Jeunechamps (Virton) : "On a moins de courses à haute intensité que des P1"
À la veille d’un match hyper-important, José Jeunechamps déplore les lacunes de son équipe et justifie du même coup les changements intervenus dans le staff. Virton - Deinze : Samedi, 16 h
Publié le 03-03-2023 à 09h20 - Mis à jour le 03-03-2023 à 17h57
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Les données sont claires: vu son retard au classement, Virton doit tirer un profit maximal des deux matches à domicile qui arrivent (Deinze, puis Standard) pour garder des chances de se sauver. Des rendez-vous aux allures de quitte ou double qui succèdent à un revers à Dender ainsi qu’à une véritable révolution au sein du staff technique dont cinq membres ont été écartés pour faire la place à trois nouveaux venus.
Des changements que José Jeunechamps a tenu à justifier ce vendredi, à quelques heures de la venue de Deinze. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que le Sprimontois n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
"On manque de gaz"
"Le foot, entame-t-il, c’est une question d’intensité. Et dans ce domaine, nous sommes largement à la traîne. On me dit qu’à Dender, en matière de courses à haute intensité (NDLR: au-delà de 20 km/h), Virton a atteint son 3e meilleur score de la saison. Et on devrait être content avec ça ? Sur quoi se base-t-on pour comparer ? Sur les autres matches de l’équipe. Mais Virton ne gagne plus depuis deux ans, cela ne peut pas être une référence. J’ai pu obtenir les chiffres d’autres équipes ou séries, c’est édifiant. Virton à Dender, c’est un peu plus de 300 m de courses à haute intensité, en moyenne par joueur. Le RWDM la semaine dernière, c’est plus de 800 ! En D3 ACFF, c’est 700. Et même les chiffres de P1 liégeoise ou luxembourgeoise sont meilleurs. Vous imaginez ? À Dender, Mabella était à 822 m, Bourdin et Abdallah au-dessus de 400, les autres en dessous. C’est insuffisant. On manque de gaz. Les quelques centimètres qui manquent pour intercepter le centre sur le premier but à Dender, ils sont là. Et l’intensité que tu mets en match, c’est aussi celle que tu mets à l’entraînement. Alors quand vous voyez des chiffres comme ça ou quand vous demandez à obtenir le pourcentage de masse grasse des joueurs et qu’on se moque de vous en vous parlant de 3% (NDLR: alors que la norme minimale conseillée est de l’ordre de 5 à 6%), vous pouvez comprendre que ça pète. Toutes ces lacunes, à un niveau professionnel, me choquent profondément. Croyez bien que ça ne me fait pas plaisir de critiquer des collègues, mais la réalité est là. Un club pro dans une région comme celle-ci, c’est sensationnel. En plus, je vois des employés ici qui travaillent dur, tous les jours: Thiebaud (Delmelle), Arnaud (Gratia), Olivier (Mottet). Et on va mettre en danger leur situation professionnelle (NDLR: si le club redescend) juste parce qu’on n’a pas bien bossé par ailleurs. Ça me met en rogne."
"On a tout ce qu’il faut pour bien travailler, alors ne gâchons pas tout"
Limogé à Seraing fin octobre, le T1 virtonais lance aussi une comparaison avec son précédent club. "Je peux vous dire que là-bas, si le club pouvait économiser 5 €, il le faisait, poursuit-il. Ce n’était pas toujours facile de travailler dans ces conditions. Ici, sans pour autant dépenser sans compter, il y a ce dont on a besoin. Il fallait des renforts au mercato, ils sont arrivés. Plusieurs changements dans le staff à cette époque-ci de la saison, il y a beaucoup de clubs qui auraient hésité. Quelques aménagements au terrain d’entraînement, on les a obtenues. On a tout ce qu’il faut pour bien travailler, alors ne gâchons pas tout."
"Ça ne rouscaille pas une seconde"
Et le T1 de l’Excelsior est convaincu que son groupe veut aussi aller dans ce sens. "Je n’ai pas dit qu’ils ne couraient pas, insiste-t-il. Seulement qu’ils n’étaient pas assez affûtés pour courir vite. Mais c’est un groupe très concerné. Pour l’heure, je peux vous dire qu’ils avalent à l’entraînement pour tenter de combler les lacunes. Et pourtant, ça ne rouscaille pas une seconde."
Mais n’est-il pas trop tard, à moins de dix journées de la fin de saison ? "Je n’ai pas la réponse, répond Jeunechamps. Seul l’avenir nous le dira. Tout ce que je sais, c’est qu’on aborde deux matches. Six sur six et on sera beaucoup mieux. Plus confiant déjà et ça se ressentira sur notre jeu. Trois sur six ou moins et on sera contraint de tenir compte de plus en plus des autres résultats."
"On a le meilleur attaquant de la série pour conserver le ballon, utilisons-le"
Inutile d’ajouter qu’un zéro pointé signifierait la fin des haricots. Pour affronter une équipe de Deinze battue à domicile par Genk il y a une semaine, mais quasiment sauvée vu son avantage de 16 points sur Virton, le coach virtonais espère que le mental et la fraîcheur permettront de compenser les lacunes précitées. "C’est pour ça qu’on travaille très dur en première partie de semaine et qu’on raccourcit les séances à partir du jeudi, indique-t-il. Tout en maintenant de l’intensité. On doit s’améliorer dans le jeu aussi, éviter les erreurs comme celles du début de match à Dender, qui ne feraient qu’enfoncer un peu plus un groupe déjà fragilisé. Le premier but est venu d’une perte de balle au milieu de terrain. On était en possession du ballon, notre jeu était donc ouvert et on n’a pas eu le temps de se replacer. Ce n’est pas une question de défense à cinq ou à quatre. D’ailleurs, deux de nos trois clean-sheets de la saison ont été obtenues avec une défense à cinq. Ce n’est pas une question de système, mais d’efficacité. Et pour éviter des pertes de balle dans notre camp, le meilleur moyen, c’est de jouer plus haut, plus directement. On a le meilleur avant-centre de la série dans l’art de conserver le ballon. Utilisons-le, appuyons-nous sur lui. Je ne dis pas que c’est le foot dont je rêve. Mais quand tu es dernier, tu n’as pas le choix, tu utilises tes principales qualités. Et si par bonheur, on fait 4 ou 6 sur 6, vous verrez que le jeu s’améliorera avec la confiance. En attendant, ne donnons pas de cart ouches à nos adversaires."
VITE DIT
"Kagé parce que je le connais" Renvoyé dans le noyau B en début d’année, Hervé Kagé a été repêché par José Jeunechamps. "Parce qu’il a envie de montrer qu’il n’est pas fini, parce que son expérience est utile, parce qu’il peut-être la clé pour ouvrir une défense, même s’il ne joue que 30 minutes, justifie le coach virtonais. Vous allez me demander pourquoi je n’ai pas repris les autres. Tout simplement parce que je manque de temps. Hervé, je le connais, pas eux."
"Il faut les massacrer" Après Godwin Gagban, le T1 de l’Excel a aussi introduit le jeune Arnauld Billiet dans le noyau A. "Je suis allé voir jouer les U21, dit-il. Il y a deux ou trois éléments très intéressants et qui en veulent. Mais ces jeunes ne peuvent se contenter d’un entraînement par jour s’ils veulent progresser. Il faut les faire bosser plus dur, il faut, façon de parler, les massacrer (sic). Ce n’est pas normal, pour les noyaux A et B, on a un staff de presque dix personnes full-time et on ne leur donne pas deux séances par jour…"