La Lierneusienne Maya Wintquin, sur les traces de Nafi Thiam
Cadette 1re année, l’athlète lierneusienne Maya Wintquin occupe déjà une place de choix dans les rankings des moins de 18 ans.
Publié le 19-04-2023 à 19h21 - Mis à jour le 20-04-2023 à 22h24
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Le chrono (24.90) qu’elle a réussi sur 200 m aux championnats de Belgique indoor, en février, la place en n° 1 belge chez les U18 en 2023. À 14 ans seulement ! Et à la 4e place mondiale chez les cadettes, derrière trois Américaines. Il est aussi du même niveau que celui réussi par Nafi Thiam durant son heptathlon aux Jeux de Tokyo.
Ces quelques constatations suffisent à situer les capacités de Maya Wintquin, la nouvelle petite perle de l’athlétisme francophone. Citoyenne de Lierneux, sociétaire du FC Liège après avoir débuté l’athlétisme à Manhay (section luxembourgeoise du club de Spa), Maya n’est pas qu’une sprinteuse pleine d’avenir. Ses aptitudes dans d’autres disciplines, les sauts notamment, pourraient en effet faire d’elle la principale candidate à la succession de Nafi Thiam.
On n’en est pas encore là, évidemment. Et son entraîneur à Liège, un certain Roger Lespagnard (NDLR: coach de Nafi Thiam jusqu’à l’année dernière) est le premier à temporiser. "Vous savez, dit-il, quand j’ai commencé à entraîner Nafi, en cadettes 2, je ne me doutais pas un instant qu’elle arriverait à ce niveau. Elle a beaucoup travaillé pour cela. Avec Maya, c’est pareil. Elle a d’énormes capacités, notamment en sprint, et si on observe ses résultats, on peut effectivement penser qu’elle est bien partie, mais il y a tellement de chemin à parcourir."
Ses résultats, parlons-en. Maya collectionne les titres ou records nationaux depuis qu’elle est benjamine, sur 60 m, 200 m, 300 m ou encore en longueur. Récemment, pour sa première sortie outdoor de l’année, elle a couru un 300 m en 39.95, malgré un vent défavorable sur plus de la moitié du parcours. Jamais une cadette 1re année n’était descendue sous les 40 secondes en Belgique.
La danse d’abord
En outre, elle a pour elle l’abnégation et la détermination indispensables aux plus belles destinées. Même si son entraîneur évite de la griller en la limitant pour l’heure à trois entraînements par semaine, la Lierneusienne mord à pleines dents dans un sport qu’elle a découvert dès l’âge de 8 ans, après trois années passées dans des salles de danse sans pour autant y trouver véritablement son bonheur.
"On l’avait vu courir autour du terrain de foot un jour où elle était venue voir son frère jumeau Owen, rappelle son paternel, Régis. Elle est aussi montée sur le podium provincial des cross Adeps et sa maman l’a convaincue de tenter l’athlétisme. Elle a d’emblée remporté le challenge liégeois des cross dans sa catégorie et elle a rapidement délaissé la danse par la suite."
D’origine belge, par son papa, et africaine, par sa maman, élève à l’institut du Sacré-Coeur de Vielsalm, Maya n’a pas tardé à gravir les échelons. Et à taper dans l’œil averti de Roger Lespagnard.
Los Angeles dans le viseur
C’est en octobre dernier qu’elle a rejoint le FC Liégeois. "Elle aurait déjà pu le faire un an plus tôt parce qu’elle avait passé un test concluant avec Roger Lespagnard, mais à son âge, on ne voulait pas trop la déboussoler", précise son père.
Son transfert vers la cité ardente ne l’a pas désorientée, loin de là. La prometteuse Ardennaise sait quelle direction elle veut prendre. "Faire carrière dans l’athlétisme, lâche-t-elle sans hésiter. Et je rêve des Jeux, oui. J’aimerais me rendre à ceux de Los Angeles en 2028. Dans quelle discipline ? Je ne sais pas encore. J’aime tout en fait. Je me sens à l’aise dans les sprints, mais j’apprécie aussi les sauts, les lancers, etc. Mais je dois évidemment progresser sur le plan technique pour y éprouver de meilleures sensations."
Et devenir la nouvelle reine de l’heptathlon ?
Les Borlée et Remacle avant elle
Entraîneur à la section manhaydoise du club de Spa, où elle était encore affiliée l’an passé, Gilles Vincent se souvient évidemment des débuts de Maya Wintquin, voilà sept ans environ. "Il lui a fallu un petit temps d’adaptation, comme la plupart des jeunes athlètes, rembobine-t-il. Et elle est tombée une ou deux fois lors de ses premiers cross. Mais dès qu’elle a pris ses marques, elle s’est rapidement mise à performer. C’est vrai qu’on la compare déjà à Thiam et qu’on l’imagine briller sur les épreuves multiples, mais je me demande si elle n’est pas davantage taillée pour le sprint. Elle est moins à l’aise en lancer. Bien sûr, elle pourra progresser techniquement dans ce domaine, mais il y a aussi une partie innée. On verra."
Heureuse section de Manhay en tout cas, qui a déjà pu compter en ses rangs Olivia Borlée ainsi que les jumeaux Kevin et Jonathan, lorsqu’ils résidaient à Champlon. "Et Gauthier Remacle aussi, avant qu’il ne parte jouer au Standard, ajoute Gilles Vincent. Je me demande si, au triple-saut, il ne détient pas encore la meilleure performance belge de tous les temps en cadets (NDLR: la deuxième en fait ; 13,62 m). Je pense quand même que Maya est encore plus prometteuse que tous ceux-là."