a dit, on a besoin d’un 2e gardien. Et peut-être quand même un garçon par ligne. Pas des stars de la D3, nous restons raisonnables, mais des garçons capables d’amener un plus avec leur expérience.
Un profil comme Mathieu Perreaux par exemple… Va-t-il vraiment vous quitter pour rejoindre Libramont alors que son souhait initial était d’aller jouer en D3 ?
Forcément, il n’avait pas prévu ce scénario. C’est clair que je souhaite qu’il reste. Il est important sur et en dehors du terrain. Mais Mathieu est tellement réglo qu’il ne reniera pas sa parole. Maintenant, si Libramont est d’accord de revoir sa position…
"Damien n’a rien à faire en P1"
Antonin Bissot, l’adjoint de Damien Tucci, va rendre son tablier au terme de cette saison. À 40 ans, c’est pour des raisons familiales que le kiné florenvillois a décidé de remiser son costume de T2. "Ce n’est pas nécessairement un arrêt définitif, précise-t-il. Peut-être deux ou trois ans de break. J’aurais aimé continuer, mais il y a d’autres paramètres dont je dois tenir compte. J’irai en tout cas encourager Longlier dès que je le pourrai."
Arrivé il y a 5 ans, d’abord comme T1 de l’équipe B, comme adjoint d’Aurélien Huberty et de Damien Tucci ensuite, Antonin Bissot ne conservera que de bons souvenirs de Longlier et surtout de sa collaboration avec Tucci. "Damien n’a rien à faire en P1, assure-t-il. Peut-être même en D3. Quand Aurélien Huberty m’a dit qu’il arrêtait, il m’a proposé trois noms pour lui succéder et m’a dit de choisir. Je connaissais Damien de Poupehan, je n’ai pas hésité. Quand il a dit en début de saison qu’on devait faire mieux que l’an passé, je ne le croyais pas. On avait tout de même perdu Toussaint et Gagban. Mais il sait adapter le jeu à son groupe, choisir le bon schéma tactique. Après la défaite contre Ethe, beaucoup regardaient derrière nous au classement, mais lui affirmait aussi qu’on n’était pas très loin de la tête du classement. Et après le 3-3 à Assenois, il a dit au groupe qu’on allait émerger. Quelque part, ce match, ce retour de nulle part nous ont fait le plus grand bien moralement."